Des PCD revus à la baisse

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290 millions DA. Le même tarif pour chacune des 52 communes de la wilaya de Béjaia en matière de PCD (Plan communaux de développement) de l’année en cours. Soit près de 100 millions de dinars de réduction en comparaison avec la dotation 2010. C’est un cinglant démenti d’une certaine opinion naissante qui veut que l’Etat alloue des sommes faramineuses que les collectivités peinent à consommer. C’est en même temps, un mystérieux hiatus avec le vecu plitico-social local. Alors que les chapitres pris en charge par le PCD sont ceux justement qui motivent la plupart des protestations populaires, on en vient à rogner sur un budget qui peut pourtant neutraliser bien des alibis de tension : routes, AEP, aménagements, etc. Le maire de Darguina estime simplement que les sommes allouées sont insignifiantes, celui de Barbacha en tire la lecture d’un signal de néantisation des Assemblées élues. Interviews.

M.B.

Mohand Sadek Akrour, P/APC de Barbacha

« L’Etat veut des Assemblées populaires amorphes »

Suite à la débâcle des budgets PCD alloués aux APC, le maire de Barbacha à grande majorité PST, nous livre ses impressions sur ces enveloppes qu’il considère comme du simple saupoudrage destiné à étouffer les prérogatives des élus.

Quel est le montant du PCD alloué cette année à votre commune ?

Notre commune, à l’instar de toutes les communes de la wilaya de Béjaia n’a eu droit qu’à un montant dérisoire de 290 millions de DA, une somme qui a été déterminée par une simple équation de division des 150 milliards de centimes attribués à notre wilaya pour ses 52 municipalités. C’est dire aussi que notre wilaya est faiblement financée si l’on prend en compte les sommes colossales que l’Etat se targue à annoncer pour financer des méga projets ça et là.

Quelles est donc votre lecture ?

Ma lecture qui s’avère certainement celle de tous les élus locaux des communes est simple et claire, chaque année, l’on constate malheureusement que le budget des PCD se rétrécie. Manière d’étouffer davantage les prérogatives des maires et de tous les élus qu’on envisage mettre au placard pour arriver à installer des Assemblées populaires amorphes. Sinon comment peut-on attribuer le même montant des PCD à toutes les communes, seul budget gérer par les APC, sans prendre en compte les spécificités de chacune puisqu’elles en existent. Je cite, à titre d’exemple, ma propre commune de Barbacha qui est classée 31émme à l’échelle de wilaya en matière de superficie 84km2, puis 12éme en population, ajouter en outre la nécessité d’attraper le cumul de retard dans le développement. Cela dit, les besoins ressentis par chaque commune, car toutes sont à mon sens lésées, ne sont pas respectés par nos dirigeants.

Mais il y’a d’autres plans de financement pour y remédier ?

Techniquement oui, mais Je viens de vous dire que le PCD est le seul budget mis entre les mains des élus locaux, et ses derniers n’ont aucun droit de regard sur les autres programmes. Attribuer des pouvoirs de financements des communes aux services de l’Etat n’a fait qu’encourager quelques cadres des subdivisions à créer leurs propres entreprises, tout ça est une politique malsaine.

Vous appelez à une démarche collective et solidaire, cela veut dire quoi ?

Nous sommes des élus de tendance socialiste, nous œuvrons toujours à une gestion participative. Ce qui sous-entend que le développement de la commune est avant tout l’affaire de ses citoyens. A travers notre appel, nous voulons aussi créer un rapport de force, mais dans la sérénité totale, avec notre mouvement associatif afin d’atteindre l’objectif visant à rattraper le retard que connait notre commune. Maintenant que le budget PCD est alloué il doit par ailleurs être renforcé par ceux relevant des budgets sectoriels, FCCL, budget de wilaya ou encore les fameux PPDRI que l’Etat avait beaucoup chanté pour les mettre par la suite aux oubliettes. Ce qui nous a aussi révoltés c’est que le pouvoir est en train de faire dans le populisme par distribuer des sommes faramineuses d’argent aux jeunes chômeurs à travers l’ANSEJ et autres organismes sous prétexte de les aider à créer leurs propres entreprises alors que la meilleure façon d’absorber le chômage est d’attribuer cet argent au secteur public, pourquoi ne pas songer même à recréer les entreprises communales pour assurer l’embauche au niveau local et renflouer les caisses des communes qui vivent au goutte à gouttes des subventions de l’Etat. Nous sommes en train de subir les conséquences de l’ultralibéralisme aveugle du pouvoir que je rejette énergiquement. Nos citoyens seront associé à toute démarche, et s’il y’a engagement de la part des élus d’autres communes, nous allons coordonner nos efforts avec eux jusqu’à demander le départ de ce système gangréné. Enfin, je vois qu’aux yeux de l’Etat les députés sont les seuls élus du peuple.

Propos recueillis par Nadir Touati

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