Libye : Kadhafi dans de sales draps

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Au moins 104 personnes ont été tuées en Libye depuis le début de la contestation mardi, a affirmé dimanche l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW), après de nouveaux heurts meurtriers samedi entre forces de sécurité et manifestants.

Un haut responsable libyen a déclaré dimanche à l’AFP qu’un « groupe d’extrémistes islamistes » retenait en otage des membres des forces de l’ordre et des citoyens à Al-Baïda, dans l’est du pays. « Notre chercheur en Libye nous a confirmé qu’il y avait au moins 104 morts », a déclaré le directeur du bureau de HRW à Londres, Tom Porteous, joint par téléphone, citant des sources médicales et des témoins. « Mais c’est une photographie incomplète de la situation car les communications avec la Libye sont très difficiles. Nous avons de fortes inquiétudes (…) qu’une catastrophe soit en cours en matière de droits de l’Homme », a-t-il ajouté. « Le gouvernement a coupé toutes les communications internet dans le pays et interfère dans les liaisons téléphoniques, à la fois mobiles et fixes, ce qui rend très difficile la collecte d’informations », a expliqué M. Porteous. Selon un décompte de l’AFP établi à partir de différentes sources libyennes, le bilan de la contestation contre le régime du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans, s’élevait à au moins 77 morts, la plupart à Benghazi, deuxième ville du pays et bastion de l’opposition. Un membre du personnel de l’hôpital Al-Jalal à Benghazi a déclaré à HRW que l’établissement avait reçu samedi plus de 20 morts et que 25 blessés étaient dans un état critique, a ajouté M. Porteous. « La majorité des blessés présentaient des blessures par balles à la tête, au cou et aux épaules », a-t-il précisé.

Un précédent bilan des affrontements samedi entre manifestants et militaires, communiqué par le journal libyen Quryna, faisait état de 12 morts et de nombreux blessés. Les affrontements ont eu lieu après qu’une foule, qui participait aux obsèques de manifestants tués vendredi, a attaqué une caserne militaire, a expliqué Quryna, proche du réformiste Seïf el-Islam Kadhafi, un des fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi. Les protestataires ont jeté des cocktails Molotov en direction de la caserne et les militaires ont riposté à balles réelles, a précisé le rédacteur en chef du journal, Ramadan Briki, en citant des sources des forces de sécurité. Des habitants cités par la BBC ont affirmé que les militaires avaient tiré à l’arme lourde, lançant notamment des obus de mortier. Selon la chaîne qatarie Al-Jazira, les hôpitaux manquaient de sang pour soigner les blessés.

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