Au moment où le cours du fourrage et de l’aliment s’emballent, ceux du bétail s’effondrent. Selon des témoignages corroborés, les cours sont dévissés dans une proportion allant de 10 à 20% en une dizaine de jours. Ainsi, le mouton qui se négociait avant la fête du sacrifice à 25 000 Da, trouve difficilement preneur à 18 000 Da ; une brebis qui valait 20 000 Da, dépasse rarement le seuil des 15 000 Da. Des éleveurs rencontrés au marché à bestiaux de Tazmalt, qui se tient les mercredis et jeudis, sont tombés des nues en constatant qu’ils doivent se résoudre à céder leurs bêtes contre des clopinettes. Mohand, éleveur d’ovins dans la petite commune rurale d’Ath M’Likèche, résume la tourmente qui l’habite par cette sentence sans appel : «Nos espoirs sont passés à la trappe». Possédant un troupeau d’une trentaine de têtes, Mohand s’est vu contraint d’en bazarder la moitié après avoir acquis la certitude que la reprise des cours du marché est illusoire. «J’ai décidé de vendre même à bas prix pour pouvoir au moins rembourser les crédits contractés ces derniers mois auprès des amis, pour faire face aux dépenses des fêtes religieuses et de la rentrée scolaire», nous explique-t-il, le vague à l’âme. Certains éleveurs avouent être confrontés à un douloureux dilemme : se délester de leurs bêtes en faisant fi du niveau des cours ou continuer à les entretenir à prix d’or. Dans les deux cas, le manque à gagner serait incommensurable. «Avec la hausse généralisé des prix de l’orge, du son, de la vesce et de la botte de foin, il faut un miracle pour fructifier son exploitation et rentrer dans ses comptes», analyse un éleveur fraîchement reconverti. «Dans des conditions aussi défavorables, conclut-il, l’éleveur file droit dans le mur.
N. M.