«Le développement durable ne saurait s’accommoder de programmes intuitifs»

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Le délégué au développement local auprès du ministère de l’Intérieur, a animé mardi dernier, à la maison de la Culture Taos Amrouche à Béjaïa, où il était en visite de travail depuis la veille, une conférence sur la gouvernance locale.

Etaient présents entre autres, le wali de Béjaïa, les élus APW, les directeurs de l’exécutif de wilaya, les P/APC et les représentants de la société civile. D’emblée, l’intervenant souligne que la «bonne gouvernance est une revendication de la société qu’il convient de satisfaire au plus vite». Il expliquera que la bonne gouvernance consiste à mobiliser les moyens de l’Etat les compétences disponibles dans la localité. Il ajoutera que le développement durable ne s’accommode pas des programmes intuitifs sans études scientifiques préalables. Il fait remarquer également que refaire les trottoirs n’est pas synonyme de développement durable pour la commune. Un développement authentique, indique le conférencier, doit obéir à un schéma d’aménagement et de développement durable de la wilaya, élaboré par un panel d’experts et d’universitaires soucieux du bien-être de leurs concitoyens. Les concepteurs du schéma d’aménagement sauront utiliser le foncier urbain à bon escient. En attendant son utilisation future adéquate, le patrimoine de la collectivité pourrait servir d’espace vert ou de terrain de loisir. Certains projets de développement auront à tenir compte des risques majeurs comme les inondations ou les tremblements de terre, d’autres auront un caractère régional comme la construction de barrages ou la gestion des bassins versants. L’intervention, donnée à la manière d’un cours magistral, a semblé pour certains, notamment pour les P/APC, trop théorique et loin des réalités du terrain. En effet, lorsque la parole leur a été donnée lors des débats, beaucoup ont exprimé les contraintes qu’ils rencontrent sur le terrain. Ils diront avec force que les citoyens n’ont plus confiances en l’Etat. Un P/APC dira qu’il a honte de circuler dans sa commune tant il n’a rien réalisé de ce qu’il a promis lors de sa campagne électorale, du fait qu’il ne dispose d’aucun pourvoir. C’est l’exécutif de wilaya qui gère tout, du lancement du projet jusqu’à sa réception définitive. C’est l’administration qui prend toutes les décisions et c’est le P/APC qui fait face aux contestations des citoyens. A titre d’exemple, concernant les chemins communaux, seuls 11 % des crédits demandés ont été accordés. Et le wali confirme ce chiffre. Certains P/APC ont également soulevé le problème des zones industrielles et zones d’activités où les investisseurs sont bloqués par l’administration. Abordant en fin de séance la pénétrante autoroutière, qui nécessitera des millions de mètres cubes de gravier, le wali se demande d’où est-ce qu’il pourra se fournir en ce matériau puisque pratiquement toutes les carrières d’agrégats sont fermées sous la pressions des habitants. Il a également fait remarquer que beaucoup d’entrepreneurs qui réalisent des projets de développement risquent de fuir la wilaya à causes de fermetures quasi-quotidiennes des principaux axes routiers de la wilaya.

B. Mouhoub

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