Les étudiants de l’université Abderrahmane Mira de Béjaia ont battu hier, le rappel des manifestations de rue, en organisant une imposante marche qui s’est ébranlée du campus Aboudaou jusqu’au siège de la wilaya de Béjaia, soit un itinéraire de plus de dix kilomètres.
Dans des prises de parole improvisées devant le siège de la wilaya, les représentants des étudiants qui se sont relayés au micro, ont tous dénoncé les démarches du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique visant, selon eux, « le démantèlement du caractère public de l’université algérienne ».
Après avoir remporté une première victoire en poussant les pouvoirs publics à faire une manœuvre de rétropédalage avec l’abrogation du décret présidentiel N° 10-315 du 13 décembre 2010, les étudiants de Béjaia demandent désormais une réelle refonte de l’enseignement supérieur. « Nous avons des propositions à faire et nous voulons des réponses concrètes » martèle l’un des représentants des étudiants.
S’exprimant au nom du collectif des enseignants de l’université de Béjaia, Kamel Aïssat a souligné qu’ « il faut séparer le politique du pédagogique pour que les problèmes de l’université algérienne trouvent des solutions», en soutenant que la désignation des recteurs par décret et d’autres responsables va à l’encontre de la volonté de la communauté universitaire.
« Nous défendons un enseignement de qualité et la consécration du principe de la gestion démocratique de l’université la reconnaissance du comité pédagogique des étudiants, ainsi qu’une refonte des textes régissant l’université et évaluation objective des deux systèmes par les premiers concernés » a-t-il lancé aux étudiants, en leur faisant remarquer que leur avenir est en jeu.
L’action de rue des étudiants de l’université de Béjaia, faut-il le signaler, intervient au lendemain de la mise en place d’un nouveau cadre de lutte dénommé “la coordination locale des étudiants de Bejaia’’. Une Coordination de la communauté estudiantine de Béjaia regroupant des comités pédagogiques des différents départements, des comités de cités et des associations estudiantines ; quatorze au total.
Dans une déclaration rendue publique avant-hier, dimanche, la Coordination locale des étudiants de Béjaia précise que son but est de « faire face aux attaques répétées contre l’université publique. »
Des attaques dont l’objectif larvé estime-t-on, est « le démantèlement du caractère public de l’université », citant l’exemple de l’instauration de la carte universitaire en 1989, la dissolution de l’Office national de la recherche scientifique, la précipitation de la mise à mort programmée de l’ancien système sans évaluation et sans concertation des acteurs concernés.
Toutes ces mesures, vont « dans le sens de la dévalorisation des diplômes et la destruction du secteur public », est-il souligné dans la déclaration.
L’abrogation du décret présidentiel N° 10-315 lors du dernier Conseil des ministres ne semble nullement tempérer la colère des étudiants de l’université de Béjaia qui estiment que cette démarche « ne répond nullement aux attentes légitimes des étudiants et ne résolve aucunement la crise profonde de l’université algérienne, mais aggrave davantage la situation en confiant l’autorité pédagogique aux recteurs, nous réduisant, nous étudiants à des figurants spectateurs de la déchéance de notre avenir. »
Dans sa déclaration, la Coordination locale des étudiants de l’université de Béjaia revendique, entre autres, « une gestion démocratique de l’université la tenue d’états généraux pour l’évaluation des deux systèmes, un moratoire sur les réformes universitaires, la reconnaissance du comité pédagogique comme seul représentant légitime des étudiants, le maintien du système classique et du concours Magistère avec plus de postes, accès au Master sans conditions, amélioration de l’encadrement, la, prise en charge des stages par l’université la construction d’un CHU pour les étudiants de médecine, la création des écoles Doctorales au niveau de chaque département, la construction d’un centre culturel universitaire au niveau du campus Aboudaou et un accès libre et gratuit à l’école d’enseignement intensif de langues ».
Une réunion de la Coordination des étudiants de l’université de Béjaia et du Collectif des enseignants devait se tenir en fin d’après-midi d’hier, pour décider des suites à donner à leur mouvement de protestation.
L’on append également que des tractations sont en cours pour mettre sur pied une Coordination nationale des étudiants à même de maintenir la pression sur le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et faire aboutir toutes les revendications des étudiants.
Au niveau des deux campus de l’université de Béjaia, les étudiants vont reprendre à partir d’aujourd’hui, les cours, en projetant de mettre en place un piquet de grève.
Dalil S.