L’urgence d’une prise en charge des handicapés

Partager

La situation dans laquelle se trouvent acculés les handicapés notamment des régions ne disposant pas de centres spécifiques pour cette catégorie de la société est loin d’être reluisante. En effet, comparativement au nombre d’handicapés recensés par les services concernés, le nombre de ces centres s’avère insuffisant, et se compte sur le bout des doigts. Et dans ce sens, les exemples ne manque pas. Les deux daïras de Seddouk et de Beni Maouche sont contraintes d’inscrire plus d’une centaine de leurs handicapés aux centres spécialisés de Timzrit, à cause de la saturation du centre d’Akbou pourtant plus proche. Ou encore le calvaire des parents d’enfant aux besoins spécifiques obligés d’inscrire ces derniers au centre d’Akbou. Et d’autres cas à l’image de cette fille de Oued Ghir affligée par le dédain et la passivité des services, sensés alléger le dur quotidien, frappant cette vulnérable frange de la société doublement écrasé par la peine et le chagrin accompagnant leur situation d’infirme. «Les handicapés soufrent d’une négligence extrême. Mon état nécessite une hospitalisation dans un centre de rééducation ou un service de médecine proche de ce dernier. J’ai besoin d’une chaise électrique roulante que les services concernés peinent à m’accorder. Je ne demande pas un logement ou une quelconque faveur, juste un peu de dignité envers nous. C’est notre droit de vivre dignement comme les autres», nous dit, les larmes aux yeux, Habiba, avant d’enchaîner d’une voix serrée : «Je tiens à remercier l’Association Défi de la ville de Seddouk qui ma beaucoup aidé dans mes démarches et m’a fait don de cette chaise roulante sur laquelle je suis assise aujourd’hui». Est-il concevable d’exiger de ces personnes d’effectuer des démarches pour une prise en charge dans un centre spécialisé ou bénéficier d’une chaise électrique roulante ou encore d’une allocation que le communs des mortels qualifie bien de misérable ? Un cas parmi plein d’autres qui ne manque point d’interpeller les autorités locales à tous les niveaux en vue de braquer un peux les yeux du côté de cette catégorie sociale meurtrie qui vit dans le dénuement absolu. A commencer par la réalisation d’infrastructures d’accueil pour ces derniers au moins au niveau des chefs-lieux de daïras afin de leur éviter les déplacements éreintants tout en engageant des procédures pratiques de prise en charge sérieuses et pérennes en prévision d’une réelle insertion socioprofessionnelle. Pour rappel, à ce jour, les services concernés de la wilaya de Béjaïa avancent le chiffre de 18 285 personnes dont la majorité sont des handicapés mentaux, soit 9 792 personnes contre 5 344 handicapés moteurs et 1 145 atteints de cécité. Le nombre de sourds-muets s’élève à 744 alors que 1 260 personnes sont polyhandicapées. Le même service indique que 10 185 handicapés ont une rente. 5 565 ont une pension de 100%, 4 383 bénéficient de l’AFS et 237 de l’IAIG. Une prise en charge des handicapés de la wilaya coûtant au trésor public quelques 423 720 000,00 DA, ajoute les mêmes services.

Mohamed Haddad

Partager