Poésie, amour et magie

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Le poète a offert un concert troublant par des qualités mélodieuses, mais surtout par l’émotion. Sur scène, des compositions prennent une ampleur énergique et touchante. C’est un événement rare et une occasion unique que d’écouter les chansons qu’on croyait perdues.

Lounis Aït Menguellet, l’un des artistes poètes les plus populaires de la chanson kabyle contemporaine, ne fait pas dans la demi-mesure. Il a donné un concert grandiose, jeudi en soirée, à la salle Atlas, à Bab El Oued, à l’initiative de l’Office national de la culture et de l’information (ONCI). Une ambiance de rêve où le public est entré en transe. Deux heures durant avec un léger entracte, Lounis Aït Menguellet en compagnie de son orchestre composé de cinq musiciens, dont ses deux fils, Djaffar à la flûte et Tarik à l’harmonica, s’est produit dans une salle archicomble, pleine comme un œuf. Près d’une vingtaine de titres anciens et nouveaux puisés, dans le répertoire de l’artiste ont été repris en cette soirée, à l’exemple d’Ayitij hader atseghlidh, Aylam, JSK, Amedyaz, Acimi, Asendu, Almusiw et K’etchini rouh nek ad qimey… et beaucoup d’autres chansons, qui n’ont pas pu retenir le spectateur sur son siège. Hommes et femmes et même des enfants s’adonnent à la danse, d’une manière décontractée et sans retenue.

Ils ne quittent la piste sous aucun prétexte, donnant libre cours à leur spontanéité. Après chaque morceau interprété cet enfant du village Ighil Bouammas, a cette capacité d’enchaîner titre sur titre sans s’arrêter. Ce qui plaît encore plus au public. Plus d’une heure de bonheur. La communion du chantre avec son public, qui connaissait le répertoire, était complète.

Le poète a offert un concert troublant par des qualités mélodieuses, mais surtout par l’émotion. Sur scène, des compositions prennent une ampleur énergique et touchante.

C’est un événement rare et une occasion unique que d’écouter les chansons qu’on croyait perdues.

L’ambiance était indescriptible. Le public était aux nues. Le nirvana est atteint lorsque le ciseleur des mots interprète le fameux titre JSK.

La salle s’enflamme de mille et un feux. Le public, de sept à soixante-dix-sept ans est en transe. On danse par ci et on chante par là.

L’odyssée suit le rythme d’une valse à trois tons : poésie, amour et magie s’emparent de la salle mythique de Bab El Oued.

Au bout d’un moment, Lounis fait une halte. “Ces chansons me renvoient trente ans en arrière. Peut-être que parmi vous se trouvent ceux ou celles, qui ont fait ce parcours avec moi», dit le démiurge à ses fans. Ses propos éveillent le souvenir de (Trois jours dans ma vie), cette chanson que le chanteur souffle et que le public reprend à l’unanimité.

Le voyage reprend. Au bout d’un chemin nostalgique, le poète rencontre le fou qui lui suggère de (laisser couler l’eau), pour atténuer son inquiétude. Le propos du fou libère les présents de la hantise du passé de la crainte du futur et de la peur de la mort. Pour cela ; il les invite à vivre la vérité de l’instant présent…jusqu’au bout. Le dialogue entre les deux subjugue le public. Leurs propos se répandent comme des astres lumineux dans le ciel. L’horloge du temps tinte…Il est 22 heures 15 minutes. L’odyssée nocturne prend fin. Dehors, une légère pluie donne à ce quartier populaire une atmosphère de quiétude et de sérénité. Les riverains, commentant la déconvenue du MC Alger face au club tunisien du Club Africain étaient loin de se douter qu’un ange était passé par là.

Ferhat Zafane

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