D’importantes chutes de neige ont été enregistrées durant les deux derniers jours en Kabylie. Annonçant un hiver très froid, la neige a surpris plus d’un.
Plusieurs citoyens ne s’y attendaient pas. Un froid glacial s’est installé depuis mercredi dernier à Tizi Ouzou où on a frôlé le zéro degré.
Des routes coupées à la circulation, plusieurs régions restées sans électricité durant de longues heures, la poudreuse n’a pas fait que des heureux parmi les citoyens.
Certains qui ne s’y attendaient pas, et n’ont pas pris leurs précautions sont restés, trois jours durant, en panne de gaz ou d’autres commodités.
A Aït Abdelmoumène, Beni Douala, Aïn El Hammam et bien d’autres localités de la Kabylie, un sentiment mitigé de joie et d’appréhension a été ressenti par la population locale.
Une seule satisfaction, le réseau de téléphonie mobile a été rétabli à la mi-journée, une délivrance ! C’est dire que c’est un week-end très rude qu’a eu à vivre la région. Source de bonheur et de beauté les premiers flocons sont tombées mercredi.
La blancheur de la neige qui a couvert les monts du Djurdjura ce week-end a apporté de la joie, de la beauté et au bout, un émerveillement à tous les amoureux de la nature, qui ont pu d’ailleurs, apprécier les formidables monts habillés de leur manteau blanc.
Les monts du Djurdjura attendaient avec impatience le levée du soleil d’hier, pour s’enorgueillir et se vanter tels des enfants heureux de mettre leurs vêtements neufs, le jour de l’Aïd.
La neige leur donnent un éclat extraordinaire et majestueux. En bas, les citoyens s’affairent déjà au déneigement. Hier encore, la circulation était toujours âpre.
Le verglas complique davantage la situation. Dans la région des Ouadhias, située au pied du Djurdjura, il était pratiquement difficile de prendre le chemin vers Tizi Ouzou. Même si les routes ont été dégagées, les citoyens appréhendaient le déplacement.
« Je ne peux pas me risquer dans de telles conditions, le verglas est partout et on risque facilement de déraper. On ne peut pas contrôler complètement son véhicule. Je préfère attendre encore une journée pour rejoindre la capitale, mon lieu de travail », nous confie Kamel, un banquier, qui exerce à Alger.
Il était presque onze heures, mercredi, lorsque les premiers flocons de neige commencent à apparaître dans la région.
Sur la route menant de Tizi Ouzou à Beni Douala, sur le CW 128, la neige rendait déjà la circulation presque impossible.
Les fourgons de transport de voyageurs peinaient à assurer la desserte, des citoyens attendaient dans un froid glacial. Sur la route qui monte vers les Ath Douala, on a pu apprécier la beauté d’une Kabylie, qui retrouve sa beauté sous la neige.
Les saletés et autres gâchis écologiques venus se greffer sur les reliefs de la région ont disparu soudainement à la faveur de la blancheur de la neige.
Sur ce chemin qui a vu naître et grandir d’immenses personnalités à la grandeur de Matoub ou Feraoun, la Kabylie s’exprime, se dévoile dans ses magnifiques tableaux pittoresques.
En face, admirer la région de Larbaâ Nath Irathen sous la neige est un pur régal. Du centre-ville des Ath Douala, la nature est non moins généreuse en beauté.
Observer, les flocons de neige se poser doucement telle une symphonie pastorale sur tous les villages de la région provoque un sentiment de joie chez tous les nostalgiques de la vieille Kabylie.
Mercredi dernier, au moment où des citoyens s’attelaient à assurer le « ravitaillement » comme on dit ici, de peur de se retrouver coincés durant les jours de blocage, qui allaient suivre, d’autres jubilaient, marquant une halte juste devant la poste du centre-ville, pour regarder en face cette blancheur, les oliviers recouverts de neige, et donner libre cours à leurs souvenirs, les plus beaux.
« Je ne peux pas m’empêcher de retrouver mes souvenirs d’enfance. Je revois mes parents s’affairer à préparer à manger, à allumer le feu au kanoun, c’était le temps où les enfants se contentaient du peu. Les temps ont changé », lâche Ami Ahmed, un vieillard, assis qui s’est paré à l’occasion, d’un burnous blanc.
Les traditions retrouvées dans la …difficulté !
Plus de dix kilomètres du centre-ville de Beni Douala, le village Aït Abdelmoumène, le plus peuplé des villages de Tizi N’tleta, administrativement dépendant de la daïra des Ouadhias, vit lui aussi au rythme des premières neiges. Il est presque dix-sept heures et le village est déjà recouvert entièrement. Sur les étals des commerces, c’est la ruée.
Les citoyens ont gardé un mauvais souvenir de l’hiver d’il y a quatre ans, qui a isolé toute la Kabylie, quinze jours durant. Ici comme partout ailleurs, si la neige est un grand moment de plaisir et de joie, pour les petits bambins, pour les adultes place aux emplettes. On achète pratiquement tout, le blocage hante les esprits.
« Il ne faut surtout pas omettre de s’approvisionner en bougies car l’électricité risque de sauter à n’importe quel moment, les lignes sont fragiles, dans de telles conditions, on craint vraiment le pire.
Les cafés des villages, des lieux mythiques dans le quotidien de la Kabylie, grouillaient de monde. Les jeunes se sont entassés dans ces locaux, s’adonnant au traditionnel proposé domino entre autres.
Dehors, il fait un froid de canard. Ce n’est qu’aux environs de vingt heures que les cafés se vident, les citoyens rejoignent par groupes, leurs foyers.
Les burnous refont surface et la vie à Aït Abdelmoumène retrouve son cachet ancien, traditionnel.
