Le phénomène de la mendicité atteint des proportions alarmantes au niveau de la wilaya de Bouira. À chaque coin de rue, à chaque terrasse de café partout où il y a une certaine affluence, on les retrouve, postés comme des sentinelles, à l’affût d’une âme naïve. En effet, ces mendiants opèrent par groupe, chacun d’eux choisit un territoire, l’occupe, l’exploite, comme le ferait un commerçant chevronné. On prend exemple sur une zone qui s’étend de la placette Rahim Gallia au quartier de Harkat, dans ce périmètre, opèrent six mendiants, chacun couvre une zone bien précise, et gare à celui qui ose marcher sur les plates bandes de l’autre ! Un autre exemple qui illustre bien cet esprit professionnel, et ce terme n’est pas galvaudé à proximité de la gare routière, il y a deux groupes de mendiants : l’un est de service la matinée, l’autre dans la soirée. Le pactole de la journée est divisé en parts égales, c’est incroyable, mais vrai ! En plus d’être bien organisés, ces pros de la manche, ont une faculté de physionomiste hors du commun, ils décèlent en un coup d’œil la tête du «bon client», c’est-à-dire, celui qui va mettre la main à la poche, sans se poser de question. Cependant, il existe quelques brebis galeuses, qui refusent de se soumettre aux règles de la communauté. Ceux-là sont très vite mis à l’écart, et leur zone d’activité remise à d’autres, plus disciplinés. Les citoyens n’y prêtent même plus attention ; ces mendiants font partie du paysage de la wilaya de Bouira. Et endiguer ce phénomène relèverait du miracle, car malheureusement il est bien implanté dans notre société. En partant de ces faits, on peut tirer la conclusion suivante : La mendicité est devenue un travail comme un autre, avec ses règles et son éthique, les mendiants sont bien organisés, avec un mode opératoire bien huilé.
Ramdane B.
