Une semaine mouvementée dans le versant sud de la wilaya

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Routes coupées, rassemblement de jeunes chômeurs, fermeture d’APC, démantèlement de lieux de débauche sont autant d’événements qui ont secoué le versant sud-ouest de la wilaya de Tizi-Ouzou en allant des Ouadhias, par Aïn Zaouia jusqu’à Aït Yahia Moussa et Tizi-Gheniff. Durant toute la semaine, des citoyens venus de nombreux villages ont procédé à la fermeture de leurs mairies et même des axes routiers.

A commencer par Tizi-Gheniff, depuis mardi dernier, les habitants de la cité dite de la gendarmerie, en raison de sa localisation à proximité de la brigade, ont exigé des autorités de leur APC de leur attribuer des lots de terrains au lieu de logements dans le cadre de la résorption de l’habitat rural. « Quand ils ont démoli notre cité en 2006, on nous a promis des habitations individuelles sur le site. Des années sont passées, la promesse n’est pas tenue. Et aujourd’hui, on nous propose des logements sociaux. Nous refusons cette offre car avant la démolition de nos habitations, nous avions de l’espace et maintenant si on accepte d’aller vers les logements, nous serons confinés dans des immeubles », nous a confié un recasé au sein de l’ex Capcs. Le lendemain, mercredi, d’autres citoyens d’Ameddah sont venus avec une plateforme de revendications où ils demandent le gaz naturel et d’autres commodités. Deux jours de suite, la mairie est fermée et aucune solution n’est encore trouvée. Du côté de Aïn Zaouia, les habitants des quartiers hauts ont fermé la mairie durant trois jours depuis le mardi dernier pour réclamer le bitumage de la route qui mène vers leurs habitations. Même si la RN 30 est bloquée, rien n’y fit. A Draâ El Mizan, tout juste pour un tronçon de route parsemé de nids de poule, les riverains ont bloqué la route, si bien que les autorités ont vite réagi en appelant à le rescousse une entreprise pour la réfection des dégradations. A Aït Yahia Moussa, des jeunes chômeurs ont initié un rassemblement devant l’APC afin que les responsables locaux transmettent leurs doléances au sujet des emplois. Du côté de Mechtras, après l’arrestation de douze filles dans un bar clandestin par les services de sécurité des jeunes ont riposté avec des projectiles avant de rallier la ville de Boghni où ils ont fait quand même de l’agitation. Tous ces mouvements de protestation n’ont pas vu de solutions concrètes. Une chose est sûre: les élus locaux reconnaissent que les revendications de leurs concitoyens étaient légitimes et qu’ils n’avaient rien entre les mains pour répondre favorablement à toutes ces doléances. « Comment voulez-vous répondre à toutes ces revendications alors que la meilleure de nos APC ne dépasse pas pour l’exercice en cours de cette année les deux milliards de centimes pour les PCD? », s’est interrogé un maire. Celui de Frikat, où la mairie a été fermée au début du mois par les habitants d’Imazgharène, reconnaît la justesse de leur mouvement tout en déplorant la manière avec laquelle sont posées ces revendications. « Ce n’est pas en fermant une route, un siège de daïra ou une mairie qu’on va régler les problèmes. Les élus veulent beaucoup plus de moyens car leurs concitoyens n’ont aucune autre institution à qui s’adresser si ce n’est leur maire », a ajouté cet interlocuteur. Du côté des personnes que nous avons approchées pour nous donner leur avis sur ces agissements, leurs points de vue divergent. « Il n’y a pas un équilibre entre les régions du pays, entre les communes et entre même les villages. Chacun tire la couverture de son côté. Les revendications des citoyens ne sont jamais prises avec rationalité ni avec concertation avec les associations et comités de villages. Il faudrait une refonte dans la manière de partager les projets », pense ce militant d’un parti politique. « Les prérogatives des maires sont très limitées. Mais dès que les citoyens demandent la présence des directeurs de wilaya, des sorties sur terrain sont vite recommandées accompagnées de fiches techniques. Et maintenant, cela devient une habitude. Il y a même des responsables qui poussent leurs concitoyens à procéder de la sorte car ils savent pertinemment qu’avec ces mouvements, nombreux sont les problèmes de leurs communes qui seront réglés « , tel est l’avis d’un ex élu à Draâ El Mizan. En tout cas, ces mouvements de protestation causent de nombreux désagréments aux autres. A Draâ El Mizan, à titre d’exemple, quand les citoyens de Maâmar avaient bloqué la RN 25 cinq jours durant, les gens ont fait des dizaines de kilomètres et des centaines de dinars de dépenses supplémentaires pour rejoindre Tizi-Ouzou. « Je suis agent de nettoyage à la gare routière de Tizi-Ouzou. Durant la semaine, je me levais à cinq heures du matin pour transiter par les Issers et je payais chaque jour deux cents dinars de plus sinon je serais révoqué par mon chef. Personne n’a pensé à nous », nous a dit ce malheureux éboueur.

Amar Ouramdane

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