Depuis les premiers travaux de Boulifa sur la culture berbère et les textes littéraires de Belaid Aït Ali en kabyle jusqu’aux recherches et aux productions littéraires de ces dernières années, des générations de poètes, d’intellectuels, d’écrivains et d’animateurs culturels ont apporté des pierres à l’édifice de la revalorisation et de la promotion de la culture berbère. Chacun dans son domaine, chacun dans sa langue d’expression –en kabyle ou en français-, certains de ces repères constiuent même le soubassement intellectuel de la revendication berbère. Toute recherche de soi, tout soulèvement contre le déni et l’injustice, tout effort tendu vers la réappropriation de sa propre identité et vers son inscription dans l’orbite de la modernité et de l’universalité requièrent imparablement la présence d’un substatum intellectuel, d’un brain-storming, dont le produit peut prendre plusieurs formes d’expression (poésie, recherche linguistique, recherche anthropologique,…).
Le hasard de la disponibilité de la matière et l’étroitesse de l’espace nous ont fait porter sur un panel de cinq noms ayant un rapport direct avec l’émergence de revendication berbère. Les autres noms, et ils sont nombreux, ont également un grand mérite, même si certains d’entre eux ne bénéficient pas encore des hommages et des éclairages auxquels ils ont droit.
Par Amar Naït Messaoud :
Jean El Mouhouv Amrouche
Le génie précurseur
Il fait partie de ceux qui, avec sa sœur Taos, ont préparé le terrain à la prise de conscience berbère qui se produira d’une façon fulgurante dans les années 1970 et 1980. Né en 1906 à Ighil Ali (Béjaïa), il meurt le 16 avril 1962, soit près d’un mois après l’indépendance.
Écrivain francophone accompli, Jean Amrouche parle de ‘’monstres culturels’’ pour définir sa condition double d’héritier de la culture kabyle et d’intellectuel français, de religion chrétienne et de famille élargie musulmane, de créateur qui tient à la fois de l’art poétique berbère et de la littérature internationale, comme le rappelle l’analyste Daniela Merolla.
Mais, comme il l’avouera plus tard, il ne sait pleurer qu’en berbère. C’est la langue des intimes profondeurs et de l’insondable moi. C’est pourquoi il a eu une oreille attentive aux légendes, poésies et récits que lui a transmises, de façon naturelle et spontanée, sa mère, Fadhma Ath Mansour Amrouche. Sur ce plan, Jean El Mouhouv constituera le complément incontournable de sa sœur, Taous.
Son livre intitulé ‘’Chants berbères de Kabylie’’ (1939) constitue l’une des premières entreprises de la réhabilitation de la culture orale. Il inspirera beaucoup d’autres écrivains pour rechercher à leur tour des pans de culture ensevelis sous la patine des siècles.
Ces Chants recueillis de sa mère matérialisent quelque part ce lien filial, affectueux avec la mère considérée comme un des maillons de la longue chaîne des aèdes de Kabylie. ‘’Je ne saurai pas dire le pouvoir d’ébranlement de sa voix, sa vertu d’incantation’’, dit-il à propos de Fadhma Ath Mansour. Il ajoute : ‘’Mais, avant que j’eusse distingué dans ces chants la voix d’un peuple d’ombres et de vivants, la voix d’une terre et d’un ciel, ils étaient pour moi le mode d’expression singulier, la langue personnelle de ma mère’’.
Poésie souvent anonyme, dite dans des circonstances particulières de la vie dure et austère des habitants de Kabylie, ces Chants ont pu trouver le creuset fertile dans la sensibilité et la plume de Jean El Mouhoub qui en a fait un bréviaire précieux en traduction française.
« (Ma mère) chante à peine pour elle-même ; elle chante surtout pour endormir et raviver perpétuellement une douleur d’autant plus douce qu’elle est sans remède, intimement unie au rythme des gorgées de mort qu’elle aspire. C’est la voix de ma mère, me direz-vous, et il est naturel que j’en sois obsédé et qu’elle éveille en moi les échos assoupis de mon enfance, ou les interminables semaines durant lesquelles nous nous heurtions quotidiennement à l’absence, à l’exil, ou à la mort », avoue Jean El Mouhoub.
