Site icon La Dépêche de Kabylie

“Le problème des hommes est plus épineux que celui du développement”

Continuant son programme de visites aux provinces de la wilaya de Béjaïa, le nouveau wali, Hamou Ahmed Touhami, a effectué une visite de travail dans la commune de Chemini. Après des haltes à Akfadou, Tibane et Souk Oufella, l’hôte d’Ath Weghlis est arrivé dans l’après-midi, de mardi, au chef-lieu de la daÏra, accompagné de monsieur Toutou, vice-président de l’APW, Salah Derradji, sénateur, Zerouati, élu à l’APN et enfin du chef de la daïra.

A peine arrivée, la délégation a effectué une virée vers la bibliothèque communale dont les travaux peinent à s’achever avant de bifurquer vers la cité du stade pour voir de près l’évolution de la construction des logements sociaux. Ensuite, le wali a présidé une réunion très attendue avec les élus de la commune, les représentants de l’ONEC, les cadres des établissements scolaires et les représentants de la société civile, à savoir les comités de villages venus en masse pour “crier leur ras-le-bol de la misère qu’endure la région”.

Après un chaleureux “Azul fellawen», Hamou Ahmed Touhami s’est montré d’emblée compréhensif de la grande attente des citoyens de la région. “Certes, dit-il, les problèmes sont nombreux et le constat est amer, c’est toute la wilaya qui accuse un énorme retard en matière de développement. Nous sommes à l’an un, du programme quinquennal, et nous allons continuer par ordre de priorité”.

Puis, devant une assistance nombreuse, il a tenu le serment “d’alimenter toute la région de Chemini par le gaz naturel pendant les quatre ans à venir», sans omettre de braquer un regard digne d’intérêt envers les secteurs de la santé du sport, de l’habitat rural et de la culture. “J’agirais par ordre de priorité mais sans esprit sectaire !», somme-t-il en appelant, tout de go, les élus de la commune de Chemini, dont il savait bel et bien que l’APC est bloquée, à travailler dans la lucidité en dépassant leurs petits calculs partisans.

Tout en dressant un triste tableau de la situation de la région, il annonce : “Je n’ai pas de baguette magique, mais l’APC doit retrouver sa vocation, travailler harmonieusement, qui est une condition sine qua non pour mettre en branle le programme de développement, aussi, j’attends beaucoup du mouvement associatif, qui peut se révéler une courroie de transmission des idées et de la volonté dont les retombées ne seront que bénéfiques pour la société”.

Jaloux du bien-être de leur région, de nombreux intervenants ont pris ensuite la parole souvent avec ardeur et dans un esprit empreint de lucidité. Monsieur Bensalama, ancien maire, relève que le problème de Chemini n’est pas dû aux élus et appelle “au respect des lois de la République dans le fonctionnement de l’APC et la transparence dans la gestion des projets”. Monsieur Mokhbi, élu à l’APC, suggère la dotation de la commune d’une enveloppe PCD à la mesure de ses besoins quant à monsieur Ouddak, autre élu, il propose un découpage de la commune en trois districts dont chacun bénéficierait d’une enveloppe PCD conséquente. Le président de la JS Chemini, Menadi Meziane, crie au mépris venant de l’APC et de l’APW, dans le traitement des problèmes de transport de la section karaté qui s’est distinguée récemment, lors du championnat d’Algérie en raflant plusieurs médailles par des athlètes qui n’ont même pas de tatami ! D’autres représentants de la société civile ont abondé dans le même sens pour dénoncer certains manques tels que une route, de l’eau potable, du transport scolaire, des glissements de terrain, de la situation des handicapés et de l’habitat rural. Arrivé le tour du représentant de Sidi Hadj Hassiène, celui-ci crie au scandale: “Monsieur le wali, dans notre commune, il y a des villages qui ont la cote et d’autres qui restent des laisser-pour-compte, mis au banc par les autorités locales».

Le temps passant vite, les dossiers de doléances s’empilent sur la table du wali, qui dans un sursaut de lucidité avoue que “les problèmes des hommes est plus épineux que les problèmes du développement», faisant allusion aux déchirements, qui pourrissent les relations entre élus eux-mêmes puis entre élus et la population auxquels il a lancé des appels à la raison et à dépasser leurs calculs mesquins.

Tard dans la soirée, la délégation a été conviée à un dîner plantureux. Hamou Ahmed Touhami, affable et ouvert, a laissé une note d’espoir pour la population en assurant que son mandat sera consacré uniquement au développement de la wilaya.

T. D.

Quitter la version mobile