La wilaya de Bouira, à l’instar des autres wilayas du pays, est touchée par un grave manque de liquidités. En effet, les bureaux de poste sont à sec, et les citoyens ne savent plus que faire devant cette situation qui dure et perdure depuis quelque temps déjà.
A travers les quelques bureaux de poste visités, on retrouve toujours les mêmes scènes, à savoir des citoyens désappointés, des guichetiers dépassés par le flux incessant de clients.
Parmi les bureaux de poste visités, il y a celui de l’Ecotec; en arrivant sur les lieux, aux alentours de 14h00, on se rend vite compte qu’il n’ y a aucun espoir de toucher le moindre centime. La file d’attente est interminable.
Dans une ambiance de résignation générale, on interroge quelques clients exaspérés, Mouloud, 31ans fonctionnaire, nous répond : « Ecoutez, il y a rien à dire, on est tous ici à attendre, et pour être franc avec vous, je commence en avoir ras- le- bol, c’est ma deuxième tentative; hier, j’ai passé la journée à faire la queue, mais en vain ». Même son cloche de la part de Hassan employé de son état : « Que voulez- vous que je vous dise ? On fait aller, on n’a pas trop le choix, cela fait bien longtemps que ça dure, on commence à se faire une raison ». Pendant ce temps, une rumeur fait état d’une livraison de billets frais, à la poste de Draâ El Bordj. Plusieurs personnes n’hésitent pas une seconde pour s’y rendre. Une fois sur place, on s’aperçoit qu’il s’agissait bel et bien d’une rumeur…Mais cette dernière a déjà parcouru tout Bouira, vu le nombre impressionnant de citoyens qui s’agglutine devant le bureau de poste. Un jeune homme exaspéré nous interpelle : « Ne te fatigue pas, l’argent s’est déjà évaporé ». On lui demande de s’expliquer, il répond : « La poste a bien été approvisionnée, je l’ai vu de mes propres yeux. Mais les guichetiers l’ont distribué à leur convenance ». Un autre jeune du quartier confirme ces propos, en disant : « Tout le monde le sait, les guichetiers font du piston ». Les esprits commencent à s’échauffer, les nerfs finissent par lâcher, les citoyens qui se trouvent à l’intérieur de la poste bouillonnent de colère et d’incompréhension. Face à cette situation qui devient ingérable, mais surtout intolérable, on se dirige vers la commune Ain Bessam avec l’infime espoir de trouver un bureau de poste disposant encore de quelques billets de banque, mais sans grande surprise, on se heurte aux mêmes scènes, aux mêmes files d’attente, et à la même grogne chez la population. Même la poste centrale de Bouira n’échappe pas à cette crise, dés la grille d’entrée, on aperçoit une foule innombrable qui fait la queue, espérant une hypothétique livraison.
En pénétrant à l’intérieur, c’est pire ! Le bureau est plein à craquer, une cohue indescriptible anime les lieux, les guichets sont pris d’assaut par une clientèle lassée et désabusée. Chacun prend son mal en patience comme il le peut, d’autres finissent carrément par abandonner, voyant devant eux une telle affluence. Nous interrogeons un citoyen sur cette situation, il répond : « Je suis ici depuis 10h du matin et jusqu’a maintenant, j’attends toujours ! Je suis au bord de la crise de nerfs ». Nous répond – il sèchement, un autre plus philosophe rétorque : « On y peut rien, cette crise est générale, il faut s’armer de beaucoup de patience, et se dire si ce n’est pas aujourd’hui, c’est demain ». Son ami qui se trouve à côté lui répond : « Mais la patience a des limites ». Dans cette effervescence, une voix s’élève plus que les autres et avec un ton ironique,, s’exclame : « Que faut-il faire pour percevoir son argent ? S ‘immoler par le feu ?». C’est un quadragénaire très agacé nous allons le voir, pour lui demander son avis, et il ne se fait pas prier pour nous le livrer : « Dans quel pays on vit ? C’est insupportable, faire la queue durant des heures pour retirer une minable somme, à la fin on nous dit, il n’y a pas d’argent ! Vous trouvez que c’est normal ? J’ai une famille à nourrir avec une somme dérisoire et quand je vais la retirer, on nous envoie balader comme des mendiants ». De tous les bureaux de poste visités, et les propos recueillis, on peut se faire une idée sur la lassitude et le désarroi des citoyens face à ce manque de liquidités dans les bureaux de poste.
Ramdane B.