L’odeur du couscous traditionnel se répand à travers les quatre coins du village, les premières chutes de neige ont coïncidé avec la fête de l’Achoura. Les gens s’y sont donc préparés à garnir leurs tables.
« L’avènement du froid nous permet de retrouver l’originalité de nos plats. Berkoukes, Tighrifine et autres refont surface et pour nous, les anciens, c’est un réel plaisir. On retrouve notre jeunesse », a fait remarquer un sexagénaire.
A Aït El Hadj Ali, un village voisin des Ath Abdelmoumène, l’avènement de la neige est synonyme de tracas et beaucoup plus de contraintes par rapport aux régions limitrophes. Ici comme à Aït Argane, Illiliten ou d’autres villages dépourvus de commodités comme le gaz, la vie devient un vrai défi, dans des conditions climatiques dures.
L’absence de commerces complique aussi la tâche aux habitants de ce paisible village.
Ces derniers sont contraints de s’approvisionner à partir du chef-lieu communal distant de quelques kilomètres.
Si certains ont fermé les yeux ce mercredi avec la satisfaction de voir venir la neige, d’autres appréhendaient le lendemain et priaient pour que cela ne dure pas longtemps.
Le réseau téléphonique rétabli, l’électricité s’en va et des routes coupées !
Jeudi dernier, tous se précipitaient devant leurs portes dès le réveil pour satisfaire leur curiosité ; celle de voir l’épaisseur de la neige. Il a beaucoup neigé et les routes sont déjà bloquées.
A travers les quatre coins de la wilaya de Tizi Ouzou, on annonce des routes inaccessibles. Une quinzaine en tout. Le col de Tirourda est resté bloqué pratiquement durant deux jours.
Hier encore à la mi-journée, ce passage important reliant Tizi à Béjaïa est resté bloqué à la circulation.
Tizi N’koulal, Yakouren, Zekri, Aït Argan sur les hauteurs d’Agouni Gueghrane, Tigzirt, Aïn El Hammam.
Contacté par nos soins, les services de la Protection civile à Tizi Ouzou nous font savoir que seul le col de Tirourda est resté bloqué. Nos sources nous ont indiqué par contre que le chemin de wilaya reliant Tigzirt et Yakouren à la ville de Tizi Ouzou sont restés inaccessibles.
Le bilan officiel rendu public par la Gendarmerie nationale fait justement état de la fermeture de plusieurs tronçons routiers à la circulation.
Les RN presque totalement bloquées
Il s’agit notamment, de la RN 30 reliant la ville de Tizi Ouzou à celle de Bouira, à Tizi N’koulal, la RN 15 reliant Tizi Ouzou à Bouira, au col de Tirourda à Iferhounène, et la RN 12 reliant la ville de Tizi Ouzou à celle de Béjaïa, à hauteur du village Tagma près de Zekri.
C’est le cas de le dire pour la RN 33 reliant la RN 30 et la ville de Bouira au lieudit Azrou Egedone, commune d’Aït Boumahdi.
La circulation est également, coupée au niveau du CW 10 reliant le CW 150 et la commune d’Aït Yahia, à hauteur du village Taka à Aït Yahia. Le CW 251 d’Abi Youcef et Illiliten, au col de Chellata et le CW 253, reliant la ville de Bouzguène à celle d’Ifigha.
Au niveau du CW 9, reliant la ville d’Illoula Oumalou à celle de Chellata (Béjaïa), à hauteur du village Amzegane (commune d’Illoula Oumalou), le CW reliant la RN 12 à la commune de Zekri à la sortie ouest de la commune de Zekri, et le CW 150, reliant la ville de Mekla à celle d’Aïn El-Hammam.
A Tizi N’tleta, la route reliant Aït Abdelmoumène à Beni Douala est restée bloquée jusqu’à neuf heures du matin. Un engin de l’APC et un chasse-neige ont rouvert la route.
Le maire de la localité nous dira à ce propos : “Nous avons ouvert les routes principales uniquement car nos moyens ne nous permettaient pas d’aller au-delà. La caisse de l’APC ne peut pas dégager des chemins vicinaux. Nous espérons la dotation de la commune d’un engin chasse-neige », nous dit M. Souam Hocine, maire de Tizi N’Tleta.
Le village Aït Abdelmoumène a été également, privée d’électricité.
« Nous sommes intervenus avec les services de la Sonelgaz en fin de journée du jeudi, pour permettre à la population de bénéficier de l’électricité. Ils ont isolé la phase en panne pour permettre aux autres de fonctionner normalement », ajoute M. Souam.
Le réseau de telephonie mobile a été par ailleurs, rétabli dans la wilaya de Tizi Ouzou. C’est aux environs de 11h30 de la journée du jeudi dernier que le réseau à fonctionner de nouveau à la grande joie des citoyens.
Coupés depuis le neuf décembre dernier, pour les besoins d’une opération militaire lancée à Sidi Ali Bounab, le réseau a de nouveau été rétabli cette fois durant toute la journée.
Un rétablissement qui se justifie par la volonté de permettre une bonne coordination de l’opération d’aide et de secours aux régions enclavées par la neige.
D’autres sources évoquent, dans ce sens, la fin des opérations à Sidi Ali Bounab même si aucun bilan n’a été donné. Hier, les conditions météorologiques se sont largement améliorées.
Les rayons du soleil qui caressaient les couches blanchâtres de neige offraient un pur régal aux yeux.
Le Djurdjura souriait, jubilait et affichait fièrement sa beauté tel un burnous blanc arboré un jour de fête, de quoi jalouser tous ceux, parmi ses amoureux et fans, qui n’ont pas pu s’offrir ce moment de joie, celui de l’admirer dans son état naturel …pittoresque !
Omar Zeghni
