La dimension environnementale en point de mire

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En phase d’achèvement pour ce qui est des grands ouvrages (chaussées, fossés, viaducs, tunnels,…), l’autoroute Est-Ouest bénéficie graduellement des autres commodités devant lui assurer une fonctionnalité optimale en phase d’exploitation (échangeurs, stations-services, aires de repos,…), cela, en plus des pénétrantes, comme celles devant raccorder Béjaïa et Tizi Ouzou à l’axe principal de l’autoroute.

Parallèlement à ces travaux, des plantations ont été réalisées sur les talus de certains tronçons, principalement avec l’espèce acacia cyanophila.

Ce travail de verdissement est appelé à être étendu et prolongé à l’ensemble de l’autoroute selon le programme établi par l’Agence nationale des autoroutes en 2007. La contribution de la direction générale des forêts a été sollicitée pour un accompagnement technique à travers ses services déconcentrés au niveau des wilayas traversées par ce grand ouvrage.

Étant maître de l’ouvrage délégué travaillant pour le compte du ministère des Travaux publics, l’Agence nationale des autoroutes (ANA), doté du statut d’EPIC, assure le lancement des études et le suivi des réalisations relatives aux autoroutes. Elle vise, dans son plan de verdissement de l’autoroute Est-Ouest, à intégrer les nouvelles infrastructures routières dans l’approche moderne qui a cours à travers le monde, approche soucieuse des données environnementales et esthétiques des ouvrages.

La sollicitation des services techniques spécialisés dans le domaine de la plantation des arbres est destinée à formuler une meilleure définition d’un schéma de ce que le ministre des Travaux publics a appelé l’ “Autoroute verte’’, longue de 1216 kilomètres allant de la frontière marocaine à la frontière tunisienne. On se souvient de la vive polémique suscitée par le tracé initial de l’itinéraire de l’autoroute qui devait passer par le Parc national d’El Kala. Une levée de boucliers, immédiatement relayée par la presse, a eu lieu, opposant les amoureux de la nature et particulièrement les défenseurs de cette réserve de la biosphère protégée par la législation nationale et les textes internationaux aux autorités du ministères des Travaux publics.

La polémique qui a éclaté entre deux institutions (le Parc d’El Kala et le ministère des Travaux publics) ayant été portée sur la place publique, les responsables concepteurs de l’autoroute ont procédé à quelques rectificatifs.

C’est ainsi qu’Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, avait annoncé en 2007 l’installation d’un « observatoire de suivi et de contrôle pour la mise en œuvre des mesures environnementales préconisées par l’étude d’impact », l’élargissement de la consultation, via l’Agence nationale des autoroutes, à l’ensemble des universitaires, experts, associations nationales ainsi que tous les partenaires du ministère et la création d’une commission de coordination entre les trois ministères concernés (Travaux publics, Agriculture et Environnement) qui « s’attellera à des consultations permanentes ainsi que des rapports périodiques quant à la réalisation du projet ». L’étude d’impact en question a été réalisée par un bureau d’étude étranger et a été validée par le bureau d’assistance canadien Dessau Soprane.

Le ministre des Travaux publics soutenait que « Tout tracé doit répondre à des paramètres précis : la fonctionnalité de l’ouvrage, la rentabilité la création de l’emploi et de la richesse, la valorisation des richesses locales, la promotion du tourisme et de l’artisanat local, le désenclavement des régions …

Enfin, l’autoroute est une réelle locomotive de développement. Tous ces paramètres sont étudiés dans le cadre d’une analyse multicritères. Le tracé des 15 km à l’intérieur du parc d’El Kala prend en charge cette analyse avec tous ces critères intégrant parfaitement le volet environnement et écologie non seulement dans un cadre de préservation, mais aussi dans celui de la promotion. C’est pour cette raison qu’il est justement prévu que les régions qui sont arides soient boisées. Et c’est la raison pour laquelle nous avons appelé cette autoroute, l’autoroute verte ».

L’aspect paysager à l’honneur

Ainsi, la faune, la flore, les eaux et le site sont pris en charge, d’après le membre du gouvernement, en harmonie avec les communes à l’intérieur du Parc d’El Kala. Des passages pour les animaux, des murs anti-bruit, des bassins, des systèmes de sécurité pour les automobilistes, des système de protection contre les incendies sont programmés.

La notion d’autoroute verte est censée travailler à préserver et promouvoir l’environnement. Les surfaces incultes seront récupérées et boisées dans le cadre du couloir de l’autoroute. Du moins, ce sont les ambitions déclarées du ministère de tutelle.

Peut-on concilier le développement des grandes infrastructures de ce genre-induisant de grandes activités économiques, un fort trafic automobile et des nuisances connues dès le départ- avec le souci de la conservation de la flore, de la faune et des sites naturels ?

C’est là le grand défi de l’autoroute du nord algérien, particulièrement dans sa partie orientale connue pour son relief fortement boisé et habité par une faune spécifique.

Dès l’élaboration du tracé de l’Autoroute, les service locaux de l’administration des forêts ont eu à gérer, sur l’ensemble des wilayas traversées par cet ouvrage, le dossier de l’emprise de l’Autoroute sur les terres forestières relevant du domaine national. Enregistrés sur des plans cartographiques, les espaces cédés à l’emprise de l’Autoroute seront soustraits de la gestion de l’administration des forêts. Quant aux terrains privés occupés par l’ouvrage, leurs propriétaires ont été indemnisés selon la procédure applicable en pareille situation qui suppose l’argument de l’utilité publique au même titre que les assiettes des ouvrages hydrauliques (barrages).

Néanmoins, une grande partie de l’autoroute Est-Ouest traverse des terrains dénudés, parfois sous forme de talus de pente douce, parfois des falaises et d’autres fois encore des terrains plats.

En tout état de cause, et selon la conception des responsables de l’Agence nationale des autoroutes, ces espaces doivent impérativement être pris en charge en matière de boisement pour deux raisons essentielles : La protection de l’autoroute et de ses ouvrages d’art sur ces flancs contre toute forme de dégradation, d’érosion et d’éboulement ; ensuite, l’embellissement du couloir autoroutier aussi bien sur les tronçons plats (paliers) que dans les virages.

Le même souci prévaudra pour les terrains attenant aux ouvrages d’art (viaducs, ponts, tunnels,…). Le souci technique et la vision paysagère commandent de définir d’abord les espèces d’arbres qui s’adaptent aux différents types de sols traversés ; puis, il faudra introduire une certaine vision artistique et paysagiste qui agrée aux utilisateurs nationaux et aux touristes étrangers de l’autoroute en matière de forme, d’ordre, de couleur et de disposition.

Ces paramètres supposent également un bon choix pour ce qui concerne les pépinières d’élevage de plants. De plus en plus, le souci de diversifier les espèces selon les exigences de la commande se fait remarquer au niveau des pépinières algériennes.

Une grande partie d’entre-elles combinent production de plants forestiers, d’alignement, fruitiers et floraux.

Amar Naït Messaoud

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