La Kabylie est sans aucun doute la région du pays qui célèbre le mieux l’Achoura. Et quand bien même la fête est légitimée par un fond religieux, il n’en demeure pas moins qu’elle est plutôt caractérisée par, pour ainsi dire, sa dimension laïque et culturelle. Pour preuve, elles sont rares les personnes au fait de l’aspect historico religieux de la fête.
En fait, l’Achoura est vaguement perçue comme étant un laps de temps du calendrier musulman où d’aucuns parmi les nantis sont invités par les préceptes islamiques à faire don du “un dixième” de leur capital.
Du point de vue historique, les juifs seraient les premiers à fêter l’Achoura pour commémorer ainsi la sortie d’Egypte des Hébreux sous la conduite de Moïse. Cet anniversaire, que les Juifs célèbrent en observant un journée de jeûne, est appelé Yom Kippour. Et selon la version la plus répandue, le prophète Mohamed (QSSL) avait estimé être plus en droit de jeûner ce jour-là. Depuis, l’évènement est devenu l’occasion de deux jours de jeûne purificateurs dans le monde musulman.
Par ailleurs, les chiites associent à cet anniversaire, la commémoration du massacre de l’Imam Hossein et de 72 membres de sa famille et partisans par le Califat Omeyyade. C’est d’ailleurs, ce qui explique la célébration plutôt sinistre chez les chiites de l’Iran et de l’Irak puisque le deuil se poursuit pendant 40 jours à compter du jour de l’Achoura.
En Kabylie, on ne retient que l’aspect festin qui fait asseoir autour de la même table, l’ensemble des fragments de la société. Ce partage est rendu possible grâce au concept “Timechrit et Waâda” hérité des temps lointains. Ce rendez-vous convivial ne se limite pas seulement à offrir un grand couscous à tous : En parallèle, des activités culturelles sont assurées par le comité organisateur. C’est d’ailleurs le cas à Takerboust, le plus grand village de Kabylie, où les jeunes organisateurs de l’Achoura ont, entre autres, prévu dans leur programme une manifestation sportive, une exposition thématique et une soirée cinéma.
On est loin, et c’est le moins que l’en puisse dire, des “autoflagellations chiites”.
Cela étant, des croyances parmi nos grand-mères persistent encore : Pour elles, il n’est pas conseillé d’effectuer quelques travaux tel que coudre pendant l’Achoura.
Des croyances qui trouveraient leurs origines dans le judaïsme qui est passé par là avant l’islam.
Salas O. A.
