De l’eau nauséabonde dans les robinets à Takerboust

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Asticots, vers de terre, sable, terre, algues et divers autres objets flottants non identifiés, sont la composante de l’eau qui coule des robinets dans les foyers

du village Takerboust, dont de nombreux citoyens nous ont fait part lors de la couverture, jeudi dernier, de la célébration de la journée mondiale de lutte contre la tuberculose qui s’est déroulée à la polyclinique de cette localité

Après avoir vérifié de visu ce cas relaté en ouvrant un robinet au hasard au CEM Thazaghart Achour, nous nous sommes rendus sur le lieu de captage de ce répugnant liquide. Spontanément, de nombreux citoyens se sont portés volontaires pour nous accompagner comme s’ils n’attendaient que cette proposition. Ce qui souligne, de façon claire, l’inquiétude qui hante ces citoyens à cause de ce breuvage pollué qui constitue une véritable menace pour la santé de leurs familles. Après avoir marché durant 1,5 km, suivant une piste complètement défoncée, nous débouchons sur un ravin, au lieudit Assif Aghvalou, dont une cavité naturelle prolongée en amont par une petite plate-forme en béton de 6m sur 5 est utilisée pour le captage à l’aide d’un tuyau de 120 en PVC dont l’extrémité est plongée dans l’eau, sans aucune forme de protection, ce tuyaux alimente 20 m en amont une sorte de regard de répartition protégé par des couvercles en fer. Soulevé l’un des couvercles laisse apparaître une plaque de grillage en matière plastique, utilisée en guise de filtre, appliquée sur la sortie de la canalisation, seulement, les maillages de cette plaque sont trop larges et ne retiennent que les branchages, quand au reste des impuretés, elles s’infiltrent facilement et arrivent aux robinets, cette cavité de captage n’étant pas protégée par une clôture, est accessible à tous ceux qui veulent s’abreuver ou piquer une tête pendant la saison chaude. Tout autour de cette cavité (Thamda en Kabyle), on remarque toutes sortes de traces fraîches d’animaux qui viennent se désaltérer tel que les sangliers, les chacals, les porc épiques…De nombreux citoyens s’étonnent de la présence de poils noirs qui sortent des robinets, ils affirment qu’un âne qui s’est noyé dans cette cavité a été découvert il y a quelques années flottant en décomposition avancée. Parmi nos accompagnateurs, se trouve un agent du paramédical qui exerce à la polyclinique de Takerboust qui affirme, de son coté qu’environ 40% de la population de ce village qui avoisine 30.000 âmes, est atteinte de maladies des reins (coliques néphrétiques) à cause de cette eau, il nous apprendra aussi que le personnel de cette structure de la santé utilise des compresses en guise de filtres pour boire l’eau du robinet, il notera qu’après seulement quelques minutes, ces filtres de fortunes sont bouchés et il faut renouveler l’opération et les changer plusieurs fois par jour. Ce qui choque dans toute cette histoire, c’est qu’en empruntant la piste pour nous rendre à ce point de captage, nous avions remarqué plusieurs sources naturelles aux débits importants qui jaillissent sous terre et qui se perdent inutilement dans la nature, nos interlocuteurs évoquent la présence de dizaines d’autres sources identiques dans les parages. Sur un autre volet, à quelques 200m en aval du captage, existe un endroit façonné par la nature en retenue collinaire auquel ne manque qu’une légère digue sur la partie inférieure pour obtenir un immense réservoir d’eau qui pourrait irriguer des milliers d’hectares de terrains agricoles. En attendant que les pouvoirs publics se penchent sur cet inadmissible cas d’AEP à Takerboust, les malheureux citoyens n’ont qu’à prendre le mal en patience, faire la chaîne au dispensaire pour soigner leurs reins et vivre avec l’angoissante crainte d’éventuelles épidémies. L’actuel Wali est-il au courant de cette catastrophe qui cause chaque jour des victimes.

Oulaid Soualah

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