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La reprise dans la chanson kabyle : Phénomène à double tranchant

Par Abdennour Abdesselam:

Le phénomène de la reprise dans la chanson kabyle est à double tranchant. Il inquiète les uns et rassure les autres en même temps. L’inquiétude se rapporte au fait que d’une part le phénomène risque de transfigurer le produit original. Il peut également mettre en péril la création en l’étouffant et en installant une forme de paraisse. D’autre part, la reprise peut rassurer car elle peut permettre de dépoussiérer d’anciennes chansons oubliées, non connues ou seulement méconnues du nouveau et jeune public. Ainsi, la reprise peut conférer une seconde vie à une œuvre surtout lorsqu’elle est relancée dans son intégralité musicale, rythmique et textuelle particulièrement avec l’introduction d’arrangements que permettent les nouveaux instruments et moyens techniques modernes d’enregistrement. En effet, les studios actuels offrent de surfer sur des dizaines de pistes à la fois à l’enregistrement. C’est dire la performance galopante en matière d’évolution pendant que les anciens centres d’enregistrement n’offraient pas plus de deux pistes. La plupart des anciennes chansons ont été enregistrées ainsi. Les avis sont donc partagés aussi bien chez le public que chez les artistes mais d’une manière informelle. En l’absence d’une institution artistique, une académie de la chanson ou plus généralement des arts en général par exemple, qui classe, qui diffuse, qui archive et qui fait la promotion du patrimoine, et assure l’équilibre, les deux positions restent difficile à cerner. Aussi, nous notons que le débat n’a jusque- là jamais eu lieu autour de ce phénomène de la reprise qui nous permettrait de pouvoir donner une appréciation autrement plus précise et plus poussée sur le sujet. L’ONDA, l’Office national des droits d’auteurs, qui réglemente et assiste le monde artistique en terme de droits, devrait être plus présent dans ses actions et décisions sur le sujet. La confrontation des avis et des idées des uns et des autres, professionnels et intervenants du secteur, nous renseignera encore plus sur la nécessité ou l’inutilité de la reprise dans la chanson kabyle. En attendant, de jeunes artistes s’essaient à imiter des maîtres probablement comme rampe de lancement pour une carrière tant souhaitée en projection. Ils sont nombreux parmi eux à être suivis et écoutés par le jeune public avec lequel ils se façonnent une complicité qui s’installe aisément.

Abdennour Abdesselam (kocilnour@yahoo.fr)

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