Un égout dévastateur à Raffour

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Aussi intolérable soit-il, le fait est là dans toute son absurde dimension, au vu et au su de toutes les autorités locales. Résumons : 30 hectares de terre hautement fertiles, aménagés en carrés et jardins maraîchers, plantés de toute une variété d’arbres fruitiers, ainsi que 10 forages d’irrigation sont complètement dévastés par l’éclatement du réseau principal d’assainissement de cette importante agglomération au niveau d’un des plus anciens quartiers du sud de Raffour, Aharrach en l’occurrence.

Après d’énormes efforts et beaucoup de gymnastique, nous arrivons au site de cette révoltante catastrophe. L’avarie en question est due au refoulement des eaux usées à partir du point de chute des égouts, dans une petite cuvette complètement envasée par le dépôt des impuretés composant le débit du rejet obstrué par la vase.

Ce sont d’incalculables mares d’eau saumâtre et puante, à perte de vue, qui ont complètement inondé ce qui était des jardins et des vergers, en plus de la pollution d’une dizaine de puits. Plus grave encore, la puanteur et les odeurs nauséabondes que dégagent ces eaux usées accumulées et stagnantes étaient telle que 06 propriétaires de ces terrains ont dû abandonner leurs maisons construites à proximité de ces jardins. D’autres, qui ont bénéficié de logements en auto-construction, ne les ont jamais occupé à cause de l’état des lieux et de l’environnement transformé par cette avarie en foyer de toutes sortes d’épidémies, une incroyable catastrophe naturelle qui aurait pu être évitée rien qu’en prolongeant ce réseau d’égout de…57 m en l’amenant à proximité du cour d’eau d’Assif Sahel, qui constitue actuellement un collecteur géant des réseaux d’assainissement de deux Daïras, M’Chedallah et Bechloul. Un rejet de plus ou de moins n’aurait aucune incidence sur ce cours d’eau sinon de sauver d’une mort certaine une dizaine d’hectares de terre agricole irriguée. Les propriétaires qui ont insisté pour nous faire visiter les lieux, exhibent des piles de copies de rapports et de requêtes adressées à toutes les autorités concernées, du P/APC jusqu’au wali. Ils nous apprennent que les services d’hygiène ont effectué un déplacement sur les lieux sans pour autant changer quoique ce soit à cette lamentable sinon condamnable situation. Dans une ultime tentative, pour sauver leur terre et se prémunir d’une pauvreté quasi… certaine. Ces malheureux pères de familles, complètement désemparés par l’absence totale de réaction des services de l’état, sollicitent l’hospitalité de nos colonnes pour attirer une fois de plus l’attention des pouvoirs publics aux fins de mettre un terme à leur calvaire. Notons pour conclure, qu’en plus des services d’hygiène et l’APC de M’Chedallah, ce cas relaté engage la responsabilité de plusieurs organismes du secteur public, tel que ceux de l’agriculture, de l’hydraulique et enfin de l’environnement, qui doivent réagir avant l’arrivée des grandes chaleurs qui aggraveront les conséquences et les retombées de cette avarie qui ne nécessite pas d’énormes moyens financiers sinon quelques buses en ciment. Une incroyable négligence, au moment où l’état engage d’énormes enveloppes financières dans des projets de mise en valeur du moindre pouce de terre agricole à travers les opérations FNDA, FNDRA et PPDRI, en prévision de l’après pétrole. Une notion qui semble échapper à plusieurs organismes locaux du secteur étatique, si l’on se refaire à ce qui se passe à Aharrach.

Oulaid Soualah

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