Le G 44 est le premier détachement de la garde communale de Saharidj à avoir étécréé à l’échelle nationale. Composé de 44 éléments d’où l’abréviation, et installé officiellement le 19 novembre 1994, ce détachement a été en réalité mis sur pied bien auparavant, soit en mars 1994, et a immédiatement fait parler de lui en s’engageant corps et âmes dans la lutte anti-terroristes en tenant la dragée haute aux hordes des sinistres Hassen Tayeb dit Hadj Tayeb et son acolyte Limam Malek, tout deux premiers émirs de la région (daïra de M’Chedallah).
Ces deux émirs étaient derrières la constitution des premières phalanges terroristes dans cette région en puisant dans les milieux des militants et sympathisants locaux du FIS dissous. En 1994, ils avaient réussi à enrôler 33 terroristes dont chacun prenait la tête d’un groupe avec lequel ils ont commencé sans perdre du temps à mener des actions de violence contre une population sans défense. Une population qui a répondu favorablement à l’appel de l’Etat qui l’a invitée à restituer ses fusils de chasse pour les soustraire à la convoitise des hordes sanguinaires.
Ce qui a motivé la constitution des G44 de Saharidj, sont les exactions des terroristes qui se sont attaqués à plusieurs citoyens de la localité qu’ils ont violentés et rackettés. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, est le fait que la sériâtes de Hadj Hassen (originaire d’Ath Mansour) s’en est prise au siège de l’APC de Saharidj qu’ils ont incendié avec le parc communal mitoyen, en août 1993.
La réaction de la population ne s’est pas fait attendre, le temps de s’organiser, soit 4 jours plu tard, l’ensemble des habitants des 7 villages que compte la commune de Saharidj s’est regroupé au chef-lieu communal un mardi, jour du marché hebdomadaire à M’Chedallah, pour organiser la première marche contre le terrorisme à l’échelle nationale, jusqu’au siège de la daïra de M’Chedallah sur une distance de 7 km à travers la forêt d’Achaivou, en bravant et défiant les hordes sanguinaires par des banderoles et slogans criés à gorges déployées pour rejeter le terrorisme.
Une marche historique qui a drainé des milliers de citoyens qui, une fois arrivés devant le siège de la daïra, n’avaient qu’une revendication en bouche : la restitution de leurs armes pour se défendre contre les hordes barbares.
La réaction des autorités ne s’est pas fait attendre devant la détermination de ces citoyens qui ont brisé le mur de la terreur. Pour pallier au plus urgent et parer à d’éventuelles représailles, il a été décidé le jour même de dépêcher une section de l’ANP en parallèle à l’affectation d’une brigade de la gendarmerie, ce qui paraissait insuffisant pour la population qui est revenue à la charge pour réclamer des armes.
Une initiative qui a fait germer l’idée de la création des groupes autodéfense qui s’est concrétisée quelques semaines plus tard sous la pression des citoyens. C’est ainsi que le premier groupe dénommé G44 a vu le jour à Saharidj.
Des jeunes recrutés sur place au grand soulagement de la population qui a massivement adhéré et contribué sans réserves à la lutte anti-terroristes, ce qui explique en partie les hauts faits d’armes et les exploits de ces G44 avec à leurs tête un ancien maquisard et non moins chef de brigade de gendarmerie en retraite, Aami Moussa Boukrif en l’occurrence.
Ce groupe devenu par la suite détachement de la garde communale, a empêché grâce à sa bravoure et son engagement, les sbires de Hattab de faire du maquis de Thala Rana un 2e Zbarbar, comme il a été arrêté dans leur plan de guerre. Une stratégie dévoilée après récupération des documents dans les casemates, ce qui a fait redoubler d’ardeur aux jeunes loups des G44 de Saharidj qui les ont délogés de ce maquis, ancien PC des forces de l’ALN.
Un maquis que les forces coloniales n’ont jamais réussi à nettoyer ni occuper en raison de sa position stratégique imprenable. Une première offensive menée en 1995 par les G44 contre ce maquis, s’est soldée par la destruction d’un campement composé de 6 tentes et d’une importante logistique et ce, après avoir chassé comme des lièvres les groupes terroristes qui occupaient les lieux. Cela, pour ne citer qu’un haut fait d’armes parmi des centaines d’autres opérés durant les années de braises.
Ce groupe héroïque a payé comme tous ses collègues des autres régions, un lourd tribut pour son engagement à défendre la république : 8 éléments étaient tombés au champ d’honneur les armes à la main, 3 autres sont handicapés à vie… en 2000 ; le chef du détachement parti en retraite a passé la main à un autre guerrier «aguerri» en la personne de Lebaal Aïssa.
Que l’on raconte ce que l’on veut à propos de ces détachements de la garde communale, l’histoire retiendra que sans leurs engagements aux cotés des forces de sécurité (pour écraser l’hydre intégriste militairement vaincue en 1998), l’Algérie ne serait jamais ce qu’elle est aujourd’hui.
Oulaid Soualah

