Agée de 26 ans et originaire du village Ihadadhen dans la commune de Maâtkas, Ouiza Moklat, 1,75 m et 65 kilos, est une sportive agile, souriante et féminine, mais sur le tatami, c’est une combattante intraitable. Son riche palmarès et ses multiples titres, au niveau national et international, le confirment aisément. Rencontrée à Maâtkas, lors de son exhibition à l’occasion de la célébration du Printemps berbère, elle a tenu à nous accorder cet entretien.
Dépêche de Kabylie : Pour commencer, voulez-vous vous présenter à nos lecteurs.
Moi, c’est Moklat Ouiza, une jeune fille Kabyle de 26 ans du village de Haddada, dans la commune de Maâtkas. En somme, une jeune fille comme toutes les autres, qui aime les arts martiaux. D’ailleurs je ne vis que par les arts martiaux et pour les arts martiaux. Je suis également une T S en informatique.
Pouvez vous, à présent, nous parler de vos débuts dans les arts martiaux ?
J’ai commencer ici à Maâtkas dans la discipline de Vo Vietnam en 1998, avec le club SCS Akhalaf. J’ai réussi à gagner ma 2éme dan et ma première médaille d’or mondiale, à Paris en 2004. Après cela, mon club a mis la clé sous le paillasson pour des raisons que j’ignore encore. Le VO Vietnam a disparu de Maâtkas. Une grosse déception, certes, mais, je ne me suis pas découragée pour autant. Les arts martiaux étaient ma passion et j’avais refusé de mettre, précocement, fin à ma carrière. J’avais toujours compris que j’étais faite pour être une athlète de performance. Avec une famille formidable et un père plus que présent, compréhensif et qui m’encourageait toujours à aller de l’avant, je me suis mise à la recherche d’un autre club.
Vous en avez bien sur trouvé un…
J’en ai trouvé mais pas à Maâtkas, et même pas dans la même discipline. On m’a parlé d’une autre discipline à Tizi-Ouzou, c’est le Vovinam Vo Dao (La voix des arts martiaux Vietnamien). Une discipline qui a plusieurs ressemblances avec le Vo Vietnam. Le club Bleue Kabylie de Tizi-Ouzou, drivé alors par l’entraîneur Boukhari Rachid, un universitaire qui sait bien ce qu’il fait et qui maîtrise son sujet, m’a accueilli dans en 2006. Il m’a été d’un grand apport sur le plan sportif et éducatif. Bien sûr, à l’entraînement, je me donnais à fond. Je me sentais bien dans ma peau lorsque je m’entraînais. Le Vo vinam Vo Dao s’est incrusté définitivement en moi. Je ne pouvais pas rater une séance d’entraînement et, même en étant fatiguée ou souffrante, je m’entraînais quand même, et le paradoxe c’est qu’à la fin de la séance, je me sens beaucoup mieux.
Revenons à votre riche palmarès et le secret de votre réussite…
Avec Bleue Kabylie, j’ai gagné la coupe d’Algérie à Biskra en 2008 ; et c’est à partir de là que j’ai été sélectionnée en équipe nationale. J’ai du, encore, changer de club pour rallier Alger où se déroulaient les entraînements et les stages de l’équipe nationale. De 2008 à 2011, j’ai gagné sept titres de championne d’Algérie et trois coupe d’Algérie. Au niveau continental, j’ai gagné la coupe Euro Afrique en 2008 à Bordeaux (France) et j’ai pu monter sur la plus haute marche du podium lors du championnat d’Afrique de Dakar (Sénégal) en novembre 2009. En Août 2010, j’ai réussi à rafler trois médailles de bronze en Allemagne (Dortmund) lors du dernier championnat du monde dans la catégorie des plus de 60 kilos, dans les trois épreuves (Combat, Self défense et Kaimokwine). La compétition était très serrée et le niveau très élevé. De plus, s’était en plein Ramadan. Avec l’aide de Dieu, la volonté et une bonne préparation, on a pu honorer toute l’Algérie et hisser haut les couleurs nationales. Concernant le secret de ma réussite, il n’ y a pas de potion magique. Vouloir et pouvoir ont pour moi le même sens, à condition de s’y mettre corps et âme. Le travail, le sérieux et l’assiduité sont des paramètres avec lesquels il ne faut jamais s’amuser. Ils sont déterminants.
Votre prochain cap c’est quoi ?
Actuellement, je me prépare avec mon équipe de l’Olympique Bourouba pour la coupe d’Algérie qui se tiendra, normalement, en juin prochain à la Coupole d’Alger et puis, il y’a la coupe d’Afrique en novembre au Burkina-faso. Nous tacherons de bien travailler pour revenir avec le trophée et, ainsi, honorer toute l’Algérie. Je m’attelle aussi à fonder une section, ici avec la JSC Maâtkas, pour assurer la relève et vulgariser le Vo Vinam Vo Dao.
Vous ne craignez pas une baisse de
votre niveau, ici à Maâtkas ?
Absolument pas. D’abord, je poursuivrai mes entraînements normalement, avec mon club de Bourouba, et bien sur avec l’équipe nationale. Je dois certes effectuer des déplacements fréquents à Alger, ça me prendra un peu de temps et un peu d’énergie, mais la vie est ainsi faite. Il n y a jamais de fumée sans feu. Avec la JSCM, j’essayerai de fonder une section qui reprendra le flambeau et qui défendra les couleurs locales et nationales.
Que vous a donné le Vo Vinam Vo dao ?
Déjà la santé l’ouverture de l’esprit et la capacité de faire face aux multiples aléas de la vie. J’ai pu, également, voyager à travers tout le pays et dans le monde, et ’ai côtoyé du beau monde. Concernant le coté matériel, le ministère de la jeunesse et des sport nous encourage d’une manière continue et conséquente. Quant aux autorités locales et wilayales, pour le moment, nous ne voyons rien venir. Et puisqu’on en parle, je saisi l’occasion pour leur lancer un appel afin de nous venir en aide. Les bons résultats ont un prix et il faut s’en acquitter.
Votre dernier mot…
Déjà un grand merci à la Dépêche de Kabylie. Un grand merci, également, à mes parents qui n’ont à aucun moment cessé de me soutenir et de croire en moi. D’ailleurs, sans leur apport et leur confiance je ne serai jamais arrivée à ce stade. Pour finir, il faut rendre à César ce qui lui appartient, mes entraîneurs, mes coéquipiers et tous ceux qui me sont venus en aide, et ils sont tellement nombreux que je ne peux tous les citer, je leur dirai simplement Tanemirt. Je souhaite, également, que notre pays devienne un havre de paix et de progrès où le sport, la culture et la tolérance seraient Rois.
Entretien réalisé par Hocine Taib