L’idée de la conception du fameux Bouddhade jade remonte à 1987 lorsque Phra Viriyang décida de tailler un bouddha dans l’un des matériaux les plus nobles et les plus solides existant sur terre, le jade.
C’est ainsi que Phra Viriyang se rendit, plusieurs fois, au Canada, dans l’espoir de trouver le jade néphrite, nécessaire pour la sculpture de l’insolite et exceptionnel bouddha dont il rêvait. Malheureusement, il ne trouva rien à sa convenance. Un jour de novembre 1991, et au moment où il méditait, Phra Viriyang eut la vision d’une énorme forme de bloc de jade. Il informa aussitôt l’un de ses contacts canadiens qui, à son tour, contacta Kirk Makepeace, président de Jade West Resources Ltd, le plus grand producteur de jade néphrite de la Colombie Britannique au Canada. A la date correspondant à la vision de Phra Viriyang, Kirk Makepeace découvrit un bloc massif de 32 tonnes, approximativement à l’endroit où Phra Viriyang l’avait rêvé soit à dix mètres de profondeur d’une rivière et à 70 kilomètres de la mine de jade la plus proche. Dans la semaine, Phra Viriyang, accompagné de son disciple Chaiyot Sombuntham, partit pour le Canada pour inspecter le bloc qui venait d’y être découvert, il le trouva parfaitement adapté à ses aspirations. Le bloc, compte tenu de sa taille et de ses 32 tonnes, dut être transporté par mer jusqu’en Thaïlande, mettant un frein à l’enthousiasme de Phra Viriyang qui voulait l’emporter immédiatement en Thaïlande. Après la découverte du bloc de jade, Phra Viriyang vit son rêve se réaliser à moitié puisque chercher le jade nécessaire pour l’œuvre est une chose et trouver les sculpteurs capables de travailler sur cet énorme bloc en est une toute autre histoire. De retour à Bangkok, Phra Viriyang contacta son ami, le professeur Amnuay, membre de l’Université Silpakorn à Bangkok, afin de l’épauler dans la recherche d’un sculpteur à la hauteur du projet. Etant donné qu’en Thaïlande, les chances de trouver la personne, suffisamment qualifiée pour cette tâche, est plus que minime, son ami lui suggéra de voyager jusqu’en Italie, pays connu pour ses sculpteurs expérimentés et qualifiés pour des tâches similaires.
Accompagné du Professeur Amnuay, de Madame Raana et de Monsieur Ronachai Sombuntham, Phra Viriyang partit alors pour l’Italie, plus exactement à Carrare, ville connue mondialement pour le marbre qui porte son nom et ses sculpteurs. A leur arrivée à Carrare, l’université était fermée pour les vacances et les sculpteurs qu’on leur avait recommandés étaient introuvables. Ce n’est que la veille de leur retour en Thaïlande que Phra Viriyang rencontra, par une pure coïncidence, un vieil ami, Monsieur Troufix, qui l’emmena voir deux sculpteurs célèbres de Carrare, Ismail Zizi et Paolo Viaggi. Le jour suivant, les deux sculpteurs s’étaient engagés pour façonner le futur Bouddha de jade. La vue de deux individus, en train de sculpter un gigantesque bouddha, si loin de leurs cultures d’origine, a du faire froncer quelques sourcils. Etant donné que le jade est plus solide que le marbre, les deux sculpteurs, Zizi et Viaggi, se rendirent compte que les instruments qu’ils avaient ramenés d’Italie, nécessaires pour le travail du marbre, n’étaient pas suffisamment solides pour le jade. Heureusement, la Fabrique Royale de Marbre Thaïlandais leur procura, rapidement, des outils plus adaptés, ce qui leur permit de réduire le temps de découpe du jade brut initial, le faisant passer de près d’un an à… trois jours. Le Bouddha de jade fut alors achevé en 1994 et installé en même temps qu’une sculpture de Guanyin, « La déesse de la miséricorde», sculptée dans une section restante du bloc de jade initial, dans un bâtiment spécialement aménagé à cette intention. Le sculpteur Zizi a laissé plusieurs œuvres dans plusieurs régions d’Algérie. Il y réalisa de nombreuses statues monumentales dans différentes villes ainsi que des oeuvres pour le Musée National de l’histoire d’Algérie, avant de partir s’installer à Carrare en Italie. A Béjaïa ou à Aokas, le sculpteur Zizi laissa des œuvres qui continuent à fasciner plus d’un. Plusieurs de ces statues, à croire certains dires, ne sont pas encore achevées.
Reda Senoune