En introduction à la réédition de ‘’Chants berbères de Kabylie’’ dans ses deux versions kabyle et française, Tassadit Yacine écrit : « Publier donc la version originale de ces textes, c’est à coup sûr réaliser le vœu profond du poète, de celle qui les lui a dictés et, par-delà eux, celui des hommes et des femmes pour qui ces musiques et ces rythmes sonnent comme l’écho des voix profondes sans lesquelles ils ne seraient pas ce qu’ils sont ».
Mouloud Feraoun
Support didactique pour l’enseignement de Tamazight
Dans l’entreprise de réhabilitation de la langue berbère en général et du kabyle en particulier, quel meilleur outil, que l’œuvre de Mouloud Feraoun, se prête à l’exercice de traduction ? Certains parlent même de travail de restitution tant le texte de Fouroulou ‘’respire’’ partout la Kabylie mais aussi la langue kabyle. Les lecteurs kabyles du ‘’Fils du pauvre’’ ou des ‘’chemins qui montent’’ se retrouvent aisément non seulement en raison des scènes et tableaux familiers auxquels ils ont affaire, mais également en raison d’une langue française au travers de laquelle défile en filigrane la langue kabyle : formules consacrées, locutions idiomatiques tirées du terroir et d’autres repères linguistiques jettent des ponts entre deux cultures à la manière de l’écrivain lui-même situé- dans un évident déchirement- à la jonction de deux mondes, deux civilisations dont il a voulu être le lien solidaire. Cette fidèle dualité lui a valu non seulement des inimitiés, mais aussi, fatalement, l’irréparable verdict de l’extrémisme ayant conduit à l’assassinat de l’écrivain humaniste.
Presque tous les jeunes kabyles amateurs de traductions ont commencé par les textes de Feraoun. Dans leur penchant naturel à rendre Feraoun dans sa langue maternelle, ils ne se sont pas encombrés de cours de traductologie ni de la thèse académique qui dit ‘’traduire, c’est trahir’’.
Le travail accompli par Moussa Ould Taleb en traduisant en kabyle un des piliers de la littérature algérienne de langue française a le grand mérite d’ouvrir la voie vers cette ‘’restitution’’ légitime de l’univers de Feraoun, Mammeri, Ouary et, pourquoi pas, de Dib et Kateb.
Édité en 2004 par le Haut Commissariat à l’Amazighité l’ouvrage de Ould Taleb portant le titre ‘’Mmis n igellil’’ (Le Fils du pauvre) est présenté dans une ‘’Tazwert’’ par Youcef Merahi du HCA. L’on peut largement admettre comme percutante la traduction dès le moment où la simplicité et la rigueur ont visiblement présidé à cette entreprise. Il s’agit de taqbaylit timserreht (kabyle courant) avec une ‘’dose’’ gérable et acceptable de néologismes. Beaucoup de ‘’traducteurs’’ sont tombés dans le travers de l’emploi excessif de mots nouveaux tirés d’un lexique en cours de création.
Au moment où la langue berbère voit ses importance s’accroître dans l’institution scolaire et au moment où les supports technologiques de la culture modernes (télévision, multimédia,…) commencent à prendre en charge la culture et la langue berbères, la production de textes comme celui de Moussa Ould Taleb revêt un caractère stratégique. Il s’agira de fournir à l’école un support narratif de qualité en langue berbère, un domaine très déficitaire jusque-là et de ‘’meubler’’ les instances de créations audiovisuelles en produits littéraires de fiction.
