»Il faut empêcher la politisation de l’école »

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Le chef de l’Etat a d’abord commencé par les élèves, des lycéens qui n’ont pas encore l’âge de voter pour la plupart, pour expliquer la charte. Il a commencé à définir le projet par le retour à la crise qui a été « une guerre civile entre laïcs et islamistes ». Bouteflika dit n’appartenir ni à ceux-là ni aux autres. L’Islam est la religion de l’Etat. Cela suffit à ses yeux pour ne pas importer un autre modèle.Puisqu’il s’agit de modèle, le Président n’a pas pu s’empêcher de parler de ce que doit être l’école algérienne. Dans le discours, long de deux heures, qu’il a prononcé à l’Institut de formation professionnelle de la ville des Roses, Abdelaziz Bouteflika dit vouloir bâtir une école éloignée des luttes idéologiques, qui l’ont caractérisée jusque-là. Mieux, le chef de l’Etat a plaidé pour l’enseignement du vrai Islam à nos enfants pour « empêcher la politisation de celle-ci ». L’orateur insistera, dans des passages entiers de son intervention, sur le rôle joué par la commission pour la réforme du système éducatif créé en 2001 pour proposer une réforme à l’éducation nationale. Pour Bouteflika, désormais, “c’est à la commission qu’il revient de proposer les réformes. Elle ne sera plus l’apanage des seuls partis politiques ». Il n’omettra d’ailleurs pas de critiquer de manière acerbe les opposants à la réforme qui « se nourrissent du statu quo ». Le Président fera le lien entre ceux qui s’opposent à la réforme de l’école et ceux qui le font aujourd’hui contre le projet de la charte pour la réconciliation nationale. A coups de chiffres et d’exemples, Abdelaziz Bouteflika a énuméré les avancées « considérables » réalisées dans le domaine de l’enseignement depuis l’Indépendance. Sur le plan quantitatif d’abord, puisqu’il s’agit notamment du nombre d’infrastructures construites et de celui des scolarisés, et sur le plan qualitatif ensuite ; le Président a parlé ici de la valeur « des diplômes décernés chaque année par nos universités ». Il indiquera dans ce sens qu’il est « urgent d’orienter nos efforts vers la formation professionnelle » pour permettre de fournir le marché en « main-d’œuvre qualifiée ». Bouteflika critiquera les diplômés qui ne trouvent pas d’emploi parce que, selon lui, cette catégorie a choisi « le prestige sur l’utilité ». Il a appelé dans ce cadre a prendre des « mesures pour parer au refus des familles et des étudiants des petits métiers » et à réduire l’écart qui existe actuellement entre « la formation professionnelle et l’enseignement normal ». Pour faire le lien entre l’école et le terrorisme, Bouteflika signale que « L’école algérienne, qui a souffert de la violence terroriste, doit aider, dans l’avenir, la société à éviter les effets destructeurs de ce fléau, et l’écarter définitivement ».

« On m’a dit de dire qu’il ne faut pas oublier »Comme attendu, le président de la République est longuement revenu sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale et le référendum du 29 septembre. Il réitèrera son engagement « en faveur de la paix » et pour réconcilier les Algériens « avec leur pays et leur patrie ». Mais ce qui était intrigant dans son intervention est que le chef de l’Etat s’est encore contredit en préférant  » oublier que pardonner ». Pourquoi ? Bouteflika dira que « l’oubli est une vertu du Dieu » et qu’il « préfère oublier que de pardonner ». Cela n’a pas duré très longtemps, parce que le Président s’est corrigé d’une manière qui a laissé tout le monde dans la salle perplexe en disant : « Mais je dois dire qu’il faut pardonner mais pas oublier, parce qu’on m’a dit de dire comme ça ». Qui est-ce qui lui a dit cela ? L’orateur n’en dira pas plus et s’est remis à lire son discours écrit. Plus loin, et comme à chacune de ses sorties publiques, il implore les citoyens « à voter en masse » même contre la charte et ne pas compter « sur les autres », comme pour exprimer une crainte d’un fort taux d’abstention. Il ne manquera d’ailleurs pas de critiquer « des voix » qui appellent « au boycott » à l’adresse desquelles il dira qu’il s’agit là “d’une question très grave », sans pouvoir dire plus là aussi. Le reste du discours est constitué de rappel des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale et de son impact sur les plans économique et social.

Ali Boukhlef

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