“La fédération doit revoir sa stratégie en matière de quotas”

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Rencontré à l’issue du Championnat national de judo senior, qui s’est déroulé du 20 au 22 janvier dernier, le directeur technique de la Ligue de judo de la wilaya de Tizi-Ouzou a bien voulu répondre à nos questions. Dans cet entretien, l’ex-coach du JC Ouadhias, un club qui n’est plus à présenter de par ses performances, nous parle de cette joute nationale tout en abordant d’autres sujets liés à la promotion du judo national

La Dépêche de Kabylie : Après un travail de fourmis, que vous avez accompli au niveau de la ligue de Tizi-Ouzou en tant que directeur technique de wilaya, pourriez-vous nous donner un commentaire sur les résultats de nos judokas ?

Mourad Moukah : Il est dommage de le dire, mais le podium est pratiquement réservé pour les athlètes de l’Algérois et reste presque inaccessible aux judokas des 47 autres wilayas du pays.

Comment, alors, expliquez-vous la médaille de Sonia Asselah ?

C’est simple, Sonia Asselah est prise en charge par la Confédération Africaine de Judo. Elle est pratiquement omniprésente au complexe africain, mais concernant les autres athlètes ils n’ont aucun espoir d’être parmi l’élite, pour la simple raison que le quota alloué à la région d’Alger est tellement supérieur à la norme.

Pour vous, donc, le problème réside au niveau des quotas des qualifiés ?

Evidement, tout se joue au niveau des quotas.

Pourriez-vous être plus explicite ?

Le système de compétition mis en place par la fédération nationale de judo, n’est pas adéquat pour le développement du judo à travers toute l’Algérie, notamment les quotas de participation réservés aux 6 régions du découpage fédérale qui donne 02 qualifiés de chaque catégorie de poids en filles et en garçons. Je prend en exemple la région de Tizi-Ouzou qui regroupe les 04 ligues Tizi-Ouzou, Boumerdés, Béjaïa et Bouira, ces ligues n’ont le droit qu’a 02 qualifiés, par contre la région d’Alger, à elle seule, bénéficie parfois de plus de10 qualifiés pour chaque catégorie de poids, comme ça a été le cas de ce championnat d’Algérie seniors qui s’est déroulé à la coupole Mohamed Boudiaf du 20 au 22 janvier de ce mois.

Pouvez-vous nous donner quelques statistiques sur ce championnat ?

Evidemment, l’exemple le plus frappant concerne les statistiques relevées durant ce 46e championnat d’Algérie sur les 162 filles engagées, plus de 50% sont de la région d’Alger, le reste est partagé entre les 05 autres régions (Oran, Blida, Tizi-Ouzou, Annaba et Ghardaïa). La raisons avancée, par les responsables de la fédération nationale de judo, est que ce quota est du au fait que la région d’Alger possède le plus de licenciés.

La fédération a-t-elle un autre moyen pour le développement du judo national ?

Bien sûr, le temps du judo classique est révolu, aujourd’hui nous devrions mettre tous les dispositifs nécessaires pour la réussite de notre judo. La fédération, par soucis de développement, doit mettre les 06 régions sur le même pied d’égalité. Pour moi, il faut organiser un championnat de division 02 pour les 06 régions et de division 01 réservée uniquement à l’élite nationale, comme c’est le cas dans les pays où le judo avance ! Pour revenir aux résultats de nos judokas, il y a lieu de signaler la bonne prestation en garçons, à l’image de Cerbah Belaïd (en -73 kg), Gharbi Yousef (-66 kg) tous deux sociétaires du Judo Olympique de Tizi-Ouzou, qui sont passés au 2e tour avec beaucoup de brio. En filles, la junior Terkmani (-48 kg) s’est débrouillée comme il se doit au 2e tour, il y a aussi la bonne prestation de Belkhir Ouzna (-57 kg) qui s’est classée 5ème.

Y’a-t-il une différence dans le niveau de préparation ?

Effectivement, ce volet est le plus important, une grande différence s’est fait ressentir au niveau de la préparation de nos jeunes par rapport à ceux d’Alger; et en parlant de niveau de préparation on ne peut occulter les moyens mis à la disposition des athlètes au cours de cette préparation.

Aujourd’hui, on peut constater un grand faussé entre nos athlètes et ceux de la région d’Alger et surtout avec les athlètes qui sont pris en charge totalement par l’état et qui s’entraînent 7jours sur 7. Par contre, nos athlètes sont livrés à eux-mêmes. L’expérience a démontré que le judo actuel demande plus de moyens et de disponibilités des athlètes pour se sacrifier et avoir des résultats. La preuve est là le mérite revient à la ligue de Tizi-Ouzou, pour les résultats obtenus par ses ex-athlètes qui ont eu une formation adéquate dans la pratique du judo. Sans parler des Asselah Sonia, Asselah Sabrina, Founas Dehbia, Guezout Sadia, Haddid Kahina, Feddi Lynda et Hacene Azoune, qui aujourd’hui font le bonheur des clubs algérois et de la ligue d’Alger, d’ailleurs ils ont dominé de bout en bout ces 46e Championnat d’Algérie de Judo.

Quel était le niveau de ce Championnat national ?

A vrai dire, il n’ya plus de relève, c’est toujours les mêmes athlètes depuis déjà une décennie. La fédération doit revoir sa stratégie et faire des recherches sur ce volet afin que, demain, le judo national puisse être l’ambassadeur du sport à l’échelle internationale.

L’absence de Soraya Haddad et Amar Benyekhlef ont privé les 35 millions d’algériens d’un judo de qualité. Qu’en pensez vous ?

Les athlètes de l’équipe nationale et ceux de la région d’Alger n’ont pas trouvé une rude concurrence durant ces Championnats, ce qui doit donner à réfléchir aux responsables de la fédération.

Un dernier mot sur l’arbitrage…

La mauvaise application du nouveau règlement a pénalisé un nombre important de judokas, il y a aussi la partialité de certains arbitres qui hésitent à appliquer le règlement. Enfin, je remercie la Dépêche de Kabylie, qui donne à chaque fois des espaces d’expression et des informations sur le judo.

Entretien réalisé par Aziz Djezzar.

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