(4e partie et fin)
Quand le roi vient s’enquérir par lui-même et qu’il s’attend à l’exécuter, il est étonné de trouver les toits recouverts de blanc. Content du travail accompli, le jeune homme lui dit pour la troisième fois.- Khed’magh ayen id nidh efk iyi illi-k’ thoura ay ag’ellid’ n-etmourth-a ! (J’ai fait ce que tu m’as demandé, maintenant donne-moi ta fille, ô roi de ce pays !)- C’est encore trop tôt petit, les épreuves ne sont pas encore terminées, il te faut à présent trouver sa chambre dans les dédales du palais. Tu as toute une journée pour la chercher. Si tu ne la trouves pas, ton sort est scellé. Le jeune homme se retire. Tout seul, il se met à réfléchir à la complexité de cette quatrième épreuve.Le labyrinthe du palais, s’il y rentre, il se perdra et ne ressortira jamais. En proie à ses sombres pensées, il se souvient de l’ongle, que le diable lui a confié. Il allume un feu et le jette au milieu.Aussitôt, le diable avec sa queue et ses cornes apparaît. Après lui avoir expliqué ce qu’il attend de lui, le diable se met à rire et lui dit :- “Ayagi d’ayn isahlen !” (ce qu’il te demande est facile !)Guidé par le diable, le jeune homme trouve la chambre de la jeune fille sans difficulté. Content du travail accompli, le jeune homme lui dit pour la quatrième fois :- “Khed’magh ayen id nidh efk iyi illi-k’ thoura ay ag’ellid n-etmourth-a ! (j’ai fait ce que tu m’as demandé, maintenant donne-moi ta fille, ô roi de ce pays !)- C’est encore trop tôt, jeune homme, il te reste encore une dernière épreuve à passer, si tu réussis, je t’accorderais la main de ma fille. Demain, je donne une réception au palais, toutes les femmes seront voilées. Ta tâche consiste à trouver ma fille. Si tu te sens incapable de la trouver, renonce maintenant, il est encore temps, si tu ne veux pas avoir la tête tranchée ! Réfléchis bien à ce que je te dis, jeune écervelé !“Ô roi, la mort ne me fait pas peur. Pour épouser ta fille, je suis prêt à perdre la vie !”N’étant pas parvenu à le dissuader, le roi lui demande d’accomplir la cinquième épreuve.Reconnaître Loundja, la fille du roi au milieu de centaines de femmes voilées, n’est pas une mince affaire. Le jeune homme se sent incapable de le faire. En proie à de sombres pensées, il se souvient du dard de l’abeille qui lui a été confié. Il allume un feu et le jette au milieu. Avant qu’il ne brûle complètement, des abeilles se présentent à lui pour l’aider. Après leur avoir expliqué ce qu’il attend d’elles, elles lui disent :- “D’ayen isahlen i noukenti ! (c’est facile pour nous !). Quand la cérémonie commencera, tu verras la plus grosse d’entre-nous virevolter autour de la fille du roi.Le cœur serré, le jeune homme voit défiler devant lui toutes les femmes du palais, emmitouflées dans des voiles immaculés. Il les scrute une par une, soudain son cœur bondit, une imposante abeille virevolte au-dessus de la tête d’une jeune fille élancée, richement habillée. Il s’approche du roi et lui désigne la fille.Content de l’avoir trouvée, le jeune homme lui dit pour la dernière fois :- “khed’magh ayen id nidh, efk iyi illik’ thoura ay ag’ellid n’etmourth-a ! (j’ai fait ce que tu m’as demandé maintenant, donne-moi ta fille, ô roi de ce pays !)- Cette fois-ci, tu as gagné, ma fille est à toi, jeune homme intelligent et endurant. Tu es digne de faire partie de ma famille !Le mariage entre le jeune homme et Loundja est célébré pendant sept jours et sept nuits. Après quelques mois passés au palais, pris de nostalgie, le jeune homme décide de rentrer chez lui en compagnie de sa femme. Ses parents et ses voisins sont heureux de le voir se métamorphoser. Il est désormais une personnalité, sur laquelle on peut compter. Son passé de mauvais garçons est enterré à jamais.“Our kefount eth’houdjay i nou pour kefoun ird’en tsemz’ine. As m-elâid’ ametch ak’soum ts h’em’zine ama ng’a thiouanz’iz’ine. » (Mes contes ne se terminent, comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’Aïd, nous mangerons de la viande avec des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).”
Benrejdal Lounès
