Dda Rachid Adjaoud était l’hôte des enfants de cheikh El Ourthilani pour animer une conférence à l’occasion de la fête du Chahid.
Ancien officier de l’ALN, ayant participé au secrétariat et à la frappe des documents du congrès de la Soummam, un des éléments du staff de Si Amirouche, observateur avisé de nos mélancolies communes, et un révolutionnaire immuable, possédant un phrasé lent mais percutant et un nuage fugace assombrit son regard perçant lorsqu’il évoque les souffrances du peuple algériens, Dda Rachid Adjaoud était l’hôte des enfants de cheikh El Ourthilani pour animer une conférence à l’occasion de la fête du Chahid. C’est à Aït Chebana, devant une audience nombreuse et de qualité que Dda Rachid rappelle l’importance de ce rendez-vous qui permet, chaque année, la mise en lumière des différentes étapes de la guerre de libération nationale 1954, ainsi que les régions et les hommes d’exception qui ont permis à la révolution de disposer de tous les atouts pour donner forme à une véritable révolution exhaustive dans toutes ses dimensions. Quant à la position des sphères officielles vis-à-vis des œuvres se rapportant à la guerre d’Algérie, le conférencier trouve naturel qu’elles réprouvent certains écrits, étant donné que la scène politique n’est pas mature pour accompagner la démarche de ceux qui désirent réellement rapporter fidèlement l’histoire. Ajouter à cela, la plaie de la guerre n’est pas encore cicatrisée, pour preuve : l’accablement politique et l’unanimisme qui était dans l’air du temps en sont des parfaites illustrations. A une question se rapportant sur le retard de la petite Kabylie à regagner le FLN et à répondre honorablement à l’appel du 01 Novembre 1954 à temps, le conférencier n’a pas omis de relater avec finesse les raisons qui ont été à l’origine de ce retard en disant : «Le déclenchement de la guerre de libération est une suite logique au regard du militantisme des Algériens au sein des différents mouvements nationalistes, pour preuve une réunion secrète était improvisée le 18 août 1954 sans ordre du jour précis. C’est au village d’Ighil-Ouatou de la commune de Aït-Maouche que la réunion s’est tenue sous la présidence de Si Larbi Oulbsir (membre du comité central MTLD et homme de confiance de Missali Hadj). Cependant, et de fil en aiguille, les militants réunis parviennent à déceler le message, celui de préparer les militants acquis à la cause pour un éventuel recours à la lutte armée. Des instructions nous ont été données pour s’en procurer les armes. Quant à si Larbi Oulbsir, il tenait beaucoup au fait que les militants observent la plus grande discrétion tout en promettant, pour sa part, d’approvisionner une partie de militants par des armes à feu qu’il devait acheminer d’Alger, ce qu’il ne fit jamais. Et depuis, on ne le reverra plus. Quelques mois après, la décision d’expulser les Français manu militari est belle bien prise et l’appel du 1er novembre retentit dans les quatre coins du pays sans que la petite Kabylie ne soit informée. C’est une énigme qui suscite moult interrogations ; De un, sur l’appartenance politique des auteurs de ces actions, et de deux, sur les dissensions qui ont éclaté au sein du parti entraînant les plus radicaux à passer à la lutte armée. A cet effet, et en cours du premier trimestre 1955, une réunion informelle a été improvisée au marché de Sidi Aïch entre les principaux militants. Quoique la réunion n’ait pas abouti au résultat souhaité mais une chose est sûre : le problème posé est celui de la communication, et c’est celle-là que partage tous les militants puisque la personne à qui échoit la charge de cette mission à savoir si Larbi Oulbsir a failli à sa mission du moment qu’il s’est aligné du côté de Missali Hadj. Quelques jours plus tard, un émissaire important est arrivé il s’agit de Si Amar Aït Cheikh, envoyé par Krim Belkacem Et Amar Omrane avec l’appel du premier novembre en poche, qui avait pour mission d’expliquer les tenants et aboutissants de la guerre de libération. Le message de Si Amar formidablement reçu, a été répercuté sur l’ensemble de la vallée appuyé par le canal de communication déjà en place. De ce fait, la léthargie de la vallée de la Soummam touche à sa fin. Cependant, et au cours de la même année, sur les hauteurs du Douar Ighrame, plus exactement au village Aït Amar Ouzegane, la première rencontre entre Si Amirouche et Si Abderrahmane mira a eu lieu, et le comble s’accomplit. Décidément, c’est à l’issue de cette rencontre que la révolution en petite Kabylie avait pris toutes ses formes, et les premières actions à mener sur le terrain y découlent», conclut-il.
Bouallak Tahar