Le mouvement s’essouffle- t-il ?

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Comme samedi dernier, avec cette fois- ci une participation moins importante, les forces de sécurité et des dizaines de véhicules blindés ont repoussé les premiers manifestants venus exprimer en plein centre d’Alger et pour la seconde fois en huit jours, leur détermination à marcher jusqu’à la place des Martyrs.

Aux cris de « Algérie libre et démocratique », « Pouvoir assassin », « Le peuple veut la chute du régime », quelque 200 personnes avaient néanmoins réussi à atteindre la place du 1er-Mai à l’appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD). Toutefois, deux manifestants, dont le secrétaire général du Snapap (Syndicat national autonome du personnel d’administration publique) Rachid Malaoui, se sont évanouis sous la pression exercée contre eux par l’important cordon policier et ont dû être évacués par les pompiers à l’hôpital Mustapha, situé à un jet de pierres du lieu de la manifestation. Tout comme samedi dernier, où une marche de la CNCD avait été bloquée, des cars avec des policiers casqués, munis de matraques et de boucliers, ainsi que des véhicules blindés ont quadrillé la capitale. Au-dessus tournoyait au moins un hélicoptère. Les forces de l’ordre étaient postées quasiment à chaque mètre, un dispositif similaire à celui qui attendait la semaine dernière, les manifestants ayant répondu à l’appel de la CNCD. De source officielle, on a indiqué que « neuf unités de police avaient été mobilisées sur la place, une unité comprenant entre 90 et 120 éléments » pour cette manifestation, interdite. Parmi les manifestants, il était loisible de reconnaître Maitre Ali Yahia Abdenour, Belaid Abrika, Bouchachi, Djamel Zenati ainsi que des acteurs du mouvement associatif et des députés du RCD.

Des échauffourées avant l’heure prévue

A une demi-heure de l’heure prévue du début de la marche, quelque 400 à 500 manifestants étaient présents au rendez-vous.

Tout le secteur est bouclé par des centaines d’unités des forces de l’ordre en uniforme et des véhicules blindés, qui barrent la route aux marcheurs.

Quant aux interpellations, il est clair que les services de sécurité en ont procédé mais le nombre est nettement moindre par rapport à celles de samedi dernier.

Parmi la foule, au demeurant hétéroclite, diverses associations en ont profité pour lancer des slogans situés aux antipodes du mot d’ordre classique appelant au changement du régime.

Les pro-Bouteflika en nombre

Des centaines de jeunes, issus des quartiers environnants, se sont joints à la manifestation pour scander des slogans en faveur du président. Et curieusement, les services de sécurité les laissaient faire devant l’indignation de ceux qui étaient venus battre le pavé en appelant au changement.

Devant l’impressionnant dispositif sécuritaire mis en place, le peu de manifestants n’avait d’autres choix que de subir l’interdiction de tout rassemblement.

Les autorités auraient pris des mesures draconiennes avec près de 30.000 policiers déployés dans la capitale sur le parcours prévu des marcheurs de la place du 1er Mai jusqu’à la place des Martyrs, distante d’environ 4 km. Vers les coups de quatorze heures, les policiers présents sur la place étaient toujours à l’afflût du moindre attroupement.

Un des initiateurs de la marche a indiqué à un groupe de journalistes que le « dispositif des forces de l’ordre a dissuadé les citoyens à répondre à l’appel ». Par ailleurs, les habitants du quartier ont placardé des affiches dans lesquelles ils lancent un appel pour le calme et la sérénité. « Ne touchez pas à mon quartier, ne dérangez pas ma quiétude », lit-on dans les affiches.

Ferhat Zafane

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