A l’appel de la CLE, des milliers d’étudiants ont marché hier à Tizi Ouzou, pour plus de « libertés démocratiques » et une « véritable université ». L’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou a été également paralysée, durant toute la journée, par une grève générale marquée par le report de tous les examens qui y étaient programmés.
Des milliers d’étudiants de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou sont descendus hier dans la rue, pour crier leur ras- l bol et dénoncer la situation «catastrophique» dont laquelle sombre le secteur de l’enseignement supérieur.
Les étudiants qui ont répondu en masse à l’appel de la coordination locale des étudiants, ont également porté des slogans politiques appellant à un «changement radicale, pacifique du système». C’est aux environs de 11h que la marche s’est ébranlée du pole universitaire de Bastos pour atteindre une heure après, le siége de la wilaya de Tizi Ouzou. Sous une pluie battante et un froid glacial, les étudiants ont battu le pavé des principales rues de la ville des Genêts scandant des slogans hostiles aux autorités. Ils étaient 5000 mille selon les services de sécurité et 15 000 selon les organisateurs à marcher pour revendiquer «une meilleurse prise en charge de l’étudiant», demander le «respect des franchises universitaires» mais aussi «une université publique, performante et progressiste» et «halte à la corruption». À l’occasion, les participants à la manifestation d’hier, ont dénoncé «la répression des étudiants» qui a caractérisé les manifestations contre le décret 10-315.
Ce dernier décret est qualifié par les étudiants de «décret de la honte» qui participe à la «dévalorisation des diplômes d’ingénieurs» et qui a ete, faut-il le rappeler, abrogé depuis.
La procession humaine qui grossissait davantage n’a pas été dissuadée par la pluie ni même le froid. Bien au contraire, la masse estudiantine était visiblement décidée à continuer jusqu’au bout, affichant sa détermination à faire aboutir ses revendications. Au côté des revendications relevant du domaine pédagogique tel que celle en rapport avec l’ouverture «sans conditions du magister et du master», les étudiants ont brandi des banderoles sur lesquelles on pouvait lire «étudiants, travailleurs, chômeurs, unissons nous», «we need change», «rupture contre la dictature» « pour le changement du système». La communauté estudiantine a également dénoncé le climat d’insécurité qui prévaut au sein de leurs campus et cités universitaire exigeant du fait la sécurisation de l’université notamment à Tamda. Comme elle dénonce, dans ce sillage «l’instrumentalisation et l’institutionnalisation de la violence» Les événements qui secouent le Monde arabe en ce moment, ont eu leur influence en ce sens que des slogans de la révolution tunisienne ou égyptienne, Echaâb yourid iskat enidham ! (Le peuple veut faire tomber le régime) entre autre, n’ont pas eu des difficultés à se faire entendre tant que les étudiants les ont repris à cœur.
L’imposante marche organisée hier à l’appel de la CLE a été un occasion pour les milliers d’étudiants organisés en une dizaine de carrés de monter leur «exacerbation», leurs refus de la manière dont est gérée le secteur et les «innombrables» difficultés qu’ils rencontrent quotidiennement. «155 milliards …une université pauvre !» criaient-ils à plusieurs reprises.
Sous les cris de «pouvoir assassin» et «tamazight tella tella», les milliers de manifestants se sont dirigé vers le siége de wilaya en marquant une halte au niveau de la place des Martyrs du Printemps noir où une minute de silence a été observée à la mémoire de tous les militants de la «démocratie».
Des étudiants «déchaînés» contre le traitement « partiel» et «policier» de l’information de deux titres de la presse arabophones ont brûlé des copies de l’édition d’hier,pour dénoncer un «anti kabylisme» qui s’exprime, selon, ces étudiants, par des «couvertures tendancieuses». La marche des étudiants de l’université Mouloud Mammeri a été ponctuée par un rassemblement au niveau de l’entrée du siége de la wilaya où des représentants des étudiants ont fait lecture d’une déclaration de la coordination locale des étudiants «notre devoir de citoyens d’abord et d’universitaires ensuite, nous incombent la responsabilité de nous battre sans cesse pour que demain soit celui de notre choix auprès de tous nos frères et aînés qui nous ont déjà montré le chemin, celui de la dignité.» Peut- on lire sur le document rédigé par les étudiants.
À signaler que la marche n’a été emmaillée d’aucun incident «c’est une marche pacifique» répétaient en boucle les étudiants comme pour dissuader les quelques voix tentées par un «glissement» vers la violence. Les étudiants se disperseront dans le calme à la fin de leur action de protestation encadrés «discrètement» par les services de sécurité.
A.Z.