Le secteur des transports à Bouira est à la traîne et n’est plus en mesure de répondre à une demande de plus en plus croissante.
En effet, ce secteur connaît une certaine stagnation, il suffit juste de s’attarder quelques instants sur les files des usagers qui attendent devant les abris bus, la gare routière et autres arrêts. Cependant, on observe une situation paradoxale sur les routes de la wilaya. Elles fourmillent de transports urbains en tout genre, bus, minibus, et autres petites fourgonnettes jaunes, appelées par les Bouiris «capsules», allant même à créer des embouteillages au sein des agglomérations. Ce paradoxe laisse perplexe, plus d’un! «Je ne comprends pas comment autant de bus qui circulent, ne sont pas en mesure de transporter tout le monde. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond», s’interroge Sihem, une fonctionnaire rencontrée devant le terminus de la place Gallia. A cette même place, un chauffeur de minibus tente d’expliquer ce phénomène : «Il y a un déséquilibre dans la distribution des lignes de desserte. Bouira ville regorge de lignes, ce qui est loin d’être le cas pour les autres localités. Vous savez, on est comme tous les citoyens, on veut travailler pour peu qu’on nous donne les moyens, tout le monde nous met des bâtons dans les roues, notre direction, les policiers». Faisant un arrêt pour embraquer des clients à bord, un motard lui signale qu’il doit déguerpir au plus vite, notre chauffeur s’insurger : «Vous avez vu ? C’est ce que je vous expliquais. C’est un arrêt réglementaire, pourtant cet agent me dit de dégager au plus vite». Demandant la raison à cela, il rétorque : «Il (le motard) laisse la place à ses connaissances, c’est scandaleux !». Arrivant au terminus, il propose de nous conduire à Aïn Türk. Une fois sur place, l’ambiance est tout autre. Fini les embouteillages, point de bus ni de fourgonnettes, mais les files d’attentes des citoyens sont toujours les mêmes. S’interrogent sur les raisons de ce manque en cette localité qui est toute proche du chef-lieu de la wilaya, l’interlocuteur explique : «L’affectation des lignes est disproportionnée. Ici, c’est un moindre mal, si vous voyez d’autres localités plus reculées, vous seriez sans voix !». Pourtant la wilaya de Bouira a mis en service les bus de l’ETUB, pour essayer de faire face à la demande des citoyens, mais le moins qu’on puisse dire est que ces bus ne rencontrent pas un franc succès auprès des usagers. Toufik, déclare à ce sujet : «Ces bus sont flambants neufs, bien équipés. Cependant, ils peinent à trouver une clientèle du fait du prix de la place, 15 da alors que le privé est à 10 da. Les citoyens ne sont pas prêts à mettre 5 da de plus pour le même trajet, le confort ne compte pas pour faire quelques mètres ou kilomètres». Autre point noir, les transports ferroviaires de proximité le terme tâche noire est plus adéquat, tant le déficit enregistré au niveau de la wilaya est énorme, il est carrément inexistant. Abd El Rahman, un jeune passager, dit à ce sujet : «Le transport ferroviaire de proximité serait très bénéfique pour notre région, ce moyen de locomotion désengorgerait nos routes de manière significative et faciliterait grandement le déplacement des citoyens, c’est un projet essentiel que les pouvoirs publics doivent impérativement lancer». Aux abords de l’arrêt de bus de El Esnam, c’est toujours la même scène qui se répète, attente puis bousculade à l’arrivée d’un bus. Pas de quartiers! Tous les moyens sont bons pour avoir une place. Une fois à l’intérieur, un citoyen lance : «Sotti, Negez, Tebaa, bech t’Voyager ». Traduction : il fauter sauter, faire des pirouettes, pousser, afin de voyager. Une vieille boutade concernant le sigle de la SNTV, qui est toujours d’actualité. Une situation qui montre les carences et le manque de vision des autorités de la wilaya concernant ce secteur, qui reste en deçà des attentes de la population.
Ramdane B