Le phénomène des routes coupées a été le titre d’un article publié sur ces mêmes colonnes, il y a une année de cela, pour attirer l’attention des uns et des autres sur cette pratique considérée par les protestataires, comme l’ultime action à entreprendre pour se faire entendre.
Hélas, la situation s’empire de plus en plus et les citoyens continuent à descendre dans la rue beaucoup plus fréquemment d’ailleurs. Outre, la fermeture des routes, il y a aussi un autre phénomène qui consiste en la fermeture du siège de la mairie.
Pour dénoncer une pénurie d’eau, un manque d’éclairage public, des routes impraticables, en un mot, pour exiger l’amélioration de leur cadre de vie, les citoyens ferment les routes et les sièges des APC.
Ils pénalisent leurs concitoyens automobilistes et autres, certes, mais parviennent à faire déplacer les autorités pour leur exposer pour la énième fois leurs doléances lesquelles ne sont par enchantement, prises au sérieux qu’après cette action.
D’ailleurs, souvent, les frondeurs refusent de dialoguer avec les élus locaux, ils exigent la présence des autorités wilayales. Pourquoi les autorités attendent-elles la fermeture des routes et mairies pour satisfaire les revendications, somme toutes logiques, des citoyens ? Cette manière de faire encourage les uns et les autres à recouvrir à la force pour avoir gain de cause.
D’ailleurs dès lors qu’ils ne sont pas satisfaits dans les meilleurs délais, ils récidivent jusqu’à l’aboutissement de leurs revendications.
La RN12 reliant Béjaïa à Tizi Ouzou, a été maintes fois fermée par les citoyens de Taourirt Ighil de la commune d’Adekar, pour exiger la réhabilitation du chef-lieu. Il en est de même pour la RN9 reliant Béjaïa à Sétif, qui a été fermée par les habitants de Tassift dans la commune de Tichy, pour exiger l’éclairage public et l’aménagement des routes, par ceux de Tadergount dans la commune de Darguiba lesquels avaient tout simplement, demandé une meilleure alimentation en eau potable et plus récemment par les habitants de Laâlam, dans la commune de Tamridjt, qui ne veulent que l’achèvement du projet relatif à l’aménagement d’un chemin intercommunal long de sept kilomètres et dont le tronçon restant à réaliser n’est que d’un kilomètre et demi. La RN 75 reliant Béjaïa à Sétif par Amizour a été bloquée par les citoyens de Merdj Ouamane dans la commune d’Amizour à plusieurs reprises, pour dénoncer la lenteur dans les travaux d’aménagement urbain et demander par la même occasion, le branchement en gaz de ville et l’éclairage public dont les poteaux ont été installés depuis de belle lurette sans qu’ils ne soient opérationnels. Pour pratiquement les mêmes problèmes, les habitants de Tamokra ont assiégé leur mairie comme d’ailleurs ceux du quartier Hemama qui ont fait de même avec le siège de leur mairie de Seddouk ainsi que ceux du village Bekkar de la commune d’Adekar ont fermé le siège de leur mairie. Le siège de la mairie d’Oued Ghir puis plus récemment les bureaux du maire et de son adjoint ont été fermés. Il y a eu beaucoup d’autres actions citoyennes à travers toutes les contrées de la wilaya et, sans aucune exagération, on pourra dire que la région de Béjaïa, de Kherrata à Tazmalt, bouillonne. Il est plus qu’indispensable que les autorités compétentes se penchent plus sérieusement sur ces revendications citoyennes.
A. Gana