Mouloud Mammeri
Tamousni et son rayonnement
Dans le panorama des hommes et des femmes qui ont contribué au combat pour la culture berbère, Mouloud Mammeri occupe une place exceptionnelle. Dépassant sa condition d’écrivain-romancier de langue française, il sera l’intellectuel par excellence dont l’objet de recherche demeure la voix et la voie des ancêtres de la tamazgha (Berbérie). Plus loin que ces efforts de recherche, Mammeri développe un projet de réhabilitation de notre culture, sorte de projet civilisationnel à l’échelle de tout un peuple. Après les articles qui relèvent de l’anthropologie culturelle publiés dans diverses revues pendant la période 1940-1960, Mammeri, dans le sillage du cours de berbère qu’il assurait jusqu’en 1974 à l’Université d’Alger, publiera une grammaire berbère (Tajarrumt) et aménagera l’alphabet latin pour s’en servir dans l’écriture du berbère. Cette écriture, Tamaâmrit, aura tout de suite les faveurs de la jeunesse kabyle qui l’adopter a définitivement…dans la clandestinité.
Trois ouvrages de l’auteur feront remonter du fond de l’histoire le patrimoine kabyle oral, et ce sera une véritable révolution dans les milieux culturels et universitaires. Par l’intermédiaire d’autres porteurs de messages de revendication, le contenu de ces livres connaîtra un destin particulier par une diffusion exceptionnelle. En effet, la matière de ‘’Les Poèmes de Si Mohand’’ (1969), ‘’Poèmes kabyles anciens’’ (1979) et ‘’Cheikh Mohand a dit’’ (1989), ouvrages qui ont coûté plusieurs dizaines d’années de travail, a atterri pratiquement dans tous les foyers et chaumière de la Kabylie.
Dans toutes les tribunes qu’il lui sont offertes ou qu’il a arrachées, Mammeri se fera le défenseur impénitent de la culture berbère. Il le fait dans la sérénité avec des arguments scientifiques de poids et une honnêteté sans faille. En voulant réhabiliter la culture berbère, Mammeri est convaincu qu’il s’inscrit dans l’universalité.
En réponse à une question de l’intellectuel Abdallah Mazouni, Mammeri affirme « Ce que vous appelez ma berbérité fait justement la profondeur de mon algérianité. Je crois profondément aux valeurs universelles et je crois aussi que le meilleur citoyen du monde est d’abord celui qui est profondément ancré dans un coin de cette terre où les hommes ont une couleur de cheveux, un timbre de voix, une teinte de rêve, un poids de sentiments et quelquefois hélas, de préjugés. Être fidèle au meilleur de soi-même est la bonne façon d’être fidèle aussi aux autres (…). Croire que nos passions et nos idéaux sont irrémédiablement liés à l’usage d’une langue, c’est justement tomber dans le piège de ceux qui, naguère, voulaient nous nier, c’est faire de ce que nous pensons et éprouvons des réalités d’ordre ethnographiques, des objets morts de musées, c’est nous classifier et nous couper, par là même de la grande famille des hommes. Je m’inscris en faux contre cette vision aussi rétrograde, aussi peu digne d’une culture véritable, qu’elle soit occidentale, islamique, chinoise ou indoue. Ce qui arrive de profond aux hommes, en quelque endroit de la terre qu’ils se trouvent, intéresse tous les hommes ».
Rappelons que Mammeri est l’homme par qui l’étincelle d’avril 1980 s’alluma. Le 10 mars 1980, étant invité à donner une sur le dernier livre qu’il venait de publier chez Maspero, ‘’Poèmes kabyles anciens’’, il sera intercepté par un barrage de police à 3 km avant Tizi Ouzou. La wali justifiera ce geste en disant que cette conférence risquait de porter atteinte à l’ordre public. On sait, par la suite, par qui et par quoi l’ordre public sera troublé.
Matoub Lounès
Barde, animateur et mémoire culturelle
Assassiné depuis bientôt dix ans, Matoub demeure cette personnalité iconoclaste, atypique et impertinente dans laquelle se reconnaît la majorité des jeunes de Kabylie. Son aura et son charisme- qu’il n’a pas usurpés- ne sont pas prêts à subir l’usure du temps ou la patine des jours.
