Perché tel un nid d’aigle à plus de 2 000 m d’altitude en haute montagne sur les flancs sud du Djurdjura, le plus grand village d’Afrique accuse un flagrant manque d’infrastructures culturelles pour accueillir et abriter les énormes potentialités en la matière que renferme ce village dont le seul emplacement et le paradisiaque panorama sont des sources intarissables d’inspiration. Une inspiration tirée de l’état brute et vierge de toute souillure d’un patrimoine ancestral plusieurs fois millénaire, jalousement gardé et protéger dans son giron par la sainte Lala Khedidja et dont les dignes fils et filles d’Aghbalou ont jugé le moment venu d’exploiter dans toute sa superbe et majestueuse dimension, comme le confirme cette pléiade d’artistes qui se dévouent corps et âmes à cette inestimable richesse en y mettant cœur et talent. Que l’on juge : le Aârch Aghbalou comptabilise 10 chanteurs, 20 poètes, 6 artistes peintres, 3 écrivains, 1 chorale, 2 troupes théâtrales, 2 monologuistes, 3 animateurs (dont une fille), 1 troupe de danse folklorique et enfin 20 musiciens professionnels. La majorité sont des professionnels, et cela sans tenir compte des amateurs. Malheureusement, l’explosion culturelle qui s’est produite dans cette région a reçu peu ou pas du tout d’écho de la part des pouvoirs publics, sinon comment expliquer qu’à ce jour, Takerboust ne dispose pas d’un centre culturel, condition première pour capitaliser et valoriser ces énormes potentialités culturelles qui ont dépassé pour la plupart l’envergure régionale et bien parties pour s’imposer sur la scène national sinon au-delà. Cette série d’artistes a brillé grâce à son talant, son amour de l’art et la pureté du produit qu’elle nous propose. Des artistes galvanisés et propulsés par la population locale avide de ce genre d’activités dans ce coins perdu de la haute Kabylie. Des membres de l’association de Wilaya de l’activité des jeunes et du tourisme (AWAJT) originaires de Takerboust, nous tracent un tableau peu reluisant quand à la prise en charge du volet culturel par les autorités locales. Ils avancent pour preuve l’annulation d’une bonne sinon de la meilleure partie de leur ambitieux programme de la semaine culturelle du 17 au 21 mai en cour. Des manifestations lancées en collaboration avec l’association culturelle Itran. L’annulation était due à l’échec du président de cette association de décrocher une autorisation auprès de la direction de l’éducation pour mettre à sa disposition le CEM pour abriter ces activités, une autorisation qui ne peut en toute logique être accordée durant cette période d’examens scolaires. De nombreux artistes nous apprennent qu’ils procèdent aux répétions en rase campagne, en plein air. Les membres de l’association précisent que la plupart de leurs activités sont organisées dans les salles de cafés que les propriétaires mettent gratuitement à leur disposition, l’unique salle polyvalente de Takerboust étant occupée à plein temps par des sections sportives qui y pratiquent diverses disciplines. Pourtant, s’indignent dépités nos interlocuteurs, il existe bien d’anciens édifices publics à Takerboust qui ne nécessitent que quelques retouches et rénovations pour être exploités provisoirement en attendant l’inscription d’un centre culturel, à l’image de l’ancien siège de la garde communale qu’ils disent abandonné et en voie de dégradation ou encore l’ancien centre de santé occupé à l’heure actuelle en guise de logement de fonction par un médecin de l’EPSP. Ces jeunes affichent une volonté à toute épreuve et se disent déterminés à ne pas baisser les bras jusqu’à obtenir gain de cause et arracher ce qui est leur plein droit, celui de disposer d’un centre culturel.
Oulaid Soualah
