Vallée de la Soummam / La récolte d’olives s’annonce prolifique

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La fin d’ikechachen, une période du calendrier agraire berbère coïncidant avec la dernière décade du mois de novembre, donne le coup d’envoi de la campagne oléicole dans les contrées de la vallée de la Soummam. Jadis, une règle tacitement reconduite, interdisait aux paysans, sous peine d’amende, d’entamer la récolte avant la fin de cette période. Mais l’attachement des paysans à leurs arbres nourriciers était tel qu’il ne venait à l’esprit de personne de transgresser cette loi communautaire. Des oléiculteurs chevronnés nous expliquent que cette pratique ancestrale, aujourd’hui pratiquement délaissée, est fondée sur le fait qu’à l’issue d’ikechachen, l’olivier entre dans la phase de repos végétatif, idéal pour entreprendre les travaux d’élagage. L’arbre se prête alors sans coup férir à la délicate opération du gaulage, et la traite des rameaux fructifères devient plus facile. Arrivées à maturité les baies donnent la pleine mesure de leur rendement. On en extrait une huile jaune ambrée de meilleure qualité gustative. La campagne de cette année s’annonce sous de bons auspices, et on table d’ores et déjà sur des quantités substantielles de ce nectar des dieux qui promet d’accommoder toutes les sauces. Les retombées positives des épisodes pluvieux de ces deux derniers mois sont tout de même tangibles : fructification exubérante et baies gorgées d’oléagineux. Par ailleurs, de nombreux exploitants notent avec soulagement le faible impact des principales maladies affectant l’olivier. Les fruits ne sont, en effet, que modérément infestés par le dacus (mouche de l’olivier) et la teigne, deux parasites qui se développent en dévorant la chaire des baies, tirant vers le bas le rendement. «Il y a aussi le phénomène d’alternance qui veut qu’à une période de disette se succède une période d’opulence, l’olivaison de l’année dernière étant à ranger aux oubliettes», fait remarquer un oléiculteur de Tazmalt, une région qui concentre à elle seule près du tiers du parc oléicole de la wilaya. Réputée pour son huile de bonne qualité gustative, la variété achemlal est de loin la plus répandue dans la vallée de la Soummam. Les oliveraies sont souvent accompagnées d’un ou deux spécimens d’azeradj, une variété fertilisatrice. Cette dernière, caractérisée par la grosseur de ses fruits et une forte teneur en huile, colonise à profusion les bassins versants de la rive droite de la Soummam (Seddouk, Bouhamza, Amalou…). Dans la haute vallée de la Soummam comme Ouzellaguen, Akbou et jusqu’à Tazmalt, on rencontre une autre variété appelée ayemel, une olive ronde d’un noir de jais. Une autre variété dénommée lemli, de maturité précoce, se répand sur une large bande comprise entre Sidi Aïch et Bgayet. La récolte dans ces régions est, par conséquent, entamée avec plusieurs semaines d’avance sur les autres contrées de la vallée de la Soummam. L’on se prépare donc à engranger de grosses quantités d’huile dont le prix du litre, parfois frelaté a largement dépassé le seuil des 400 DA. Cependant, l’avenir de l’oléiculture reste incertain, de l’avis de certains exploitants bien ferrés sur cette filière. De nombreux vergers sont voués à l’abandon et subissent régulièrement les coups tordus des faux exploitants, qui n’ont de relation avec l’arbre que le temps de l’olivaison. Par ailleurs, peu de compétences s’investissent dans un domaine où même le savoir-faire ancestral est voué aux oubliettes. Issu du greffage d’oléastres (azeboudj), les vergers oléicoles, qui sont dans leur écrasante majorité un patrimoine légué par les ancêtres, sont touchés par le vieillissement. Les efforts de réhabilitation et de relance consentis dans le cadre du plan national de développement agricole (PNDA) n’ont pas atteint tous les objectifs escomptés.

N. M.

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