Omar El-Toumi, un combattant, une légende

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Figure de proue de la lutte de Libération nationale, Omar El-Toumi est né le 1er avril 1914, dans le village d’Iguer N’salem, à Iflissen, dans la Kabylie maritime.Il fut un militant de la première heure du MTLD, puis du FLN pendant la guerre de Libération, durant laquelle il a réussi en 1956 à mettre en œuvre une grande opération contre l’armée française qui finira par la récupération d’un lot important d’armes.En 1955, les forces coloniales élaborent un grand plan de guerre, connu sous le nom de Robert Lacoste, du nom de son promoteur, visant à venir à bout de la guérilla, menée par les éléments de l’ALN, qui commençait à nuire aux troupes françaises. Il s’agissait alors de créer une sorte de milice qui ira contrer les forces de l’ALN, croyant ainsi mettre à plat la résistance de tout un peuple. L’occasion pour les moudjahidine d’infiltrer ces milices et d’acquérir un armement important. El-Toumi fut alors désigné pour l’opération et alla proposer au capitaine, alors responsable du poste militaire d’Agouni Moussi (chef-lieu actuel de la commune d’Iflissen), de mettre sur pied un groupe de milice locale. Il fut servi en armes qu’El-Toumi distribua à ses supposés miliciens “amis” de la France. Et pour faire preuve de loyauté, El-Toumi exécuta de temps à autre des mouchards qu’il présenta aux Français comme des fellagas.La confiance fut totale entre les deux hommes. Un jour, il se présenta au Maublanc et prétendit qu’il était menacé par les fellagas qui seraient sur ses traces. Du coup, il reçoit un supplément de munitions, des balles signalétiques qui serviront à donner l’alerte en cas de menace effective. Le complot a mûri, il fallait passer à l’action.La nuit du 1er octobre 1956, El-Toumi disposa ses troupes en embuscade, pas loin du village d’Iguer N’salem, à quelques lieues seulement du poste d’Agouni Moussi. Aux environs de minuit, il tira des balles traceuses en guise de SOS qui devait faire venir les renforts de l’armée coloniale. Aussitôt, Maublanc arriva à la tête d’un long convoi, loin de penser qu’il allait subir un camouflet sans précédent. A peine a-t-il atteint le village qu’un déluge de feu s’abattit sur son convoi.El-Toumi tenait enfin sa “proie”. L’accrochage dura jusqu’au petit matin; le bilan fut de 25 à 30 soldats français tués ainsi que des dizaines de blessés, dont Maublanc lui-même qui eut la vie sauve en se réfugiant sous sa Jeep.Ce fut une hécatombe pour l’armée française. Vers six heures du matin, les troupes d’El-Toumi regagnèrent la forêt d’Agouni Ouzidoud, à la limite d’Azeffoun, véritable refuge des moudjahidine. Aussitôt alertées, les forces coloniales menèrent un vaste ratissage dans les lieux. En guise de représailles, quelques jours après, le village d’Iguer N’salem fut pillé et incendié par l’armée française. Omar El-Toumi, lui, pour mission accomplie, fut promu aspirant de l’ALN, puis responsable dans la région III en 1959, avant de tomber au champ d’honneur quelques mois après.Enfin, aujourd’hui, l’ancien lycée de la ville de Tigzrit porte fièrement le nom de ce glorieux martyr, devenu ainsi le premier édifice public à arborer le nom de cet homme aux exploits mémorables.

Hafid Azzouzi

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