Contribution : La déontologie médicale mise à rude épreuve

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Il est un sujet d’intérêt social qui n’a pas reçu l’écho mérité auprès du public. Il s’agit du nouveau projet de conventionnement du médecin traitant. Selon nombre de médecins, qui le qualifient d’insidieux et de pernicieux, le contenu de ce projet en question met en péril la santé des citoyens et hypothèque l’avenir professionnel de centaines de médecins. Selon la corporation des praticiens, ce projet invraisemblable a été concocté sans la participation des personnes concernées, en l’occurrence les cliniciens, et sans tenir compte des réserves et recommandations émises par le Conseil de l’ordre des médecins relatives à dix articles de ce projet pour le moins singulier.

Mais quelles sont ces lacunes décriées par la collectivité médicale ?

– Dorénavant, le médecin conventionné est tenu de prescrire à ses patients les médicaments les moins chers (génériques) s’il ne veut pas voir partir en fumée les primes inhérentes à chaque consultation. Or, une récente déclaration officielle a fait état que 40% des médicaments importés sont de qualité douteuse, à fortiori les « génériques ».

– Le malade conventionné doit désormais se faire soigner exclusivement chez le médecin désigné par la sécurité sociale ; ainsi, ce patient est obligé de quitter son médecin traitant (de famille) dont les soins sont plus appropriés du fait de la relation assidûment établie entre souffrant et soignant. D’autre part, il est à signaler que, parfois, le médecin conventionné se trouve en dehors de la commune de résidence du patient.

– Si le malade s’adresse à un médecin non conventionné le remboursement de sa consultation ne dépassera pas les 60,00 da, contrairement à celle de l’autre catégorie des assurés sociaux (conventionnés) qui bénéficient d’un reversement égal à 250,00 da.

De ce qui précède, la déontologie médicale est réellement mise à mal. Ainsi, le médecin privé est placé devant l’alternative suivante : administrer au patient un traitement curatif et risquer de perdre des honoraires, ou prescrire des médicaments génériques à efficacité aléatoire pour gagner sa vie… au détriment de la santé du patient ? Cruel dilemme !

Par ailleurs, si l’on considère d’une part les 150,00 da par visite qu’encaisse réellement le médecin (après le prélèvement des taxes sur le tarif officiel de 250,00 da), et d’autre part les frais qu’engendre l’exploitation d’un cabinet médical, le praticien concerné doit multiplier les consultations – en réduisant le temps de l’auscultation au préjudice de la santé des malades – pour faire face aux dépenses générales. Comment dans ces conditions parler de code, de règles ou de principes de déontologie dans le corps médical ? La question reste posée

Pourquoi produire un tel projet cumulant des inconvénients qui portent préjudice aux malades et aux médecins ? Pourquoi faire compliquer quand on peut faire simple ? Comme il y a un remède à toute maladie, il y a une solution à tout problème ; même plusieurs solutions ! Pourquoi donc inciter le corps médical à violer le serment d’Hippocrate dont les conséquences seront encore une fois subies par le citoyen ?

Khaled Lemnouer

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