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Le président de la République sera aujourd’hui l’hôte de la ville des Genêts, donc de la Kabylie. Cette visite, qui entre dans le cadre de la campagne d’explication de la charte pour la paix et la réconciliation, constitue un événement historique pour la région et le pays. Il y a si peu de temps, le chef de l’Etat à Tizi Ouzou, aurait été impensable, au vu des risques de dérapages que cela aurait provoqué !En accueillant aujourd’hui le Président, la Kabylie fait le bilan des relations entretenues avec les pouvoirs publics, avec le passif comme l’actif qu’une telle opération dicte.Abdelaziz Bouteflika, et ce, durant la campagne présidentielle de 1999, avait irrité la population de la région avec son “jamais” pour le statut de tamazight. Il y reviendra en 2004, pour la 2ème campagne présidentielle où il reçut un accueil chaleureux, malgré les prévisions des oiseaux de mauvais augure.Aujourd’hui, il revient dans la région avec un texte dans une main, et le bilan des relations avec elle de l’autre.Depuis son premier passage en 1999, Bouteflika a fait pour tamazight, ce qui n’a pas été fait durant 37 ans. Il a fait ce que dont les militants rêvaient 37 ans durant. La Kabylie sait que c’est sous son impulsion que tamazight est devenue langue nationale, et que ce statut a été voté à l’APN “b’la m’ziyet” les partis qui en avaient fait leur fonds de commerce.La Kabylie, tout comme l’ensemble des démocrates constatent l’entrée de la langue de nos ancêtres à l’école, et ce, dès la 4e année. Cette avancée est réalisée sous la gouvernance de Bouteflika, en plus du projet de télévision qui est en voie de finalisation.Ses détracteurs et opposants diront que ce ne sont là que des manœuvres, eh bien, nous, nous applaudissons et disons : “vive les manœuvres qui réparent les injustices historiques”.Cette question de tamazight mérite tout de même que l’on rajoute un commentaire. Pourquoi Bouteflika a-t-il été à l’opposé des courants dominants dans la société et dans les institutions qui ne voyaient pas (jusqu’à présent) d’un bon œil la constitutionnalisation de tamazight, si ce n’était une conviction chez l’homme.En accueillant le Président aujourd’hui, Tizi Ouzou garde encore en mémoire les années tristes du Printemps noir. La Kabylie reprend vie, après tant de souffrances et de larmes.Emeutes, barricades, assassinats, bombes lacrymogènes et autres cocktails molotov ont laissé place aujourd’hui à la quiétude, à la sérénité et à l’espoir. Quand le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia avait intervenu à l’APN en kabyle (la première fois dans l’histoire qu’un responsable de l’Etat parle en kabyle), il avait proposé d’ouvrir le dialogue avec les représentants du Mouvement citoyen, beaucoup n’y croyaient pas et l’accusaient de vouloir manœuvrer (encore !).Aujourd’hui la Kabylie accueille le président de la République qui a instruit son chef de gouvernement pour mener le dialogue avec les archs. Il sera accueilli alors que les premiers résultats positifs de ce dialogue l’avaient déjà précédé.Le président doit savoir également que durant la dernière élection présidentielle, en avril 2004, il avait remporté la première place et le plus gros des suffrages exprimés en Kabylie. Il doit savoir que depuis l’ouverture démocratique, il est le premier “candidat du système” qui gagne une élection en Kabylie, tout comme au sein de la communauté algérienne en France où les Kabyles sont majoritaires.Aujourd’hui, peut-être, que le mur de glace sera brisé quand la Kabylie et son président se regarderont les yeux dans les yeux.

Cherif Amayas

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