Les chutes du haut des oliviers, graves pour la plupart, s’intensifient. Des blessés affluent de toutes parts à travers le vaste territoire de la daïra de M’Chedallah et même des daïrates limitrophes, une affluence à laquelle le personnel restreint du service des urgences fait difficilement face.
La multiplication du nombre d’accidents est observée au lendemain des congés d’hiver de l’enseignement. Libérés, enseignants, étudiants et l’ensemble du personnel exerçant dans les trois paliers sont venus renforcer l’effectif de leurs familles respectives pour aider à la cueillette des olives. Ce qui explique cette sensible augmentation du nombre d’accidentés durant cette campagne. Toutes nos tentatives pour avoir les statistiques exactes sur les victimes et la nature des blessures, se heurtent à des réponses évasives au niveau du responsable des urgences qui nous renvoie vers ceux de l’EPH qui sont soit absents, soit en réunion. Les chiffres qu’on a pu glaner, indiquent un nombre approximatif de 60 victimes avec une moyenne de 3 à 4 personne par jour, un nombre qui connaîtra une hausse quotidienne et cela jusqu’à la fin de la saison qui s’étalera encore sur les deux mois à venir. Nos sources indiquent que 80% de ces accidentés évacués vers des centres spécialisés, surtout le CHU de Tizi-Ouzou et le secteur sanitaire de Bouira, sont des femmes. Le volume du travail et la pression sur les urgences de l’EPH sont remarquables au niveau des deux salles d’attente et des deux salles d’observation bondées de monde, ainsi qu’à la fatigue qui apparaît sur les visages de l’ensemble du personnel tous corps confondus, exténué et presque à bout de force. Un personnel qui, faut-il le souligner, fait face à cette énorme masse de travail avec une rare conscience professionnelle qui a fait que la réputation de l’EPH de M’Chedallah a depuis longtemps franchi les limites de sa circonscription, d’où cette affluence record vers cette structure, où la prise en charge du malade n’est pas un vain mot. Tous les malades qui y ont séjourné ou transité par les urgences le recommandent aux autres. La valse ininterrompue des ambulances qui rentrent ou sortent, sirènes hurlantes et gyrophares déclenchés, confirme les accidents qui se produisent dans les oliveraies. A noter que la cause principale de ces chutes en nette augmentation par rapport à l’année précédente, est d’abord l’abondance de la récolte qui fragilise les branches qui se brisent facilement dès qu’on s’y met dessus, ne pouvant supporter une charge supplémentaire. Ensuite, c’est le taux assez élevé de l’humidité qui rend ces branches visqueuses et extrêmement glissantes. Le moindre relâchement d’attention équivaut à une inévitable chute libre, et enfin la non utilisation des échelles qui peuvent, à elles seules, réduire de 80% les risques de ce genre d’accidents. Bizarrement, ce volet accidents liés à cette activité de cueillette d’olives est évacué du programme des campagnes de sensibilisation que lance chaque année le secteur de l’agriculture, ne serait ce que pour encourager les intervenants dans cette activité à se faire assurer durant cette saison, sachant que la majorité sont de petits agriculteurs ou des chômeurs qui ne sont couverts par aucune assurance. Des accidentés de ce genre qui s’en sont sortis avec des séquelles handicapantes à vie se sont retrouvés, eux et leurs familles, dans des situations des plus dramatiques.
Oulaid Soualah