Flux et reflux suspects de mendiants

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Ils disparaissent et réapparaissent de manière fort remarquable. On a du mal à se frayer un passage parmi eux, dans l’étroite ruelle qui longe l’hôpital donnant sur l’arrêt de bus. Cela même quand les conditions atmosphériques chassent les piétons vers des abris, eux restent figés, chacun à sa place habituelle, comme collés au sol, insensibles à la pluie battante ou aux tempêtes de vent. Parmi cette alignée de mendiants, on constate des femmes qui serrent dans leurs girons des nourrissons, des personnes âgées et autres handicapés moteurs. Ils disparaissent ensuite durant des jours, ne laissant derrière eux que des cartons, seule trace de leur occupation des lieux. Brusquement, la ruelle devient aussi…vide qu’une cellule sans meubles. D’autres fois, ils s’éparpillent à travers la ville et envahissent les cafés, les boulangeries ou les placettes animées par des marchands de fruits et légumes, sillonnant chacun un espace bien déterminé comme s’ils s’étaient tracé leurs terrains de chasse respectifs. Peu bavards, hormis le «lexique professionnel», composé d’implorations et bénédictions, ces mendiants s’entourent d’un air mystérieux, qui crée une distance entre eux et le reste du public. Un mystère renforcé par une certaine discipline collective dont ils font montre comme s’ils obéissaient a des règles strictes ; c’est à croire qu’ils sont gérés par une seule personne. Pourquoi ces fréquentes irrégularités dans leur comportement ? Ce refus de communiquer avec ceux qui leur adressent quelques phrases réconfortantes par pure compassion ? De là à penser qu’ils ne sont pas libre de leurs gestes et mouvements, il n’y a qu’un pas à faire. Le cas de deux jeunes mendiantes, avec des nourrissons en bas age, une situation relatée et dénoncée dans ces mêmes colonnes et qui ont aussitôt après disparu pour ne plus réapparaître, renforce cette thèse de «mendicité organisée», sachant que la majorité sont de jeunes femmes qui cachent mal leur…bonne santé ou leurs gourmettes et autres boucles d’oreilles en or. Une chose est sûre, la plupart de ces mendiants sont loin d’être ordinaires avec leur air mystérieux et leur comportement plutôt bizarre. Un état de fait sur lequel doivent se pencher les services en charge de la voie publique au même titre que ceux de la santé en raison particulièrement de la présence des nourrissons.

Oulaid Soualah

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