De la Tunisie au Yémen en passant par la Libye, l’Egypte et la Syrie, Louisa Hanoune, chef de file du parti des travailleurs, voulait à partir de Béjaia où elle a animé hier, un meeting populaire à la Maison de la culture Taos Amrouche , livrer les dessous des cartes du printemps des révolutions arabes dont les processus et les conditions divergent, selon elle, d’un pays à un autre
Qu’en est-il de l’Algérie ? Sans exclure complètement l’effet dominos, l’oratrice a mis l’accent sur la prise de conscience du peuple algérien. « Le peuple algérien sait où il met les pieds ; il est mûr et intelligent ; il n’est pas aventurier au point de rééditer un scénario à la Libyenne » a-t-elle lancé à l’adresse de ses supporters, en soutenant que le processus de la révolution en Algérie est « authentique ». Elle a mis en garde au passage contre la répression des protestataires qui ne revendiquent que leurs droits.
« La révolution est un processus à l’image de Novembre 1954. En Algérie la société vit en mouvement permanent avec à l’avant-garde des travailleurs de tous les secteurs, des étudiants et tant d’autres franges. Des victoires ont été enregistrées et n’ont pas d’égal dans d’autres pays même en Tunisie où la révolution est toujours en marche. C’est une dynamique sans précédent et un processus qui tend de plus en plus à s’unifier » a-t-elle expliqué en précisant, comme pour décocher une flèche en direction d’Ahmed Ouyahia, que l’Algérie traverse bel et bien une crise politique.
Une crise politique d’après Louisa Hanoune héritée du temps du parti unique, d’où, a-t-elle plaidé la nécessité d’annoncer « des mesures courageuses » pour rompre avec la statu quo, la levée de tous les obstacles et, partant l’élection d’une Assemblée constituante représentative.
En ce qui concerne les réformes annoncées par le président de la République, la Trotskiste du PT a alterné satisfecit et réserves. « Le président de la République a implicitement reconnu lors de son discours du 15 avril l’illégitimité du Parlement pour amender la Constitution. Comment voulez-vous qu’un Parlement croupion, infesté de lobbys des affaires, puisse légiférer et doter l’Etat d’institutions issues d’élections incontestées. La révision de la Constitution par le parlement est inadmissible » a-t-elle dit, en ajoutant que la future constitution « serait élaborée par des partis influents » au mépris de la volonté du peuple.
L’interdiction des manifestations de rue dans la capitale a été aussi longuement évoquée par la conférencière qui estime qu’il « est injustifiée » et n’a plus lieu d’être de rigueur. « Rupture avec le statu quo » est le mot d’ordre du parti des travailleurs pour le renouveau.
Dans ce cheminement, le parti de Louisa Hanoune est en campagne politique pour clarifier, amorcer un débat inclusif et expliquer à ses militants et sympathisants les voies à suivre pour ne pas tomber dans le piège des puissances occidentales, qui visent à piller les richesses de l’Algérie.
« C’est une période charnière pour la refondation de l’Etat et l’ouverture d’un débat sur la constitution dans le cadre de l’élection d’une Assemblée constituante souveraine et l’avènement de la démocratie » a-t-elle préconisé.
Au chapitre des réformes économiques, la patronne du PT a plaidé en faveur de la sortie de l’Algérie de l’accord d’association avec l’Union européenne, la renationalisation des entreprises publiques bradées et la récupération des dollars algériens qui dorment dans les caisses du trésor américain pour soutenir les entreprises publiques.
« L’Argent public pour le secteur public » a-t-elle martelé en soulignant que le gouvernement doit agir en fonction de l’ordre des priorités. Amen !
Dalil S.

