Le métier de forgeron entre l’enclume et le marteau

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A entendre les jérémiades et les récriminations des forgerons d’Akbou, c’est une véritable descente aux enfers que ce métier, multiséculaire, a amorcé depuis plusieurs décennies déjà.

« Le forgeron est confronté à un vrais dilemme, abandonner un métier ancestral au risque de contribué à son extinction ou continuer à l’exercer, contre vents et marées, en courant fatalement à sa perte ». Tel est l’amer constat que dresse Larbi, un vieux forgeron de la ville d’Akbou qui, à l’instar de ses collègues d’infortune, a choisi de perpétuer un savoir-faire empirique. On peut compter sur les doigts d’une seule main ces forgerons qui maintiennent l’activité au niveau de la vieille ville d’Akbou. «La forge est un métier qui se transmet de père au fils. Ce dernier apprend de son géniteur les rudiments du métier dés son jeune âge, car il est appelé un jour ou l’autre à reprendre le flambeau», explique un autre forgeron d’Akbou qui constate que « ces dernières décennies, la chaîne de transmission de ce savoir s’est brisée car les jeunes sont attirés par d’autres métiers prétendument plus nobles, en tout cas plus rémunérateurs ». La relève n’étant pas assurée, notre forgeron constate avec amertume que dés que l’artisan tire sa révérence, l’activité disparaît. « Notre métier est voué à une mort certaine. Si les pouvoirs publics ne songent pas dés à présent à investir dans la formation de ce genre d’artisans, il y a fort à parier que d’ici une dizaine d’année, ou ne reparlera de nous qu’au passé », avertit notre interlocuteur. Les quelques artisans installés à Akbou relèvent, à l’unanimité un net recul de l’activité induit, selon eux, par un rétrécissement du marché : « Nous travaillons exclusivement avec le monde rurale. L’activité agricole étant en berne, nous en subissons les contres coups », fait remarquer notre artisan entre deux coups de marteau. L’araire, la houe et la hache sont progressivement supplantés par les tracteurs et autres scies électriques, précipitant du coup, le dépérissement de l’activité. « Il ne faut pas oublier, se lamente notre interlocuteur, que nous faisons face à des charges exorbitantes comme la cherté du combustible, que nous achetons à raison de 800 à 900 da le quintal » Pour ne pas laminer leurs maigres dividendes, sérieusement mis à mal par la dimension de leurs plans de charge, d’aucuns avouent recourir à l’usage de charbon de bois. « Mais encore, faut-il le trouver, ce qui n’est pas toujours évident », se lamentent-ils

N. Maouche

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