La CNCD à l’épreuve des divergences

Partager

Pour les animateurs de la CNCD (Coordination nationale pour le changement et la démocratie) la manifestation organisée samedi dernier, se voulait le début d’un mouvement, malgré sa timidité.

Pour d’autres celle d’aujourd’hui est vouée à l’échec et n’aura sans doute pas meilleur écho que celui enregistré lors de la première action.

Une action, faut-il le rappeler qui a été entachée de graves paradoxes extirpant à l’entreprise toute crédibilité démocratique dont se vantent les initiateurs.

En effet la présence des islamistes, à leur tête Ali Benhadj, aux côtés du leader du RCD rend la démarche ambiguë et dénuée de tout sens, au vu de cet acoquinement contrenature.

S’il est vrai que le chef de l’ex Fis était en droit d’exploiter une occasion pour se montrer ; il est tout aussi vrai que les organisateurs du rassemblement avaient le loisir de dénoncer cette “intrusion” ; si s’en était une.

Mais, force est de constater que Benhadj était dans son élément aux côtés de Ali Yahia, de Bouchachi et de “SOS disparus”. Il y avait aussi le fait que la marche était soutenue, du moins sur papier, par des personnalités politiques qui ne peuvent se prévaloir d’être au dessus de tout soupçon pour ce qui est advenu de la situation du pays car ayant fait partie du système pendant longtemps avant de se faire éjecter.

Et puis cette sentence lâchée par Nassera Dutour, porte-parole de SOS disparus et membre de la CNCD, hier chez nos confrères El Watan, « ces jeunes sont très lucides, surtout vis-à-vis de la classe politique. Où étaient ces partis durant les vingt dernières années ?! Ils sentent que les têtes de la société civile ou des partis sont en décalage et déconnectées de la réalité ».

Voilà une petite pichenette qui re-convoque machinalement dans les esprits cette phrase assassine « je me suis trompé de société », lâchée par Saïd Sadi. Maintenant de là à dire que la pique de Nassera Dutour lui est destinée, le pas est vite franchi.

Cette dernière ne s’est d’ailleurs pas arrêtée là. Pour elle, la coordination doit « durer dans le temps et au-delà de n’importe quel agenda ». Les soupçons sont clairs et les susceptibilités avouées publiquement. « Le gros problème, parfois, c’est l’ambition de certains » renchérit Dutour, comme pour désigner des prétentieux bien ciblés… au sein de la coordination.

C’est dire que cette deuxième tentative projetée pour aujourd’hui se présente comme un véritable test auquel se livrera la CNCD, qui se met ainsi à l’épreuve de ses divergences et des courants qui la minent de l’intérieur.

L’indifférence continuelle affichée à l’égard de l’entreprise par les formations politiques de gros calibres, à l’image du FFS, est un autre coup qui n’est pas pour donner un cheveu de plus à la portée de cette manifestation.

C’est en tous cas l’avis d’un bon nombre d’observateurs qui ne partagent pas forcément les initiateurs. Une marche politique est censée avoir des objectifs, et ne constitue qu’un moyen de lutte d’un parti ou d’une famille politique.

Par quel miracle politico-idéologique, les promoteurs du “contrat de Rome” se retouvent aux cotés des démocrates républicains ? Qui s’est trompé de marche et d’amis ? Ou bien, ce n’est que le fruit d’un « mercato » politique, que l’on a omis de signaler.

D. Amar

Partager