Pendant les chaudes et douloureuses heures du Printemps noir de 2001, ses chansons ont été les hymnes qui ont accompagné la révolte des jeunes, rythmé les cérémonies présidant aux réunions des Aârchs et ranimé l’esprit de combat et de sacrifice de la jeunesse insurgée orpheline de la personne de Matoub. Sur toutes les bouches, fusait cette question exclamative : ‘’Et si Matoub était là encore vivant !’’. La question n’avait rien d’insensé. Tout le monde savait la fougue de l’engagement du poète pour toutes les causes justes et contre toute sorte de tyrannie. L’on savait qu’il était capable de se jeter physiquement- après l’avoir tant chanté dans ses poèmes- dans le combat. Il l’avait fait auparavant ; ce qui lui coûta une longue hospitalisation avec une multitude d’opérations chirurgicales, l’enlèvement par le GIA et, enfin, l’assassinat sur la route de la montagne.
Plus qu’un simple phénomène culturel exclusivement lié à la chanson et à son mode d’expression, loin du show biz connu sous les cieux agités de l’Occident, l’attachement à l’idole Matoub est un fort symbole, une forme d’identification historique et culturelle, une plongée dans les mythes fondateurs de la Kabylie et un porte-étendard de la résistance à l’oppression et à l’arbitraire.
La vérité est que le travail accompli par les maîtres et les savants (les amusnaw modernes), à l’image de Mouloud Mammeri, pour la réhabilitation et la promotion de la culture berbère n’était pas accessible directement au commun des citoyens. Bien que Dda Lmulud eût déployé des efforts surhumains au début de l’ouverture démocratique- alors qu’il avait allègrement franchi le cap des 70 ans- pour porter le plus loin possible le message d’une renaissance amazigh, la mission avait bien besoin de médiateurs culturels agissant directement sur le terreau social existant sans sophistication intellectuelle ni complication conceptuelle. Ce fut le rôle joué naturellement par les hommes d’art et de culture de la trempe de Matoub Louenès.
Avec les mots simples de la tribu- auxquels il redonna sens et puissance -, il parvient à toucher toutes les franges de la société par ses belles métaphores, ses colères justifiées ou circonstancielles, ses envolées lyriques, ses poésies épiques et ses mélodies alliant authenticité et originalité.
Matoub devint un mythe de son vivant auprès des jeunes kabyles à la recherche de repères et de confiance en soi. Ses chansons étaient et sont toujours exécutées et répétées dans les fêtes, dans les écoles, dans les ateliers de travail. Elles sont écoutées à la maison, dans la voiture et sur la voie publique. Elles sont psalmodiées sur le frêne qu’on effeuille, sur l’olivier qu’on gaule et sur les bancs de l’école qu’on boude. Elles sont entonnées à gorge déployée et à poitrine bombée pendant les marches et manifestations. Elles sont susurrées a capella dans les chambres nues d’adolescents chagrinés, dans les cuisines de jeunes filles déscolarisées et dans les turnes et piaules silencieuses des cités universitaires.
Aucun espace public ou privé n’échappe à la matoubania. Son assassinat a été ressenti comme l’un des plus grands drames qu’ait eu à connaître la Kabylie depuis l’indépendance du pays. Dix-neuf ans après Amzal Kamal et trois ans après Matoub, Guermah Massinissa a ouvert un nouveau martyrologe kabyle qui s’élèvera à 126 morts. Il faut avoir un cœur d’airain et une foi qui ébranle les montagnes pour ne pas désespérer, pour ne pas faillir, pour ne pas défaillir. Et c’est tout l’enseignement de Matoub, allant dans le sens de la pugnacité de la bravoure et du dévouement total, qui est fait sien par la nouvelle jeunesse de Kabylie afin de forcer les horizons à s’ouvrir et le destin à s’accomplir.
