Dur, dur d’être enseignant de nos jours, se plaigne-t-on, ces dernières années, dans ce secteur. L’amertume, le dépit, les jérémiades sont encore présents et plus forts en cette rentrée. Enseigner ? Quelle galère !! L’exclamation est la même, unanime. Si cette rentrée a ses manques, ses défaillances comme les précédentes (livres de certaines matières non encore disponibles, les programmes non encore remis aux professeurs du collège,…), elle se caractérise par des entraves flagrantes à une bonne reprise, voire tout simplement à une rentrée normale.Des établissements sans directeur par-ci (à l’image des CEM de Taslent et Daniele-Minne à Akbou), sans surveillant général et professeurs manquants par-là (comme exemple, le CEM de Taslent toujours, ouvert à Ighram cette rentrée). Le plus fort, c’est cet établissement où il est remis un même emploi du temps pour 2 professeurs (généré par le retard dans l’arrivée des affectations, nous expliquent les concernés). Où va notre école ? se lamente-t-on tant du côté de la rue que de celui du terrain éducatif. D’un autre côté, le ministre de tutelle est ferme, catégorique, intransigeant : il veillera sur la plus rigoureuse des applications de la réforme, mettant tous les moyens nécessaires au retour d’un contrôle le plus sûr et assurer une prise de sanctions opportune et impardonnable. Cependant, confrontés d’ores et déjà à des problèmes multiples, les praticiens de ce secteur doutent de mener, comme ils le souhaitent, leur mission. Peut-on réellement atteindre les objectifs escomptés quand on roule avec des emplois du temps asphyxiants aussi bien pour les enseignants que pour les apprenants ?, clame-t-on.Alors que les enseignants de français se lamentent encore sur un sort qui leur impose des horaires fleuves et des niveaux différents, voilà l’autre tuile qu’essuient, cette fois, les enseignants de la langue arabe.Alors que la 1ere année du collège se voit ajouter une heure dans cette discipline, le 1er palier voit son volume horaire élargi à l’extrême, notamment la 2e année. En plus précis, 1 heure de plus pour la 1ere année (donc 27 heures), 1 heure 30 min pour la 3e année (donc 28 h30) et… 2 heures 30 minutes pour la 2e année, donc… 29 h 30 min de galère. Le prof trime, l’élève étouffe n’ayant plus le temps de dire simplement “ouf”. Fourbu, le bambin jette, à peine la porte de la maison franchie, son cartable pesant des kilos, et qu’il a, la journée durant, pris sur le dos ou traîné suspendu à sa petite menotte. L’apprenant (l’enfant) en a marre du banc de classe au contact duquel il s’est fait des courbatures. Il en a marre de la cour qu’il hante dans la journée allant d’une matière à l’autre avec des heures creuses comme au lycée. Il en a marre de la maison où il aura encore à faire ses devoirs. “Les études, c’est bien beau. Qui ne souhaite la réussite pour sa progéniture ? Mais quand l’école se transforme en usine, où les cours se font à la chaîne, qu’il rejoint à la 1ere heure du jour pour ne la quitter qu’en fin de journée, quel plaisir y a t-il à s’y rendre ?”, nous disent des enseignants. Un autre enchaîne : “On nous force à faire de nos classes des garderies. Jugez-en : 5 à 6 classes pour un enseignant. Si on n’a que 30 élèves par classe, cela nous fait 150 à 180 apprenants à voir, souvent au quotidien. Pis encore !… 3 niveaux pour un même enseignant, c’est-à-dire plusieurs préparations avec des piles géantes de cahiers à préparer et à corriger. On n’a plus de vie propre, personnelle”. “Pour que l’enseignement que je dispense soit efficace, il me faut connaître à fond mes élèves. Or, comment avoir le temps de les connaître avec un effectif “escadron”. Il faut les numéroter”, ricane un autre enseignant (instituteur). Oui, revoir les programmes dans le sens meilleur, faire des réformes, c’est remarquable mais les appliquer dans des conditions aussi contraignantes, où enseigner devient une problématique sans solutions, c’est ne point garantir ces réformes de succès. Telle est la conclusion qu’unaniment partagent les différentes parties concernées directement par l’éducation des enfants
Taos Yettou
