Les créations de Mahmoud Bouaraba, nées d’objets de notre quotidien, provoquent inévitablement en nous, des souvenirs et des émotions. Artiste avant tout, cet habitant du village de Takoucht (Bouzeguène), 70 km à l’est de la wilaya de Tizi-Ouzou, ancien combattant de l’ALN, met en lumière et sublime les objets qui l’ont marqué durant sa jeunesse, pour en faire une page d’histoire fort intéressante. La vie est une fête et pour que tout cadre de vie, aussi banal soit-il, devienne un espace d’enchantement, Mahmoud Bouaraba, nous le fait partager avec son regard de créateur, ses recettes et palettes de couleurs et de formes originales. Chacun y trouve, au-delà du régal visuel, une invitation à la création et une source d’inspiration pour ses propres métamorphoses ; un exercice que seul Dda Mahmoud sait rendre aussi simple que ludique. Depuis environ huit ans, Dda Mahmoud est devenu, avec ses dizaines d’objets à la fois hétéroclites et originaux, l’un des vieux les plus talentueux dans l’art de reproduire des objets qui l’ont marqué ainsi que de nombreux villageois. Sa matière première reste essentiellement constituée de bois (planches, contreplaqué troncs d’arbres) mais aussi du plastique, du caoutchouc, du métal et des pièces de récupération. L’œil malicieux, la gentillesse évidente, Mahmoud Bouaraba, bien que fort déjà d’une clientèle d’admirateurs et de nombreuses expositions dans des manifestations locales et à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, n’a pas pris la “grosse tête”. Artiste autodidacte avant tout, ce designer aujourd’hui âgé de plus de 70 ans, raconte avec simplicité son parcours. “ J’aime la culture et j’ai été particulièrement marqué par la guerre de libération nationale dont j’aime à reproduire la machine de guerre que la France a utilisé pour anéantir la résistance du peuple algérien. J’aime récupérer toute sorte d’objets considérés comme sans valeur, pour leur redonner une autre dimension, une autre vie. La sculpture occupe une grande partie de mes créations, mais des assemblages sont également nécessaires pour donner forme aux objets ». Assemblage, par soudure, colle, visses, boulons ou rivets, avec une belle finition, selon une démarche réfléchie et dans une perspective fonctionnelle. Voilà un stylisme insolite où se marient bois, plastique, verre et parfois même caoutchouc, chrome, tubes, tuyaux, aluminium…etc. Aujourd’hui, le vieux maquisard perpétue l’esprit de la guerre qui l’a fortement marqué. Armes de guerre, pistolets automatiques, grenades, missiles, avions jaunes (Thimoucharine Thiwraghine), hélicoptères, chars, canons… Dda Mahmoud fouine dans les greniers, farfouille dans les tas “d’encombrants” laissés par les habitants de son petit village ou un peu partout ailleurs. Ses ambitions le font penser à aller plus loin encore pour récupérer par exemple des moules à gâteaux, des batteries de cuisine, pots de confiture, robots ménagers, aspirateurs, radiateurs, balances, séchoirs à cheveux, réservoirs de mobylettes, phares, enjoliveurs de voitures… lesquels, grâce à son ingéniosité reprendront vie sous d’autres formes miniatures. Dda Mahmoud ne s’arrête pas là puisqu’en plus de ce don de création, il travaille également dans la promotion de l’écologie, transformant sa maison en un immense jardin de plantes et de fleurs, aussi variées les unes que les autres. Des dizaines de pots sont exposés dans la cours de sa demeure qui vous invite à un petit voyage dans le monde enchanteur de la flore et dans le foisonnement des plantes originales et uniques en beauté qu’il entretient avec une singulière douceur. Etonnant Dda Mahmoud !
Kamel Ahitos

