C’est une date qui symbolise la communion, la notion de partage et qui véhicule les valeurs d’union, de solidarité et d’entraide au sein de la société. Yennayer qui marque le début de l’an Amazigh est justement une halte où la famille kabyle, dans son sens le plus large, se rencontre autour d’un délicieux plat traditionnel. Même si les traditions et us tendent à s’effacer devant l’élan de « modernisme » qui souffle sur notre société la symbolique de cette date historique reste intacte. C’est surtout pour les gens du « troisième âge » que Yennayer représente un retour aux sources et une réincarnation du cadre de vie ancestral à travers tous les rites qui accompagnent justement la célébration du passage au nouvel An berbère. Assise au milieu d’un tableau naturel qui respire toute l’originalité de la Kabylie, Nna Ouardia, une vieille du village Ait Abdelmoumene, dans la région des Ouadhias, dit tout son attachement à Yennayer. Pour elle, pas question de rater la célébration d’une telle occasion « c’est l’une des rares opportunité qui se présente pour réunir ma famille autour d’une même table. J’y attache une grande importance » nous dit elle de prime abord. Entre un regard dans le pittoresque paysage qu’offre les majestueux monts du Djurdjura et un long soupire qui en dit long sur une certaine amertume qu’elle ressent, Nna Ouardia estime que les choses ont changé « la seule tradition qui reste toujours de nos jours c’est le repas de Yennayer que les gens préparent la veille. Imenesi N’Yennayer est préparé à base de viande et un couscous garni de légumes. À l’occasion, on sacrifie une bête (Asfel) pour entamer l’année avec sous de bons auspices. Jadis, il y avait toujours de la place sur la table d’imensi n’Yennayer à la viande séchée (Achedluh) que les femmes préparaient pour de telles circonstances. » Raconte la veille femme. Au cours du dîner de Yennayer où toute la famille se regroupe, Nna Ouardia nous explique que la part des membres de la famille absents est toujours réservée « les assiettes et autre cuillères placées sont en rapport avec les membres de la famille. Même les absents sont concernés. On sert tous les membres, la table de Yennayer représente justement cette union et ces retrouvailles. C’est une date qui regroupe toute la famille autour des valeurs de partage » nous explique-t-elle. Yennayer s’accompagne en kabyle, en plus du repas spécial, de plusieurs rites qui portent justement de grandes valeurs « tous ces rites et traditions avait pour but de bien débuter le nouvel An, dépasser ses échecs et prier pour que la nouvelle saison se passe dans des conditions meilleures que la précédente. Assmi thella N’ya. » Ajoute notre interlocutrice. Cette dernière indique que pour le premier jour de Yennayer, les kabyles opéraient des changements dans tous ce qui touche à leur quotidien, renouvellement des outils de travail, entre autres « Tamghart n’uxxam procède au changement des pierres du kanun (inyen n lkanun), préparait l’asfendj ou des feuilletés de semoule cuits, lemsemmen et mettait de la nourriture dans le métier à tisser ( azzetta), d’Issirt (meule), Di lkanun, pour bien entamer la nouvelle année » ajoute Nna Ouardia. cette dernière regrette la disparition de ces traditions qui font la beauté de l’héritage berbère.
A.Z.
