Ruisseaux, ravins et rivières en crue

Partager

Les averses de ces deux dernières semaines qui ont franchi la barre de 120 mm ajoutées aux importantes chutes de neige sur les cimes du Djurdjura à partir de 600 m, dont l’épaisseur a atteint 1,3 m par endroits, ont renfloué les nappes souterraines qui, en débordant, ont réveillé l’ensemble des ravins et ruisseaux descendant de ces hauteurs vers le récepteur collectif qu’est Assif N’Sahel qui a alors pris du volume dans le sens le plus large du terme. Les crues les plus remarquables sont celles d’Assif Assemadh, Assif Lavaâl, Assif Iwakouren et enfin Assif Aghbalou. Leur point commun est de prendre naissance sur le flanc sud du Lala Khadîdja pour se déverser 20 km plus bas dans la rivière Assif N’Sahel. Le tracé de l’ensemble de ces ruisseaux et ravins est composé de pentes dont la gravitation atteint par endroit les 95° et même forme de mini cascades d’où des grondements impressionnants perceptibles à des dizaines de kilomètres à la ronde. Il est même fréquent pour les villageois de haute montagne d’entendre des sortes d’explosions produites par des rochers charriés pas des eaux en furie qui s’entrechoquent en faisant vibrer le sol à des centaines de mètres. C’est souligner la violence des crues aggravées par la forte gravitation du terrain. A l’heure actuelle, le moins profond de ces ruisseaux est à 300 m par rapport aux sommets des collines qui surplombent des deux côtés chacun d’eux, et cela en raison de l’érosion provoquée par chaque crue. Un travail des éléments naturels qui n’est pas sans retombées sur le tissu végétal au même titre que les terres agricoles qu’ils traversent. En effet, en creusant profondément, ces torrents provoquent sur leur passage des éboulements et autres glissements de terrains sur d’importantes parcelles le long de leur parcours. C’est ainsi qu’on remarque en divers endroits des berges des ravins, d’effroyables cratères et des glissements de terrains qui forment de vertigineux précipices après que la terre déplacée ne soit charriée par les violentes crues, tels que ceux d’Ighil Hemmadh dans la commune de Saharidj ou les falaises d’Assif Assemadh ou encore celles de Thaghzouth à M’Chedallah. Ces considérables dégâts que causent à chaque intempérie ces cours d’eau, peuvent pourtant être réduits grâce à la technique mise en place par les services des forêts depuis quelques années et qui consiste en l’aménagement de «corrections torrentielles», plus connues sous l’appellation de «gabionnage», très efficace et à moindres frais sachant que l’ouvrage est composé de deux matériaux. Le premier étant la pierre largement disponible dans les lits même des ces ravins, et le deuxième c’est du grillage Zimmermann localement fabriqué et disponible aussi. Un ouvrage qui a démontré son efficacité au niveau des pistes agricoles, de plus sa réalisation ne nécessite aucune expérience en s’effectuant par de simples manœuvres. Voila un projet d’une inestimable utilité pour l’agriculture en premier lieu, de plus il absorberait un taux considérable de chômeurs non qualifiés, et enfin l’argent dépensé sur ce volet serait à coup sur beaucoup plus utile que les faramineuses enveloppes englouties par les tapageuses opérations de Blanche Algérie qui n’ont rien blanchi du tout, bien au contraire, on a l’impression que les détritus et amoncellements d’ordures ont redoublé d’intensité depuis le lancement de cette opération qui est de l’avis de tous un échec total. En parallèle à cette opération de protection des berges des ruisseaux, il serait ingénieux de penser à la récupération et l’exploitation dans le secteur de l’agriculture de ces milliards de M3 d’eau provenant des chutes de pluie et la fonte des neiges, auxquels s’ajoute le débit de centaines de sources naturelles qui s’y déversent dans ces ravins, le tout formant une inestimable richesse qui part inutilement dans ces ruisseaux. Ce secteur de l’hydrauliques est celui qui est le plus sous-exploité dans cette région la plus riche en la matière (ressources hydriques) à l’échelle nationale. A titre d’exemple : la daïra de M’Chedallah n’a pas bénéficié jusqu’à présent ne serait-ce que d’une retenue collinaire malgré l’existence d’emplacements idéaux localisés et avalisés par des commissions techniques dans les années 1980.

Oulaid Soualah

Partager