Les étudiants décident d’une marche pour aujourd’hui

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Après avoir entamé une grève ouverte depuis le mercredi, les étudiants de l’université Abderrahmane Mira de Béjaïa, ont décidé de durcir le ton à partir d’aujourd’hui, en organisant une marche à partir du campus d’Aboudaou jusqu’ à Targa Ouzemour où ils observeront un sit-in devant le rectorat jusqu’à la satisfaction de la plateforme de revendications élaborée par leur comité pédagogique.

Si celle-ci englobe une multitude de demandes, il faut admettre, comme le dira un étudiant, que les conditions d’accès au master sont à l’origine du déclenchement de ce mouvement. Il rajoutera que c’est tout simplement l’expression de la colère des étudiants par rapport à ce qui se passe au niveau des universités algériennes en général et de celle de Béjaïa en particulier.

Toutefois, dans leur déclaration, les membres du comité pédagogique, élus par les étudiants, relèvent le disfonctionnement du système LMD et ses contradictions et dénoncent la limitation de l’accès au Master, la gestion autocratique de l’université où l’étudiant est devenu spectateur marginalisé des reformes, engageant son devenir et celui de l’université. En outre, ils considèrent que la généralisation du système LMD engendre la mise à mort du système classique, soit l’arrêt net du cursus universitaire sans passerelle au nouveau système, imposant une spécialisation précoce.

Ils concluent que c’est un constat d’échec pour cette nouvelle réforme, du moment que l’administration, incapable de répondre aux besoins et attentes des étudiants, refuse d’appliquer les règles de progression dans les cursus prétextant le manque de places pédagogiques. Entre autres revendications, les étudiants mettent en exergue le manque de manuels, l’utilisation des locaux de l’université pour des cours privés, alors que paradoxalement les moyens de celle-ci ne sont pas mis à la disposition des étudiants pour un accompagnement efficace dans leurs études.

Enfin, comme dira Mahmoud, membre du comité pédagogique, le recteur refuse tout dialogue avec les représentants des étudiants alors que ces derniers sont prêts à revoir leur plateforme dans le cas d’une argumentation avérée pour certains points. Il dira en outre que la grève restera reconductible par décision de l’Assemblée générale des étudiants. En intervenant sur les ondes de la Radio locale, le vice-recteur chargé de la pédagogie de l’université de Béjaïa, rappellera que le magister n’est pas annulé mais plutôt gelé partiellement pour la présente année universitaire pour faire une sorte de bilan et qu’il n y a jamais eu de système de quotas. Par ailleurs, il dira que le Master est un diplôme obtenu après deux années d’études appelées M1 et M2 contrairement à ce que pensent beaucoup d’étudiants qui continuent à parler de Master1 et Master2 comme de deux diplômes distincts. L’orateur rajoutera que l’année scolaire est compromise et que cette entrave à la bonne marche d’une institution étatique est sanctionnée par la réglementation, tout en laissant entendre que les responsables de l’administration universitaire restent disposés à tout dialogue sur des questions relevant des prérogatives de l’administration universitaire. Les étudiants, en initiant ce mouvement de protestation, se disent las de l’accumulation des injustices à l’université de Béjaïa et demandent en urgence, l’inscription du Master sans critères ni conditions à tous les licenciés ainsi que la réhabilitation des droits légitimes des étudiants ajournés injustement sans omettre de rappeler les problèmes vécus au niveau des différentes facultés, à l’instar de celle de médecine où l’absence d’un CHU et le manque de laboratoires et d’encadrement perturbent grandement les études de ces futurs médecins de la nation, sans oublier le retard dans les délibérations dans les différents départements ainsi que la lenteur dans le démarrage de l’année universitaire. C’est devenu pratiquement une tradition que de voir la protesta gagner les universités algériennes en général et celles de Kabylie en particulier et la présente année universitaire ne déroge, apparemment, pas à la règle. La grogne estudiantine fait désormais partie des différents modules du cursus universitaire.

A. Gana

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