La filière avicole en difficulté

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La filière avicole dans la région d’Akbou a du plomb dans l’aile. Au rythme où vont les choses, les exploitants, de petits éleveurs pour la majorité filent à tout va dans le mur.

Et pour cause : les charges d’exploitation montent, pendant que le prix de l’emplumé sur les étals n’a pas emprunté la même courbe ascendante. Il est cédé entre 220 et 240 DA le kilo ces dernières semaines, alors que son prix «sortie poulailler» ne dépasse pas les 120 DA le kilo. «Il y a toute une faune d’intermédiaires qui opèrent dans la clandestinité répercutant la marge bénéficiaire à chaque transaction. C’est ce qui explique ce différentiel», soutient un détaillant du quartier Arafou, qui se défend de chercher à faire son beurre sur le dos du consommateur. Pour lui, l’équation est toute simple : «On vend cher parce qu’on achète cher», assène-t-il, en jurant par tous les saints que ses marges n’ont pas évolué d’un iota. Assertions du reste confirmées par un éleveur de volaille installé dans la bourgade d’Allaghan. «L’engraissement d’une série de 1 000 poussins, tous frais confondus, revient à près de 60 000 DA. Même avec un taux de mortalité acceptable de 8%, il est très difficile de rentrer dans ses frais et rentabiliser ses efforts», affirme-t-il. Dans la région d’Akbou, où il est recensé par les services de la subdivision de l’agriculture plus de 120 éleveurs de poulet de chaire, la complainte est déclinée sur tous les tons. «Le prix du quintal de l’aliment pour volaille a accusé une hausse substantielle de pas moins de 1 000 DA, en quelques années seulement. Ajoutez à cela, les vaccins, les frais du vétérinaire, les charges fiscales, et faites vos comptes !», se plaint Madjid, exploitant à Chellata, sur les hauteurs d’Akbou. Même son de cloche chez Youcef, éleveur à Ouzellaguen : «Nous n’avons pas les moyens pour faire face à la flambée des prix de l’aliment et des charges d’exploitation, à moins de proposer notre produit à des prix exorbitants», nous explique-t-il. «Si les pouvoirs publics n’interviennent pas pour alléger les taxes qui grèvent notre profession et lutter contre les opérateurs informels, c’est toute la filière avicole qui risque à terme de péricliter et d’entraîner dans son sillage des milliers d’emplois», avertit notre éleveur. Dans la région d’Akbou, nous informe-t-on, nombre de petits éleveurs ont déjà cessé toute activité. La crise a fait ses premières victimes parmi les plus vulnérables. «J’ai décidé de geler mon activité en attendant que les choses s’améliorent, faute de quoi, je serai obligé de me reconvertir», avoue Malek, installé dans la périphérie d’Ighram. Les «téméraires» qui ont réussi à tenir le cap n’en filent pas moins un mauvais coton, en caressant l’espoir que l’Etat vole à leur secours.

N. Maouche

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