Malgré les appels répétés de la communauté internationale, Hosni Moubarak refuse de s’engager vers une transition immédiate du pouvoir, a indiqué mercredi 2 février, le porte-parole du ministère des affaires étrangères égyptien, Hossam Zaki, estimant que les positions des « parties étrangères » ne cherchent qu' »à enflammer la situation intérieure en Egypte ».
Mardi soir, après avoir été hué par plus d’un million d’Egyptiens qui exigent son départ, le « raïs », 82 ans dont 29 au pouvoir, a annoncé dans un discours télévisé qu’il restait en place mais qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle de septembre.
Pour une transition rapide
Un geste insuffisant, ont immédiatement répondu les Etats-Unis pour qui l’Egypte constitue la clé de voûte de leur politique au Moyen-Orient. « Ce qui est clair, et je l’ai dit ce soir au président Moubarak, c’est que je crois qu’une transition bien ordonnée doit être significative, elle doit être pacifique et elle doit commencer maintenant », a martelé le président Barack Obama lors d’une intervention solennelle. La responsable de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, lui a emboîté le pas mercredi en appelant le président égyptien à agir « le plus vite possible » pour réaliser la « transition » politique demandée par les manifestants. Londres et Madrid ont plus explicitement prôné la mise en place d’un « gouvernement de transition ». Lors d’une intervention devant le Parlement britannique, David Cameron a estimé que « nous nous tenons aux côtés de ceux qui (…) réclament la liberté la démocratie et des droits dans le monde entier – cela doit toujours être notre position ». « Il doit y avoir un gouvernement, qui peut être d’union nationale », « qui dirige ce processus jusqu’à la convocation d’élections générales », a également dit la ministre des affaires étrangères espagnole, Trinidad Jimenez.
Les capitales européennes
Très critiqué en France pour avoir soutenu contre la rue le régime déchu de l’ex-président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, le chef de l’Etat français s’est aussi aligné sur l’option d’un départ en douceur de son homologue égyptien, dont il a souvent dans le passé loué la « sagesse ». Nicolas Sarkozy « réitère son souhait qu’un processus de transition concret s’engage sans tarder », a indiqué la présidence française dans un communiqué. Berlin et Stockholm ont évoqué les autres étapes nécessaires au changement de régime. L’Allemagne « pousse en faveur (…) d’une transition rapide vers une nouvelle ère de démocratie », a déclaré le porte-parole de la chancelière Angela Merkel. « Il faut voir maintenant quel rôle [le président égyptien] veut et peut jouer lui-même », a dit le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle. « L’ère Moubarak dans la politique égyptienne est révolue », a aussi estimé le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt, invitant à se concentrer sur « la tâche décisive[qui] va être d’organiser des élections libres et équitables pour choisir le prochain président de l’Egypte ».
Le ministre des affaires étrangères australien, Kevin Rudd, a pour sa part appelé »les forces de sécurité et de l’armée en Egypte à faire preuve de retenue » et a souligné la nécessité de « réformes politiques fondamentales » dans ce pays. « Dans le monde arabe, il n’y a pas que deux solutions, soit un régime autoritaire soit un régime islamiste ; il y a aussi une troisième voie, celle de la démocratie pour les peuples de la région », a-t-il estimé.
Les inquiétudes d’Israël
En dépit du caractère autoritaire de son régime, Hosni Moubarak avait jusque-là toujours été soutenu par les capitales occidentales pour son respect des accords de paix avec Israël de 1979 et pour sa lutte contre les islamistes. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui incarne l’islamisme politique modéré a estimé que la seule option était un départ immédiat du « raïs ». Le peuple égyptien « attend une décision bien différente » de celles annoncées mardi soir, a-t-il dit selon la chaîne d’information NTV. Israël avait appelé mardi après-midi la communauté internationale à « exiger » de tout gouvernement égyptien le respect du traité de paix avec l’Etat hébreu.