»Nous n’avons fait que réparer une injustice »

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Le président de la République a annoncé aussi des mesures de grâce pour 72 femmes détenues avec la précision que celles versées dans le terrorisme ne sont pas concernées.Nulle autre occasion que celle de la fête des femmes ne peut être offerte au président de la République pour annoncer de nouvelles mesures au profit des femmes et de l’enfance. Et pour cause, après les amendements apportés sur le code de la famille, Abdelaziz Bouteflika a annoncé dans un discours prononcé avant-hier soir à l’hôtel El Aurassi, quatre mesures relatives à la promotion de la femme et de l’enfant.La première mesure concerne la mise en place d’un Conseil national de la femme, déjà annoncé par un décret Exécutif promulgué en 1997. En plus de cela, le chef de l’Etat a annoncé un projet de loi, actuellement à l’étude au niveau du gouvernement, portant sur la protection de l’enfance. Le protocole additionnel relatif aux droits des femmes, déjà signé par notre pays en juillet 2003 à Maputo, va également être ratifié par notre pays. Le président de la République a annoncé aussi des mesures de grâce pour 72 femmes détenues avec la précision que celles versées dans le terrorisme ne sont pas concernées.Cela pour le côté pratique, quant au discours lui-même, et comme attendu, le Président a précisé les mobiles de son choix pour les amendements apportés au code de la famille. En plus de sa perception de la condition de la femme dans notre pays et dans le monde.

“Ma seule inspiration est la société algérienne”Le chef de l’Etat a donc choisi le 8-Mars pour répondre à ceux qui ont fait le lien entre les derniers amendements portés sur le code de la famille et les mesures prises par le roi du Maroc pour ce qui est appelé la Moudawana, c’est-à-dire la loi du statut personnel marocain et la loi tunisienne relative au même sujet.  » J’aurais pu m’inspirer de tel ou tel autre et vous comprenez bien de qui je parle. Mais je ne l’ai pas fait parce que ma seule référence est la société algérienne « , a dit en substance le président de la République qui pense que l’Etat ne peut faire mieux que le texte qui sera proposé aux députés pendant la session de printemps du Parlement.A Zohra Drif-Bitat, qui a demandé des quotas pour les femmes dans le gouvernement, Abdelaziz Bouteflika a répliqué que cela ne peut pas être possible.  » Je ne peux pas décréter cela. Si vous voulez acceder à des postes de responsabilité, vous n’avez qu’à emprunter le chemin des élections. La politique est une vocation qu’on n’apprend pas à l’école et je crois qu’il n’y a pas beaucoup de femme dans notre pays qui exercent ce métier « , a-t-il dit à ce sujet avant de déclarer que, pour lui, la seule distinction qu’il peut reconnaître est celle de  » la compétence « . C’est d’ailleurs à ce sujet qu’il dira que la femme algérienne a prouvé ses compétences, particulièrement dans beaucoup de domaines.  » L’Algérie est une maison qui s’appuie sur deux piliers : l’homme et la femme « , a-t-il ajouté. Comme il fallait s’y attendre, la réconciliation nationale n’est pas absente du discours de Bouteflika. Mais à la différence que cette fois-ci, circonstance oblige, cette notion est basée sur l’égalité entre les deux sexes.  » On ne peut pas arriver à une véritable réconciliation si celle-là ne commence pas par la cellule familiale « , a-t-il expliqué.Le président de la République n’a pas oublié, bien entendu de rappeler le sacrifice des femmes algériennes, d’abord durant le combat pour l’indépendance, et ensuite durant la période du terrorisme.  » Des centaines de femmes ont donné leur vie pour que ce pays reste debout et pour que triomphe de la République « , a dit le chef de l’Etat avant de nuancer qu’il ne faut pas rester agrippé au passé, mais il faut  » aller de l’avant pour la construction du pays. Il faut plutôt se mobiliser, hommes et femmes, pour rattraper le temps perdu « . Revenant à la charge sur les amendements apportés sur le code de la famille, Abdelaziz Bouteflika, tout en remerciant les membres de la commission qui a élaboré le document, a expliqué que le temps pris pour la finalisation de la loi est justifié par la complexité du dossier qui a nécessité l’implication de “plusieurs spécialistes en droit, des théologiens, des sociologues et des pédagogues”. “Nous avons voulu, à travers l’élaboration du code de la famille et de la nationalité, réparer les injustices exercées jusqu’ici contre les femmes (…) que nous considérons en Algérie uniquement comme personne humaine « , a encore ajouté le Président qui a tenu à rappeler que cette décision fait partie de son programme électoral lors des présidentielles d’avril 2004. Et pour mieux défendre son projet, le premier magistrat du pays a avoué que l’ancienne loi à causé d’énormes préjudices à la femme qui  » est jetée à la rue, sans toit, ce qui a poussé à des déviations et la prolifération de fléaux sociaux « .

Ali Boukhlef

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