Chaque année, on évoque dans les différents organes de la presse la biographie de Mohand Iguerbouchene où l’on met souvent en valeur avec une note de fanfaronnade les exploitsetles prouesses de ce grand musicien qui aurait versé dans la musique symphonique classique et bien d’autres styles d’ouvrages.
Loin de vouloir diminuer de la compétence, ni de la valeur de cet artiste grandiose, j’estime au contraire temps d’aplanir les choses en les rendant plus abordables. Car honorer chaque année la mémoire d’un homme aussi méritoire en évoquant juste sa vie et son parcours ne suffit pas de nos jours à le faire connaître aux algériens et aux passionnés de musique et de l’art. Cette façon de faire semble confiner ce personnage qui mérite mieux, dans un mythe car en réalité sa musique et ses œuvres sont inconnues du public, voire introuvables, sinon …inexistantes. Conclusion, on est en droit de se poser les questions suivantes : où peut-on trouver et écouter les musiques de Mohand Iguerbouchene ? Kabylia symphonie composée vers les années 1945 pour ne citer que celle-ci est- elle disponible ? A-t-on jusqu’ici répertorié et archivé chez nous toutes ses œuvres ? Connaît-on si des artistes européens et étrangers n’ont pas eu recours à des plagiats de ses morceaux musicaux ??? Les services et organismes compétents algériens, le ministère de la culture, les musées etc., ont-ils cherché à rapatrier de l’Angleterre et des autres capitales européennes où a séjourné notre virtuose musicien, tous ses ouvrages et travaux ? Les réponses à toutes ses questions doivent certainement attendre, comme d’ailleurs beaucoup d’autres choses vitales au progrès de notre pays et son histoire, une autre génération de responsables, plus enclins à sauver l’héritage culturel algérien qui ne représente pour certains qu’une utopie ou une sorte de marchandise virtuelle inégalable devant l’importation de chinoiserie. Gardons tout de même espoir de pouvoir trouver un jour des classiques chez nos disquaires d’Igor Bouchen, surnom attribué par des auditeurs anglais admiratifs devant sa 3e rapsodie mauresque et qui voulaient bien croire que c’était un russe !
Graïne Abdelhalim
