Nous demandons des comptes à nos aînés militants de la cause berbère

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Par Abdennour Abdesselam:

Le seul legs, que nous avons reçu de nos aînés, c’est une lutte permanente pour le recouvrement de notre identité berbère. Jusqu’à aujourd’hui, nous nous sommes lancés, corps et âme, dans cette lutte, longue et difficile, presque sans jamais observer attentivement le cheminement historique de cette lutte, engagée par d’autres militants avant nous. Il est vrai que l’urgence, pour nous, avait été de faire face aux nouveaux dangers d’extinction de notre langue et de notre culture. Nous avons mené un combat inégal avec les pouvoirs, mais nous avons tout de même fait avancer la cause. Mais, aujourd’hui, nous prenons notre temps pour regarder le passé avec perspicacité. C’est donc à juste titre que nous nous posons la question de savoir pourquoi nos aînés politiques n’ont pas engrangé d’avancées significatives sur le sujet. On comprend mal, aujourd’hui, que durant la période du PPA/MTLD, dans les années 40, et malgré une majorité écrasante de cadres berbérophones activant dans les structures de l’ancien parti nationaliste, la question berbère n’a pas enregistré d’avancée significative. En effet, deux cas édifiants méritent d’être, ici, rappelés et interprétés : Dans son livre intitulé « Mémoires d’un Combattant », Hocine Aït Ahmed déclare qu’en 1948, le PPA comptait en son sein 14 000 militants au niveau national, dont 10.000 étaient du district de la Kabylie. De plus, il est dit, également, que l’essentiel des fonds du parti provenait de cette même Kabylie. A la même période, la fédération de France du PPA, qui comptait 32 membres, a voté à une écrasante majorité de 28 voix, une motion introduite par Rachid Ali Yahya en faveur de la question berbère. Nous nous posons la question, légitime et lancinante aujourd’hui, de savoir comment et pourquoi avec une telle majorité au niveau national et dans l’émigration, et qui plus est avec des membres aussi influents, la question berbère n’a pas été résolue ? Si notre devoir a été de reprendre le flambeau de cette lutte, face à un pouvoir des plus hégémoniques, il n’en demeure pas moins que nous avons, également, le devoir de demander des comptes à nos aînés militants politiques. Cette réclamation n’a pour but que de mieux en comprendre les raisons et de nous instruire d’une telle invraisemblable vérité aussi navrante et désolante que déroutante

Abdennour Abdesselam

([email protected])

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