S’il y a une commune où aucun foyer n’est encore alimenté en gaz naturel sur le territoire de la wilaya de Tizi-Ouzou, c’est bien celle d’Aït Yahia Moussa.
Même si on parle d’un projet de soixante-quatre kilomètres, concrètement, cela reste au stade des études. Cela veut dire que les poêles à bois ou encore à mazout ont encore de beaux jours devant eux. Dans cette région dominée par un massif forestier très dense, les citoyens recourent tous au chauffage avec du bois. Si certains se donnent beaucoup de peine pour s’en approvisionner en le cherchant eux- mêmes dans les maquis, d’autres en font leur activité lucrative. «Ils s’attaquent à tout. Ils ne laissent rien sur leur passage. Ils n’ont cure ni de l’environnement, ni de la faune ou de la flore. Leur seul intérêt est de gagner de l’argent», nous a confié un membre d’un comité de village, préférant garder l’anonymat. Et d’ajouter : «Ce sont des criminels». Effectivement, de grandes surfaces ont été déboisées ces dernières années par ces «braconniers», s’il convient de les désigner ainsi. Des groupes de personnes se partagent la forêt non seulement pour chercher du bois mort, mais aussi pour couper des arbres entiers. «Une benne est vendue à plus de cinq mille dinars. En plus, ils vendent des pieds droits pour les constructeurs», ajoute-t-on. Même si les services des forêts font des sorties inopinées sur le terrain, ils ne trouvent personne sur place. Si des citoyens ont défriché des pans entiers de terres forestières, en vue de greffer les oléastres des oliviers sauvages, soit disant, pour exploiter à bon escient cette ressource, cela ne veut pas dire qu’ils ont la jouissance sur tout, même sur le bois. En tout cas, devant la cherté du mazout et du gaz butane, les habitants des villages de la commune recourent à ce combustible, sans remords sur cette déforestation sauvage. Au rythme où va cette dernière et au rythme, en plus des dégâts causés par les incendies, ces ressources forestières indispensables à toute vie, risquent de disparaître dans quelques années. Ni le prétexte des uns ni le raisonnement des autres ne peuvent prendre le dessus sur ce qui se passe actuellement dans nos forêts. Il faudrait redéployer une réglementation coercitive, à même de dissuader tous ceux qui participent à cette nuisance. La forêt est en danger. Alors, aux grands maux, les grands remèdes.
Amar Ouramdane