Lounis Aït Menguellet
L’innovation poétique au service de la culture
Des premières chansons sociales, dont le texte est parfois pris de Si Muh U M’hand, aux textes très élaborés d’inspiration philosophique, en passant par les chansons d’amour qui ont fait vibrer la jeunesse des années 70 et les poèmes d’engagement politique, un fil conducteur noue ses épissures tout au long de cette œuvre unique dans la poésie kabyle moderne. Faute de pouvoir le désigner autrement, ce fil sera désigné tout simplement ‘’la magie de l ‘’asefru’’. C’est le grand Jean El Mouhouv Amrouche qui donne une définition à la fois simple et chargée de sens de ce qu’est le poète. Il disait : « Le poète est celui qui a le don d’asefru ». On sait ce que ce terme représente dans la culture kabyle : le verbe issefruy signifie à la fois expliquer, expliciter, rendre intelligible, dénouer l’énigme.
Les pièces poétiques d’Aït Menguellet deviennent de plus en plus élaborées par le recours à l’abstraction. Cette dernière met en scène les cas les plus généraux qui puissent se poser à l’homme où qu’il soit. Cette forme de paradigme d’accès à l’universalité n’exonère nullement le texte des repères et indices de l’algérianité et de la kabylité qui, d’ailleurs, lui servent de soubassement premier.
Après les poèmes qui disent le désenchantements et la désillusion qui ont succédé à la guerre de Libération (par exemple Amjahed, Ayagu), ‘’Amacahu’’ (1982), tout en continuant à développer cette thématique, amorce une aventure intellectuelle qui se poursuit avec un égal bonheur jusqu’à la dernière production ‘’Tawriqt Tacebhant’’(2010). Cela ne signifie guère que les œuvres telles que ‘’Al Musiw’’ ou ‘’Ayagu’’ aient manqué de pertinence ou de profondeur. Ces deux albums porteurs de sens et de puissance ont une place privilégiée dans l’histoire de la poésie kabyle du fait que le premier a précédé le soulèvement de la Kabylie en avril 1980- il en donne même les premiers signes et a joué un grand rôle dans l’éveil de la conscience politique et identitaire-, et le second a succédé à cet important événement et en il exprime les désenchantements et les espoirs.
Quatre ans après avril 1980, Aït Menguellet scrute d’un œil critique, acerbe, voire même pessimiste, les horizons des principales revendications de la Kabylie. Avec ‘’Ayaqbaïli’’, il exprime la grande désillusion de la population devant un mouvement qui, tout en ayant arraché le droit à l’expression publique de l’identité berbère, demeure aux yeux de tous inabouti.
Ayant pris de la clairvoyance et du monde désillusionné de Si Moh U M’hand les éléments les plus saillants, s’étant inspiré de certains penseurs universels- comme Machiavel et Ibn Khaldoun- qui désignent pour nous les raisons et les mécanismes des troubles de l’humanité du goût de domination et des motivation de la tyrannie des hommes, Aït Menguellet demeure néanmoins cet observateur averti qui fait de son village de montagne ce ‘’microcosme’’ à partir duquel il ‘’lit’’ les grands enjeux et les multiples défis qui se posent à l’homme.
Avec un esprit d’humilité et de modestie- que nous retrouvons chez tous ceux qui savent que, face au néant et devant la vanité du monde, nous ne savons rien-, il n’a pas eu toujours eu l’heur d’être compris. ‘’Si je me suis trompé de chemin, je ne suis, après tout, qu’un être humain ; peut-être ai-je mal soupesé’’, lance-t-il à un frère à qui il a voulu exprimer la responsabilité de tous dans une faillite générale.
Le verbe de Lounis Aït Menguellet peut légitimement être considéré comme celui d’un intellectuel d’un nouveau genre : à la sapience traditionnelle kabyle, il a ajouté et greffé l’apport de la culture universelle avec une harmonie qui élève le tout au rang de littérature originale. Et c’est à ce titre que ses pièces poétiques peuvent prétendre dignement à l’enseignement dans nos classes.
Depuis l’expression de la fougue amoureuse et les tabous entourant ce sujet au cours du début des années 1970 jusqu’à la réflexion sur le sort de l’humanité et le sentiment de l’absurde dans ses dernières productions, en passant par la chanson sociale et politique, notre poète a voulu dire l’homme dans toute sa dimension, sa nudité ses angoisses, ses illusions et ses espoirs.
Amar Naït Messaoud
iguerifri@yahoo.fr

